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Casanova : « Des objectifs de jeu plutôt que des objectifs de points »
La saison nouvelle approche et Alain Casanova est toujours là au TFC, aux manettes d'une équipe qu'il construit depuis 2008. Un mandat d'une autre époque où long terme rime avec jeunesse, où patience rime avec milieu de tableau. La hype ? Les trophées ? On verra ça plus tard.
Comment se passe la reprise ? Pour le moment, je suis plutôt satisfait. Notre jeu se met progressivement en place. Lors des premières rencontres, on a joué avec énormément de jeunes en essayant de bien répartir les temps de jeu. On est un club formateur ! Chaque année, notre centre de formation complète notre effectif avec cinq ou six jeunes qui sont avec nous à l’entraînement tous les jours. Sur l’ensemble, sur ce que je vois dans les intentions, les attitudes, les comportements, je suis satisfait.
Tactiquement, vous repartez avec le 3-5-2 de la fin de saison dernière ? Oui, on met tout en œuvre pour. On veut utiliser ce système tout en se réservant le droit de revenir à notre 4-3-3 ponctuellement. Le 3-5-2, je l’avais en tête depuis un bon moment. Plus je voyais l’évolution de notre jeu, plus je voyais des choses qui ne me convenaient pas, aussi bien sur le plan défensif que sur le plan offensif. J’avais envie d’apporter un peu de nouveauté, et surtout éviter de tomber dans la routine car il y a beaucoup de joueurs qui sont là depuis le début. Il fallait se renouveler.
Quels sont les avantages et inconvénients de ce système ? Je peux pas tout dire… Disons qu’on a envie, sur le plan offensif, d’avoir un meilleur contrôle sur le match et d’être plus efficace. Et ce système peut nous aider, car il nous apporte cette présence supplémentaire à l’approche du but. En retour, il nous demande une excellente coordination entre les lignes, et des nouvelles attitudes qu’on ne maîtrise pas encore forcément. Il nous permet aussi de défendre beaucoup plus haut. On est toujours à la recherche d’équilibre, on travaille là-dessus.
Vos deux attaquants seront donc Ben Yedder et Ben Basat ? Oui, je pense qu’ils sont très complémentaires, avec des profils différents. Ben Basat, même s’il peut jouer en appui, est un joueur de rupture, capable d’avoir une grande qualité d’appel, de démarquage alors que Ben Yedder, lui, joue très bien en appui, a une super première touche de balle, et est donc capable de faire jouer les autres, de donner des dernière passes. Les deux ont envie de jouer ensemble, la complicité se crée et c’est bon pour nous.
Un mot sur les recrues, Mihai Roman, Uroš Spajić et Óscar Trejo ? Spajić est un jeune de 20 ans qui a une très très grande marge de progression. Il a des qualités athlétiques, des grosses qualités de vitesse, d’engagement, de détente, mais il doit encore beaucoup progresser avec nous sur le plan technique et tactique. Roman, c’est plutôt l’inverse, il est expérimenté. C’est un joueur de couloir qui a une grande facilité pour éliminer, qui sait donner la dernière passe, et tire très bien les coups de pied arrêtés. Il manque de puissance, mais il compense par son jeu sans ballon. Óscar Trejo est un milieu de terrain offensif, il est très fort sur sa première touche, sait sortir vite de la pression, et a un gros volume de jeu.
Il pourrait donc remplacer Rabiot ? Oui, tout à fait.
Adrien Rabiot, vous espérez encore le voir rester ? On aurait souhaité faire une année de plus avec lui, oui. Le PSG va décider s’il le prête, et s’il le prête, Adrien et son entourage décideront où. Nous, on aimerait bien le garder une année supplémentaire.
Où en sont les joueurs dont on parle ailleurs qu’à Toulouse, Abdennour et Capoue ? Aymen Abdennour est intransférable à moins d’une offre qu’on ne puisse pas refuser. Étienne Capoue a un bon de sortie, mais il faut qu’il y ait des propositions et qu’elles correspondent à ce qu’en attend le président.
Quelles sont les ambitions du club pour cette nouvelle saison : continuer de former, continuer d’être ce club stable qu’est le TFC actuellement et essayer d’enfin être performant en coupe ? Mon objectif, notre objectif, c’est la pérennité du club au plus haut niveau ! Chaque année, le championnat devient de plus en plus difficile. Devant, il y a deux clubs : le PSG et Monaco, et derrière il y a beaucoup d’équipes qui essaient de se renforcer pour terminer champion du deuxième groupe. Je dirais qu’on souhaite faire mieux que la saison passée. Mais plutôt que des objectifs points précis, on a des objectifs de jeu.
La saison dernière terminée à la 10e place vous a-t-elle satisfait ?L’équipe a connu un énorme passage à vide début 2013 alors qu’elle avait vraiment bien démarré… Oui, on peut toujours être déçu, mais on est un club jeune, il faut bien se dire qu’on a la moyenne d’âge la plus basse de la Ligue 1, et qu’on travaille avec un effectif réduit parce qu’on compte sur les jeunes pour remplacer les pros. Du coup, on peut connaître des coups de moins bien, c’est vrai. En revanche, sur le plan du jeu, on a progressé. Il nous a manqué quoi ? Six ou sept points pour être bien, mais au fond, il nous a surtout manqué de la confiance et maturité. Or la jeunesse, il faut lui laisser le temps de gagner cette maturité.
Comment vous vivez le fait d’être l’un des plus anciens coachs de Ligue 1 en place ?Je pense être un privilégié ! Je travaille sur un projet de long terme, avec une vraie philosophie de jeu, et je prends du plaisir en travaillant avec des gens qui sont dans le même état d’esprit que moi.
Comment, avec du recul, vous évaluez votre travail sur la durée ? Quand vous voyez que Toulouse sort des jeunes, et figure dans le top 20 européen en terme de possession de balle derrière Chelsea et la Roma, ça doit vous faire plaisir ?Oui, ça casse l’image négative qui nous était collée à la peau depuis nos débuts. Lors de ma première année, on avait un jeu basé sur la récupération, c’est vrai. Je voulais qu’on soit solides derrière. On sortait d’une saison difficile, et on avait un joueur de contre-attaque extraordinaire, André-Pierre Gignac. On a désormais un jeu basé sur la possession, avec la recherche d’une très bonne tenue du ballon et une efficacité sur le plan offensif. On progresse et on est sur le bon chemin.
Une pétition a été lancée sur internet pour faire signer Trezeguet au TFC… Ben Basat, c’est vraiment plus fort que Trezeguet ? Oui, aujourd’hui… Au même âge, Trezeguet était l’un des meilleurs attaquants du monde. Aujourd’hui, il a 35 ans et sort d’une saison très difficile où il a peu joué et peu marqué… On veut faire confiance à nos joueurs. Les coups médiatiques, c’est pas notre truc.
Propos recueillis par Antoine Mestres