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Carlos Bianchi bat Delio Onnis 5-4 !
Le 25 mai 1974, Carlos Bianchi et Delio Onnis profitaient d'un Reims-Monaco pour s'affronter. Résultat : cinq buts pour l'un, quatre pour l'autre, et une victoire finale 8-4 pour les Rémois.
Ça y est, Carlos Bianchi peut enfin souffler. On joue la 87e minute, et l’attaquant argentin vient de mettre fin à un duel épique. En transformant son penalty, il porte le score à 8-4 pour le Stade de Reims face à l’AS Monaco. Mais l’essentiel est ailleurs. Le score n’a que peu d’importance à ses yeux. Car le match est plié depuis un bon bout de temps. À l’heure de jeu, Reims menait 5-1. Et pourtant, Carlos Bianchi, déjà auteur d’un doublé, a réussi à se trouver un nouveau défi. Celui de vaincre Delio Onnis, l’autre goleador argentin du championnat de France. En trente minutes, Bianchi et Onnis se sont rendu coup pour coup. Mais grâce à ce penalty, c’est bien Bianchi qui remporte le duel puisqu’il trompe la vigilance de Christian Montès pour la cinquième fois du match. En face, Onnis est parvenu à marquer « seulement » quatre petits pions. Petit joueur.
Les statistiques pour Bianchi, le maintien pour Onnis
Quelques mois plus tôt, Delio Onnis a décidé de mettre un terme à son aventure avec le Stade de Reims pour rejoindre la ville qui l’a fait craquer : Monaco. Du coup, les Rémois se mettent en quête d’une nouvelle machine à marquer. Ce sera Carlos Bianchi, côtoyé par les plus grands clubs européens comme le Real Madrid ou le FC Barcelone.
En effet, l’attaquant de Vélez a donné sa parole et tient à la respecter. La mayonnaise prend tout de suite et au moment d’affronter Monaco pour la dernière journée du championnat, les Rémois n’ont qu’une chose en tête : valider cette alchimie en permettant à Bianchi de finir meilleur buteur, quitte à complètement laisser tomber l’idée de défendre. « J’avais le titre de meilleur buteur en tête. Je le jouais à fond. Ce classement importait beaucoup pour moi, donc je voulais marquer le plus possible » , explique Carlos Bianchi. Objectif atteint, puisque son quintuplé lui permet de franchir la barre symbolique des 30 buts dès sa première saison en France, et de dépasser Marc Berdoll, le buteur d’Angers. Le titre de meilleur buteur est à lui.
En face, Delio Onnis et les Monégasques arrivent à Reims avec un petit peu plus de pression. Promus l’année précédente en première division, ils risquent de retourner aussi sec d’où ils viennent. Avant d’affronter les Rémois, les hommes de Ruben Bravo ne comptent que deux points d’avance sur Nancy, le premier relégable. « À cette époque, on pouvait obtenir un point de bonus offensif si l’on marquait au moins trois buts » , se souvient Bianchi. Grâce à une bien meilleure différence de buts et sachant qu’une victoire ne rapporte que deux points, il suffit d’un point aux Monégasques pour se sauver mathématiquement.
Vu la physionomie du début de match, les coéquipiers de Delio Onnis comprennent bien qu’il sera impossible d’accrocher le match nul. Du coup, ils se mettent en quête de ce fameux bonus offensif, quitte, eux aussi, à complètement laisser tomber l’idée de défendre. Là aussi, objectif atteint, puisque le quadruplé de Delio Onnis permet au club de décrocher un point malgré la lourde défaite.
Cruel pour Nancy
Au stade Marcel-Picot, c’est la stupeur. Il est 22h25, et le speaker délivre la terrible nouvelle. Nancy descend en deuxième division. Le coup de froid est terrible, puisque tout le monde, joueurs, dirigeants et supporters, fait la fête depuis quelques minutes, croyant que l’ASNL a fait le boulot en l’emportant 3-1 contre Lyon. Victoire et bonus offensif, cela aurait dû suffire, sachant que Monaco était mené 3-1 à la mi-temps. Eh bien non. Rapidement, on suspecte un arrangement entre Argentins. Si Monaco, entraîné par l’Argentin Ruben Bravo, laissait Carlos Bianchi décrocher le titre de meilleur buteur, Reims laissait Delio Onnis décrocher le bonus offensif.
Claude Cuny, le président de l’ASNL, saisit même la commission sportive : « Je ne jette la suspicion sur aucun dirigeant. Je me refuse à croire que des matchs aient pu être arrangés délibérément, avant le coup d’envoi. Je dis, et je ne pense pas me tromper beaucoup, que l’esprit du jeu a été bafoué, que le match de Reims a tourné à la rigolade. Nous en sommes les victimes, cela aurait pu arriver à d’autres » , expliquait-il à L’Équipe. Finalement, le résultat sera bien sûr homologué. Ironie du sort, c’était Claude Cuny qui s’était battu pour l’entrée en vigueur du bonus offensif…
Par Kévin Charnay