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Casseurs Flowters : « Pirlo a tellement de classe en stard-co »
Deux ans après le succès du Chant des Sirènes, le rappeur caennais Orelsan est de retour au sein du groupe des Casseurs Flowters, qu’il forme avec son acolyte de toujours Gringe. Le résultat ? Un style inimitable, un album délirant, où l’absurde et le régressif se côtoient joyeusement au rythme de punchlines jubilatoires. On a profité d’un showcase à Paris pour prendre de leurs nouvelles…
Pour commencer, est-ce que vous avez pu regarder le match France – Ukraine ?Gringe : Pfff, non, même pas. J’ai raté ça…Orelsan : Moi, je l’ai vu. Je me suis dépêché de rentrer pour ne pas louper le début. Et ça faisait longtemps que je n’avais pas vu un aussi bon match. C’était mortel, la France a fait un super match… Et puis j’avais annoncé le score !Gringe : Juste avant, on était au Before de Canal, et on nous avait demandé quel allait être le score… Moi, j’avais annoncé des buts contre-son-camp de Kirilenko. Je sais même pas s’il y a un joueur ukrainien qui s’appelle comme ça…
Orelsan : Moi, je répondais 3-0. C’était marrant, parce que tout la journée, on nous a demandé combien ça allait faire, et toute la journée, j’ai répondu 3-0. C’était optimiste… et finalement réaliste !
Orel, tu es au courant que ton morceau La Terre est ronde a fini 2e d’un sondage pour choisir la musique diffusée au retour des vestiaires, lors des matchs du Stade Malherbe ?
Orelsan : Ah non, je ne savais pas… C’est cool ! On a gardé une vraie fan base à Caen, et c’est super agréable de retourner jouer là-bas, on a l’impression d’évoluer à domicile… J’ai d’ailleurs été convié à la mi-temps d’un match pour chanter La Terre est ronde. L’histoire que l’on raconte dans l’album (ndlr : l’album des Casseurs Flowters raconte en 17 morceaux une journée de la vie des deux compères), elle se passe à Caen dans notre tête.
Est-ce que vous avez joué au foot, plus jeunes ?Orelsan : On fait partie d’une génération où tout le monde a plus ou moins joué au foot, étant gamin.Gringe : J’ai commencé le foot à 7 ou 8 ans et j’ai joué pendant plus de 10 piges, en tout. D’abord à Saintes, et puis à Cergy, au Cergy Pontoise FC. En arrivant à Caen, mon père m’a amené aux journées de détection organisées par le Stade Malherbe. Je me souviens que ça durait trois jours, et c’était Pascal Théault qui organisait tout ça… D’ailleurs, j’avais copiné avec Bernard Mendy, qui venait de région parisienne, lui aussi. Mais bon, je me suis vite rendu compte que, physiquement et tactiquement, les meilleurs étaient à un autre niveau. Je suis plus un joueur de « city stade » , en fait.
Orelsan : Encore aujourd’hui, il nous arrive souvent de jouer, en tournée… Sur les parkings à côté du tour bus. Et puis on a beaucoup joué à FIFA et PES.Gringe : Sur FIFA, Orel, c’est le seul mec que je connaisse qui arrive à mettre des corners rentrants !
Vous vous souvenez des premiers matchs auxquels vous avez assistés ?Orelsan : Mon premier match, c’était à Caen, contre Marseille. Et à l’OM, il y avait Waddle, Papin. C’était super !Gringe : Moi, c’était au Parc. Mais je ne me souviens plus de la première rencontre. C’était la grande époque du PSG, il y avait Raï, Valdo, Ginola… Mon équipe, ça a toujours été le PSG. À cette époque, j’avais un poster de Platini au-dessus de mon lit, et je remplissais mes albums Panini. Je me souviens qu’à l’époque, on était abonné à Onze Mondial, à la maison… Et j’étais trop fan de Joël Bats. Quand je jouais dans les cages, avec les copains, je me jetais dans tous les sens, comme lui…
Orelsan : Moi aussi, je faisais les albums Panini. Je me souviens, j’avais Valderrama en triple ! C’était l’époque où tous les joueurs avaient des coupes improbables… Mais le meilleur, c’était Rudi Völler, avec son mulet, là. J’avais écrit un truc à propos de ça, d’ailleurs, dans une chanson… « Tu vas finir avec la coupe de veuch’ de Rudi Völler » !
