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Castagne : « J’ai voulu emmener ma copine à Venise, mais j’avais C3 »

Propos recueillis par Julien Duez
7 minutes
Castagne : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J&rsquo;ai voulu emmener ma copine à Venise, mais j&rsquo;avais C3<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Son patronyme évoque la bagarre et pourtant il n’a reçu qu’un seul carton rouge dans toute sa carrière. Pas encore titulaire indiscutable à l’Atalanta, Timothy Castagne, vingt-deux ans, savoure la dolce vita bergamasque et apprend à devenir un latéral complet avec Gasperini et Papu Gómez. En attendant peut-être un jour de devenir le back-up de Thomas Meunier, un Ardennais comme lui, chez les Diables.

On a assisté à un vibrant hommage à Davide Astori, ce week-end, sur toutes les pelouses de Serie A…J’ai ressenti une très grande émotion, notamment à travers les réactions de certains de mes coéquipiers qui le connaissaient bien. Ce n’était pas mon cas, mais j’ai pu voir à quel point il était respecté en Serie A et dans le foot italien. Je pense qu’annuler tous les matchs de la dernière journée était la bonne chose à faire.

Depuis le début de la saison, tu alternes entre le flanc droit et le flanc gauche. Quel est ton poste idéal ?Défenseur droit. Mais je peux aussi jouer à gauche et j’ai joué une grande partie de ma jeunesse dans l’axe, donc je peux dépanner en défense centrale si nécessaire, même si je n’ai plus vraiment le physique pour !

Qu’est-ce qui te manque pour devenir titulaire indiscutable dans l’effectif de Gian Piero Gasperini ?Je viens d’une défense à quatre et ici on joue à trois, donc il me faut encore améliorer mes qualités offensives, car je suis plus souvent amené à jouer en tant qu’ailier. Le fait de jouer plus haut, comme on l’exige des latéraux modernes, me force à travailler la dernière passe et la finition. Pour l’instant, mon jeu est encore très brut, mais je ne me fais pas de soucis : une saison comme la mienne en Serie A à seulement 22 ans, c’est déjà pas mal.

Vu ton profil, on serait tenté de te comparer à Thomas Meunier.C’est flatteur, mais on est quand même fort différents, surtout au niveau du positionnement. Thomas a reçu une formation offensive, ce qui se ressent sur le terrain, alors que je suis plus un vrai défenseur de métier. Mais si un jour, j’ai ses qualités en attaque, je serai très content !

Tu te vois le suppléer en équipe nationale, au poste de back droit ? Oui, je l’espère ! Je pensais déjà que ce serait le cas, mais je suis toujours avec les Espoirs, donc à moi d’être patient et de continuer à donner mon maximum en attendant.

Avec lui, ça fait deux anciens Virtonais qui évoluent dans des clubs du Big 5. Elle est où la recette ardennaise pour faire éclore des talents comme ça ? C’est une question de mentalité. À Virton, on m’a appris à tout le temps me battre et à travailler sans relâche. Parce qu’avoir du talent sans travailler, ça ne sert à rien. Mon papa avait déjà cette mentalité de bosseur et me l’a transmise. Je pense que c’est une philosophie qu’on retrouve dans la région et donc au club.

Qui sont les coéquipiers qui te font le plus progresser ?À l’entraînement, je suis toujours face à Papu Gómez et c’est génial parce que c’est quelqu’un avec qui on apprend énormément. Sinon, Andrea Masiello m’aide beaucoup en défense. C’est un homme d’expérience, assez discret, mais quand il prend la parole dans le vestiaire, tout le monde se tait et l’écoute.

Quels sont les matchs les plus difficiles que tu as joués jusqu’à présent ?(Il souffle) L’Inter et la Juve. Déjà parce que j’ai joué à gauche dans les deux cas, ce qui n’est pas évident de base. Et puis dans des stades pareils, on a forcément des papillons dans le ventre.

Tu sens que la confiance de Gasperini envers toi augmente avec le temps ?Oui, il voit progressivement quel genre de joueur je suis. Au début, je suis assez timide, j’ai un problème de confiance en moi et ça peut se voir sur le terrain. Mais depuis quelques semaines, je me lâche enfin. Ça ne sert à rien de forcer : plus je jouerai de matchs et plus je serai en confiance.

