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Casemiro, un tank dans l’inconnu
Personne ne l'avait pressenti, mais Casemiro vient bel et bien de délaisser son statut de titulaire indiscutable au Real Madrid pour s'engager dans un Manchester United dans la tourmente. Un choix fort et osé, qui résume finalement assez bien le personnage.
Il était arrivé sur la pointe des pieds en 2013 à Madrid pour une somme dérisoire de six millions d’euros qui peut faire sourire aujourd’hui, et personne ne s’attendait – pas même lui, sans doute – à ce qu’il devienne une légende d’une si grande institution. Presque une décennie plus tard, Casemiro a fait le choix de quitter définitivement la Maison Blanche en laissant derrière lui un héritage lourd (cinq Ligues des champions et trois Liga remportées à son actif) et une étiquette de vaillant soldat toujours prêt à rendre de fiers services lorsque le niveau s’élève. La trentaine atteinte en février dernier, le Brésilien se lance ainsi un nouveau challenge : celui de découvrir la Premier League, un championnat qui lui sied à merveille sur le papier. Mais la mission ne s’annonce pas aisée puisque « le Tank » a fait le pari couillu de poser ses bagages dans un Manchester United au fond du trou, déjà lanterne rouge de Premier League après deux journées et qui ne sait pas vraiment de quoi ses lendemains seront faits.
Nouvelle page au Real
C’est un transfert que personne n’avait réellement vu venir. Une rumeur, apparue au cours de la semaine, disait d’abord que les Red Devils étaient prêts à poser une somme mirobolante pour la sentinelle du Real Madrid. Puis, la presse espagnole a annoncé quelques heures plus tard qu’une visite médicale était déjà prévue pour le joueur en Angleterre. Et c’est Carlo Ancelotti qui a finalement clos le débat en conférence de presse ce vendredi, confirmant le départ de son joueur avec une pointe d’amertume : « L’ensemble du Real Madrid a beaucoup de respect pour lui. Quand Casemiro demande à essayer un nouveau défi, nous devons le comprendre, nous devons l’accepter avec le plus grand respect et la plus grande affection. Sur le plan personnel, quand on est avec une personne aussi gentille et professionnelle pendant si longtemps, on n’est pas heureux, mais le respect prévaut. »
What a journey! @Casemiro pic.twitter.com/zlFSq7WACw
— Luka Modrić (@lukamodric10) August 19, 2022
Avant de s’aventurer dans le futur, et laisser sous-entendre qu’aucun joueur ne devrait le remplacer numériquement d’ici la fin du mercato : « Tchouaméni est l’un des meilleurs milieux de terrain à ce poste, il y a aussi l’option Toni Kroos comme lors de ma deuxième année ici. Nous avons Camavinga, qui a joué l’année dernière, mais nous ne pouvons pas remplacer un joueur ayant les caractéristiques de Casemiro. » En rajoutant Modrić, Ceballos et Valverde à cette liste, le Real conserve de nombreuses options pour son entrejeu. Il devrait, aussi, compter beaucoup plus sur ses Français que ce qui était prévu. Mais en acceptant de vendre son milieu auriverde, les Merengues confirment bel et bien une volonté de tourner la page du triplé 2016-2017-2018 en Ligue des champions. Après avoir perdu Bale, Marcelo et donc Casemiro le même été (en plus d’avoir déjà laissé filer Ronaldo, Varane et Ramos auparavant), il leur reste désormais à confirmer que l’adage « On ne change pas une équipe qui gagne » est obsolète.
Démonter l’hypothèse du panic buy
Côté Manchester United, l’heure est plutôt aux questionnements. Les Red Devils avaient-ils ciblé Casemiro depuis longtemps, ou s’agit-il d’un panic buy qui pourrait quelque peu éteindre l’incendie dans lequel se trouve le club actuellement ? Est-ce un joueur véritablement capable de rétablir à lui seul l’équilibre d’une équipe qui paraît déjà totalement désorganisée, après seulement deux journées de championnat ? D’autant que les sommes avancées n’ont rien de très rassurant. Poser près de 85 millions sur la table à quelques jours de la fin du mercato pour un joueur de 30 ans, aussi efficace soit-il, peut interroger. Pour Casemiro, en revanche, l’affaire salariale est magnifique (le Brésilien devrait doubler ses émoluments) et le challenge total : prouver qu’il n’est pas le joueur d’un seul club et qu’il est en mesure de régner sur la Premier League comme il le faisait en Liga, même si le collectif dans lequel il débarque sera sans doute moins huilé que celui où il vient de passer neuf ans de sa vie. À trois mois du début du Mondial, sortir de sa zone de confort pour signer dans une équipe en perdition a tout du choix culotté par excellence. Comme si cette décision était l’énième confirmation que ce garçon est doté d’un caractère hors norme, et qu’il n’a sans doute pas fini de surprendre.
Par Alexandre Lejeune