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Cassano ne sait pas s’arrêter
Revenu à la Sampdoria la saison dernière histoire de terminer proprement sa carrière, Antonio Cassano s’est engueulé cet été avec son président, Massimo Ferrero, et se retrouve tricard dans son club de cœur. À trente-quatre ans passés, Antonio a trouvé le moyen de tout foutre en l'air. Une fois de plus.
Comme souvent avec lui, tout avait pourtant si bien commencé. Ce dimanche 9 août 2015, Antonio Cassano est resplendissant, heureux comme un gosse le jour de Noël d’effectuer son retour à la Sampdoria, le club où il était parvenu à renaître de ses cendres après une expérience lamentable au Real Madrid. Quelques mois plus tard, début janvier, l’Italien s’est même efficacement fondu dans le collectif des Blucerchiati, osant même postuler une présence dans le groupe de la Nazionale pour l’Euro en France, après s’être fendu d’une prestation magistrale lors du derby de Gênes. Puis, la belle histoire prend une tournure plus sombre. La Samp enchaîne les contre-performances et devient candidate à une descente en Serie B. Et Antonio, sur les nerfs, pète les plombs. Encore. Fantantonio en vient aux mains avec son collègue et gardien de but, Christian Puggioni. Un incident minimisé par sa direction et ses coéquipiers, mais qui condamne Cassano à perdre sa place dans le onze type pour une bonne partie du reste de la saison.
Banni du groupe pro
Seulement, avec Antonio Cassano, les étincelles se transforment rapidement en brasier incandescent. Moins décisif et virevoltant que dans ses jeunes années, mais toujours aussi incontrôlable, Cassano n’entre plus à l’été 2016 dans les plans de la direction de la Samp, comme dans ceux du nouvel entraîneur Marco Giampaolo. Du coup, le président génois Massimo Ferrero s’active pour trouver un point de chute convenable à son numéro 99. Rapidement, le club d’Entella, une formation de la province de Gênes qui évolue en Serie B, se montre intéressé. Mais Cassano n’en fait qu’à sa tête. Peu importe qu’on le menace de le retirer de l’équipe première pour le faire jouer avec la réserve. À Gênes, l’attaquant est revenu à la maison, où il peut jouer pour le seul club dont il est « follement amoureux » . Et compte bien y rester, coûte que coûte : « J’aime la Samp et les gens affiliés au club… Je suis dans l’équipe que j’aime, je suis chez moi. Je suis heureux d’être ici et je n’ai aucune raison de partir, j’ai fait beaucoup pour revenir et je ne vois pas pour quelle raison ça devrait changer. Je peux rester et ne pas jouer, c’est leur problème. »
Malheureusement pour Antonio, Massimo Ferrero, à la tête du club depuis 2014, est au moins aussi fantasque et caractériel que lui et n’hésite ainsi pas à descendre son joueur dans les médias : « Cassano n’est pas quelqu’un d’intelligent. J’étais prêt à lui payer l’intégralité de son salaire s’il était allé à Entella. Il aurait pu finir sa carrière sur une bonne note, peut-être même en les amenant en Serie A. Je lui ai parlé deux fois… Il a fini par me donner sa parole qu’il s’en irait, mais il ne l’a pas fait. Dommage pour lui. » Bilan : Cassano ne fait tout simplement pas partie de la liste des vingt-cinq joueurs choisis par la Sampdoria pour évoluer en Serie A cette saison. Et est longtemps contraint de s’entraîner seul, comme un pestiféré, avant d’être enfin autorisé à prendre part aux exercices de la Primavera début septembre.
L’incorrigible
Ce que semblent avoir oublié Massimo Ferrero et la direction de la Samp, c’est que s’il y a une constante dans la carrière d’Antonio Cassano, c’est bien cette jouissance improbable qu’il semble éprouver à s’autodétruire. Les écarts de conduite innombrables de Cassano, ses fameuses Cassanate, sont pourtant bien connus : viré de la Roma en 2006 après avoir été jugé complètement ingérable par Luciano Spalletti qui n’hésite pas à le décrire comme « son plus gros échec » , Cassano se brouille sérieusement avec Fabio Capello lors de son passage éclair au Real Madrid, avant de renaître à la Sampdoria de 2007 à 2011… Puis de retomber dans ses travers en insultant le président de la Samp de l’époque, Riccardo Garrone, de « vieux de merde » , une sortie qui lui vaudra d’être licencié quelques mois plus tard. Malgré une énième résurrection au Milan, à l’Inter puis à Parme et un Euro 2012 remarquable, où il forme avec Mario Balotelli l’un des duos les plus tarés de l’histoire de la Nazionale, Antonio n’a donc fait que renouer avec ses bonnes vieilles habitudes en se mettant à dos la direction de son club. Et va peut-être se voir contraint de faire ses valises au prochain mercato hivernal, si l’on en croit le technicien de la Sampdoria, Marco Giampaolo : « La situation est en stand-by, et le restera au moins jusqu’en janvier. C’est en tout cas ce que m’a expliqué la direction. »
Malgré le temps, malgré les expériences accumulées, Antonio Cassano n’a finalement jamais vraiment changé. Et serait, qui sait, peut-être même capable de retourner sa veste, pour renaître une dernière fois en s’autorisant une ultime expérience dans un autre club de Serie A. Même si, à trente-quatre ans, il semble plus que jamais au bout du chemin tortueux et imprévisible qu’il n’a jamais cessé d’arpenter.
Par Adrien Candau