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Casemiro, le monstre de Rafa
Intraitable en défense depuis le début de la saison, le Real Madrid s'est mué en forteresse pour presque tous ses concurrents. Tourelle de contrôle du nouveau milieu de terrain madrilène, Casemiro est le symbole de l'imperméabilité actuelle des Blancos.
Au milieu de Luís Figo, Roberto Carlos et Patrick Kluivert, Christian Karembeu affiche un large sourire. Nous sommes le 18 septembre 2015 à Madrid, la Ligue de football espagnole est en plein aménagement pour une campagne promotionnelle afin de renforcer l’image de la Liga à l’échelon international. De son côté, le champion du monde 1998 a surtout la tête au club qui l’a vu briller pendant trois années : le Real Madrid. Interrogé par Marca sur les performances actuelles de son ancienne équipe, le Kanak tranche au moment de choisir son joueur favori chez les Merengues. « En ce moment, j’aime beaucoup Casemiro. C’est un milieu de terrain très fort et je crois qu’il va devenir une pièce importante dans cette équipe. » Des mots simples, rattachés à cette similarité des postes occupés par les deux hommes dans leur carrière d’une part, mais aussi à de vraies performances de patron d’une autre. Parce que depuis le début de saison, plus personne ne doute du fait que Casemiro s’impose en pion inamovible de l’échiquier imposé par Rafa Benítez.
Monsieur efficacité
Comment un joueur non utilisé par Mourinho et prêté à Porto la saison suivante peut-il avoir autant d’importance au Real cette saison ? Déjà, cela est dû à la nouvelle philosophie de jeu du coach, véritable accroc de la rigueur tactique. Parmi ses règles d’or, l’entraîneur ibérique reste impassible sur la présence d’un milieu défensif au sein de son onze. C’était le cas à Valence, avec David Albelda, puis à Liverpool, avec Javier Mascherano, durant sa courte période à l’Inter Milan avec Esteban Cambiasso, puis dans ses années napolitaines avec Gökhan Inler. Pas question de changer avec le Real, donc. Quitte même à se faire des ennemis, pointant du doigt une supposée frilosité offensive. Khedira parti à la Juve, Benítez pioche dans les options alternatives pour trouver son bonheur. Casemiro revient de son prêt au FC Porto après avoir racheté son option d’achat de 7,5 millions d’euros. « Il faut s’adapter, régler les problèmes du système et chercher un équilibre dans la phase défensive pour progresser en phase offensive, expliquait Rafa dès son arrivée en conférence de presse, trois jours avant la décision de conserver Casemiro. Je veux un Real qui attaque et marque des buts. » Benítez veut soigner le mal à la racine, et ça fonctionne. L’an passé, le Real Madrid d’Ancelotti avait encaissé la bagatelle de 13 buts en onze matchs. Cette année, c’est seulement 2 buts avec le même nombre de rencontres. L’attaque ? 30 buts marqués pour Ancelotti, contre 24 pour Benítez. Moins offensif certes, mais plus efficace. Logique implacable.
Ensuite, l’apport de Casimero permet au collectif madrilène de gagner en qualité : Toni Kroos, reculé en numéro 6 sous le règne d’Ancelotti, peut désormais se projeter davantage vers l’avant. Quand on se souvient des qualités offensives de l’Allemand lors du Brésil-Allemagne de 2014, la plus-value est immense. Placer un milieu défensif devant la défense, c’est aussi posséder cinq joueurs sur onze à vocation défensive, et donc se replier de façon plus rapide afin de couper les tentatives de contre. Moins rapide que le Real mercredi dernier, le Paris Saint-Germain peut d’ailleurs en témoigner, tant l’activité du Brésilien avait gêné la construction adverse initiée par Thiago Motta ou Marco Verratti. D’ailleurs, l’ex-Paulista est aussi capable de créer des fautes au moment opportun. Là encore, ce n’est pas très esthétique, mais c’est efficace.
Victime du Mou
Du haut de ses 23 ans, Casemiro peut à présent se positionner comme un excellent moyen de stabiliser le Real Madrid, voire l’équipe nationale du Brésil, où Dunga est aussi bien placé pour savoir qu’un homme capable de casser le jeu peut servir. Membre de la Casa Blanca depuis maintenant trois ans, Casemiro n’avait pourtant pas eu les faveurs de ses premiers employeurs madrilènes. En pleine crise de confiance, le Real recrute le milieu de terrain en janvier 2013 pour le faire débuter en prêt sous les couleurs madrilènes. Cependant, Mourinho ne le fera jamais jouer durant cette période. La raison ? De mauvaises relations avec son homologue de l’équipe B, Alberto Toril. « Il est autonome, mais nous utilisons un système de jeu différent, expliquait le Mou. La Castilla joue différemment. Nous avons trop peu de terrain d’entente dans le style de jeu, et les jeunes en paient le prix fort. » Concerné par la situation, Casemiro aura finalement trouvé chaussure à son pied avec Rafa Benítez. Comme quoi, la patience est bien la plus grande des vertus.
Par Antoine Donnarieix