Gringe, tu en penses, quoi du PSG d’aujourd’hui ?Gringe : C’est un super club, évidemment. Je ne parle pas de la dimension politique, les Qataris, tout ça… Cet aspect m’échappe un peu, et je m’en fous. Par contre, les joueurs, ils me font rêver. Ibrahimović et Cavani, surtout, ils sont extraordinaires. Et puis Matuidi, le marathonien… Avec tous ces joueurs, tu te dis qu’ils peuvent avoir de vraies prétentions européennes, et qu’elles sont légitimes.Orelsan : Ah, Ibra, il a trop de punchlines. J’avais lu dans un SoFootcette déclaration, où il dit que ce qu’un autre mec fait un ballon, lui, il le fait avec une orange. C’est excellent !
Orel, tu suis encore les résultats du Stade Malherbe ?Orelsan : Oui, enfin, j’essaie de me tenir au courant de loin. Ils ont dû remonter à la 4e ou 5e place, là, après avoir battu Auxerre 2-0, non ?
Ah non, ils gagnaient 2-0 au bout d’une demi-heure, mais ils ont fini par s’incliner 3-2…Orelsan : Nooon ? Ils ont perdu ? Oh la vache ! J’ai vu 2-0 sur Twitter, j’ai cru que c’était le score final. Ah bah du coup, ils sont toujours 8es, alors ?
Vous avez dû rencontrer beaucoup de footballeurs pendant votre longue tournée… ?Orelsan : Ouais, on en a vu pas mal, mais on ne les reconnaît jamais.Gringe : On n’est pas du tout physionomistes. On voit des mecs, on se les montre du doigt, et on ne retrouve jamais leur nom. L’autre jour, on était à la soirée de lancement FIFA 14, et il y avait plein de footballeurs, on n’arrivait jamais à poser un nom sur un visage.
Quels sont les joueurs que vous appréciez, aujourd’hui ?Gringe : J’adore le petit Brésilien, Neymar. Ce qu’il fait avec le ballon, c’est complètement fou… J’aime bien El Shaarawy, aussi, le mec a un volume de jeu monstrueux, vu son âge. Et puis Pirlo. Pirlo, c’est trop la classe. J’ai vu l’article que SoFoot lui a consacré il y a quelques mois, le mec reçoit chez lui, il est en stard-co, tellement classe, pfff…
En fait, Gringe, grâce à cet album, toi, le mec qui distribuait les ballons au milieu de terrain, tu te glisses en pointe à côté d’Orel, non ?Gringe : Ah, t’es gentil, de me positionner au milieu de terrain. Moi, je me voyais plutôt sur le banc, à jouer les matchs de CFA 2 le dimanche.Orelsan : En fait, avec cet album, on a simplement fait ce dont on avait envie. J’ai pris l’habitude de faire ce qui me plaisait, et là, on a ressenti l’envie de faire cet album. On a commencé à rassembler des morceaux, on ne savait pas quelle forme ça prendrait, si ça finirait en mixtape ou en CD. Et puis finalement, alors qu’aujourd’hui il y a de plus en plus de singles, on a eu envie de cet album, qui raconte une histoire. C’est devenu assez rare.
Parmi les morceaux figurant sur l’album, il y a cette chanson Les Putes et moi, et bizarrement, vous ne parlez pas de footballeurs…
(rires) Gringe : Non, c’est vrai. Je n’y avais même pas pensé…Orelsan : De toute façon, c’est devenu tellement cliché, l’assimilation entre les footballeurs et les putes, il valait mieux éviter. Zahia, j’ai fini par l’apprécier, quand les vannes à son sujet ont commencé à ne plus être drôles…Gringe : Au départ, il devait figurer sur l’album une chanson qui s’appelle Le joueur de foot.
Orelsan : En fait, on parlait d’un pote à nous, qui kiffe une meuf trop bien pour lui, tu vois, une esthéticienne/mannequin, et le refrain, c’était « De toute façon, elle va finir avec un joueur de foot » . Mais bon, on a fini par la jeter, parce que la chanson n’était pas assez bonne…
Un prono sur le Ballon d’or ?Gringe : Ouhla, c’est de la politique, le Ballon d’or… Je dirais bien Ribéry.Orelsan : Pour ça, faut demander à mon frère… Clém’ ! Qui c’est qui va être Ballon d’or ?Son frère, un peu plus loin : CR7 ! Gringe : Ce sera pas Ribéry ?Orelsan : Cristiano Ronaldo ! Et tu diras pas qu’on me l’a soufflé !
Propos recueillis par Julien Mahieu