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Cassano, Toni, Gilardino et l’appel de Rio
Sous les belles couleurs de Parme, du Hellas Vérone et du Genoa, les légendaires Antonio Cassano, Luca Toni et Alberto Gilardino frappent très fort cette saison. Pour que Prandelli les emmène à Rio, les trois briscards semblent prêts à tout défier, de l'âge à la raison. Cela tombe bien, ils seront minutieusement observés ce weekend, puisqu'ils jouent contre les trois rayées, respectivement le Milan, l'Inter et la Juve.
La Serie A a toujours été une terre d’attaquants. Des grands buteurs, des petits dribbleurs, des attaquants complets. Il y en a pour tous les goûts. À trois mois de la compétition, Cesare Prandelli semble avoir réservé les places de Balotelli, Osvaldo et Cerci, ainsi que celle de Pepito Rossi en cas de retour in extremis (prévu pour mai). Il y a donc encore de la place. Cette saison, la jeunesse italienne semblait prête à prendre le pouvoir : Ciro Immobile, Manolo Gabbiadini, Mattia Destro, Domenico Berardi… Et pourtant, les trajectoires de Cassano, Toni et Gilardino semblent encore plus convaincantes, encore plus déterminées. L’appel de la fin de carrière, peut-être. Mais surtout l’appel de Rio ! Le Brésil, sa chaleur, ses plages, ses femmes et ses buteurs. À défaut d’être véritablement le pays du football, le Brésil est bien le pays du but. De quoi pousser des attaquants accomplis à tout donner, à nouveau, comme s’ils avaient encore tout à prouver.
Et si Antonio Cassano (re)devenait une évidence ?
« Dans ma carrière, je pense que j’ai dû faire 10% des efforts que mon père avait fait. » Questionné sur le métier d’entraîneur, Roberto Donadoni se dit heureux. On ne peut s’empêcher de faire le lien avec Antonio Cassano, son joueur à Parme, qui a certainement fait bien moins de 10% des efforts de ses coéquipiers pour en arriver là. Là, c’est une saison à 9 buts et 5 passes décisives. C’est un poste de leader offensif d’une équipe invaincue depuis le 2 novembre (défaite 1-0 contre la Juve) qui pointe à la sixième place de Serie A. C’est aussi beaucoup de rêves, de dribbles fantasques et de gestes réalisés avec cette facilité déconcertante. Un Fantantonio en forme, tout simplement.
En juin dernier, après une saison complète pour les couleurs qu’il supporte depuis tout petit, à l’Inter, Mazzarri ne le voit pas s’adapter à son pressing. Passer de la générosité athlétique de Cavani au talent gras de Cassano ? Certainement pas pour Walter. Le Pibe di Bari est mis à la porte, c’est-à-dire sombrement échangé contre Belfodil. On croit à une fin de parcours. À tort. En quelques semaines, Cassano perd sept kilos et arrive plus motivé que jamais en Émilie-Romagne. Lui qui a croisé Prandelli à la Roma le temps de deux mois en 2004, lui qui était titulaire à l’Euro 2012, lui qui sait déséquilibrer n’importe quelle ligne défensive, a quelques raisons d’y croire. En partant du principe qu’un Cassano à haut niveau est « une offre que vous ne pouvez pas refuser » , tout dépendra de son niveau jusqu’à juin. Après son dernier match, Donadoni semblait convaincu : « Je connais Prandelli, et je connais sa manière de raisonner. Si Cassano joue de cette façon et fait ce qu’il fait en ce moment, c’est difficile de ne pas le prendre en compte. »
Le retour surprise du géant Luca Toni
Quatre ans. Cela fait quatre ans qu’il est plus ou moins admis que Luca Toni est un jeune retraité. Depuis son départ du Bayern, en fait. Après l’Allemagne, Toni fait le tour de la Botte pour donner des coups de main (et de tête) : la Roma de Ranieri, le Genoa, la Juventus et enfin la Fiorentina la saison passée. Entre-temps, il y a aussi eu cette inévitable pige à Dubaï. Ainsi, en toute logique, au moment où le géant Toni signe au Hellas, son seizième club, personne ne peut prévoir la suite : 23 matchs de Serie A, 13 buts et 7 assists. La tête et les épaules. En bonus, le Hellas Vérone flirte avec l’Europe.
Concrètement, l’option Toni serait celle de la différence. Une espèce animale d’attaquant unique, injouable dans les airs à 25, 30, 35 et certainement 40 ans, capable de bousculer n’importe quel défenseur. Prandelli le connaît bien : entre 2005 et 2007, Toni a marqué 47 buts pour sa Fiorentina en Serie A. Quand la finesse de Rossi et Balotelli ne suffiront pas, le bélier Toni fera son entrée pour bousculer l’équilibre du match, et celui de la défense rivale. La puissance, certes, mais aussi les déplacements et les remises. Prandelli trouvera-t-il la place pour un tel joker ?
Alberto Gilardino, un clin d’œil et des buts
Gila ne fait pas tourner la tête comme Cassano et ne mesure pas 1m96 comme Luca Toni. Mais Gila semble déjà faire partie du groupe de Prandelli. Le 6 septembre dernier, l’Italie joue sa qualification contre la Bulgarie à Palerme. Balotelli et Osvaldo sont indisponibles. Gila est propulsé titulaire, dans une sorte de test ultime. Examen réussi avec mention : il marque le seul but du match et envoie son pays au Brésil. Voilà ce qu’est Alberto Gilardino : un homme qui sait marquer des buts, et ce peu importent le système, l’action ou les joueurs qui l’entourent. Le meilleur joueur italien de Serie A de la saison 2005 avec Parme, passé par le Milan, la Fiorentina et Bologne, a choisi le port de Gênes pour s’exporter, les yeux rivés sur le Brésil.
Quelques mois et 12 buts plus tard, le billet est acheté, et il ne suffit plus que de le composter. Après avoir partagé la route de Prandelli lors du voyage européen de la Viola en 2010, mais également à Parme entre 2002 et 2004, Gila n’a que 31 ans et déjà 171 buts marqués en championnat italien. La vigueur et l’expérience pour être l’assurance tous risques que Prandelli n’a jamais eu avec Balotelli et Osvaldo. Et puis, le violoniste a l’immense chance d’être né le jour du célébrissime triplé de Paolo Rossi contre le Brésil en 1982. Un 5 juillet synonyme d’essence du football italien et de défaite brésilienne. Avec Gilardino à Rio, l’histoire s’écrirait toute seule.
Par Markus Kaufmann
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