Tu as mentionné ta jeunesse. Comment se passe l’intégration quand on change de pays et de langue à un âge comme le tien ?Le plus difficile, c’est la langue. Mes années à Genk m’ont permis de parler le néerlandais, que je pratique avec Marten de Roon, Hans Hateboer et Robin Gosens. Et entre étrangers, on communique en anglais. Mais avec le staff, tout se fait en italien, il n’y a qu’un kiné qui parle un peu anglais. Sinon, l’éloignement familial n’est évidemment pas très facile, mais j’ai la chance d’avoir ma copine à mes côtés et mon père vit en Italie depuis deux ans pour des raisons professionnelles. Et puis j’ai longtemps vécu en internat et en famille d’accueil. Ça ne veut pas dire que c’est plus facile, mais en tout cas, ça rend la chose moins difficile.

Ton niveau d’italien ?Ça va, je réponds aux interviews en italien et j’ai même fait une télé sans interprète. Aujourd’hui, je prends des cours ponctuellement à la maison avec ma copine, mais les premiers mois, le club nous a imposé des leçons intensives. Ce n’est pas plus mal, car ça permet de mieux s’intégrer à son pays d’accueil. J’imagine des joueurs qui arrivent en France et ne parlent que l’anglais, c’est dommage.


Actuellement, l’Atalanta est 8e de Serie A et a terminé un honorable parcours en coupe nationale et en Ligue Europa. Vous vous sentez libérés d’un fardeau pour finir la saison ? Je ne pense pas qu’on se sente libérés. Tous les joueurs préfèrent faire des matchs que des entraînements. Certes, c’est agréable parce qu’on a plus de temps pour voir sa famille, mais je préférerais plutôt jouer un huitième de finale de Coupe d’Europe. En championnat, on veut la sixième place pour jouer à nouveau la Ligue Europa la saison prochaine, sinon notre très bon parcours n’aura servi à rien. L’Atalanta est une équipe qui monte en puissance, grâce à la touche tactique de Gasperini et à son école de jeunes. On sent que les dirigeants en veulent plus et c’est positif d’appartenir à une équipe qui va vers le haut.

Genk et Bergame sont connus pour leur public très engagé. C’est quelque chose qui compte pour toi, ce soutien indéfectible ?Absolument, mais c’est aussi le cas pour tous mes coéquipiers. À Bergame, le niveau est un cran au-dessus de Genk, parce que la ville entière nous soutient au quotidien, ils vivent pour le foot et on le ressent encore plus qu’en Belgique. Je me rappelle le match de Ligue Europa qu’on a joué à Dortmund, un club réputé pour son ambiance. Eh bien notre parcage était plein, ça représentait 8000 spectateurs et on a eu le sentiment de jouer à la maison.

Ça te plaît la vie à Bergame ? J’imagine que ça doit beaucoup changer du Limbourg.J’adore, on a Milan et la montagne qui sont à seulement trois quarts d’heure. Et puis si je veux emmener ma copine à Venise, il n’y a que deux heures de route. Malheureusement, on n’a pas pu y aller pour la Saint-Valentin parce qu’on jouait le lendemain à Dortmund en Ligue Europa. (Rires.)

Il paraît que tu es fan d’Arsenal, qu’est-ce qui te plaît tant dans cette équipe ?C’est exact, je le suis depuis que je suis tout petit, donc depuis la période de Thierry Henry. J’ai toujours aimé leur jeu dans les pieds, assez rapide, ainsi que leur propension à faire jouer les jeunes.

Jouer en Angleterre, c’est un objectif dans ta carrière ?Oui j’en rêve, mais l’Italie, c’est déjà un grand championnat. Je ne me voyais pas y aller quand j’étais à Genk, vu que le championnat belge est moins médiatisé que l’Angleterre ou l’Allemagne, mais après huit mois à l’Atalanta, je constate que le niveau est bien plus élevé qu’en Belgique. Je ne peux pas comparer avec la Premier League, mais je pense qu’on s’en rapproche. C’est une très bonne étape intermédiaire, d’autant que la Serie A est connue pour être un championnat très physique et tactique, ce qui est un avantage pour ma progression en tant que défenseur.

Parle-nous de ton talent secret : la sauce blanche maison.(Rires.) C’est fini, avant je ne savais cuisiner que ça, mais je me suis diversifié. Les restaurant locaux et le chef de l’Atalanta m’ont initié à la cuisine italienne et je comprends mieux pourquoi on en parle toujours aussi bien !

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Propos recueillis par Julien Duez

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