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Carlo Ancelotti, plus indémodable que jamais
À 64 ans, Carlo Ancelotti continue de (se) régaler et d’empiler les trophées au Real Madrid, avec des joueurs qui pourraient presque être ses petits-enfants. Pour tenter d’aller chercher sa cinquième Ligue des champions, il ne lui reste qu’à franchir l’obstacle Bayern Munich, un club qui se trouve dans l’état d’esprit inverse du sien.
C’est bien connu, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Cela ne signifie pas pour autant que Carlo Ancelotti est un vieux pot, on pourrait plutôt parler d’un vieux pote, du moins en observant la relation qui l’unit à ses joueurs, aux antipodes de celle de Thomas Tuchel avec le vestiaire du Bayern Munich. En tout cas, la soupe servie par son Real Madrid est excellente et, après avoir déjà remporté la Liga édition 2023-2024, les Merengues sont en ballottage favorable face aux Bavarois pour tenter de décrocher une quinzième coupe aux grandes oreilles sur la pelouse de Wembley le 1er juin prochain.
Combler le fossé intergénérationnel
Même si, côté banc de touche, les regards ont tendance à être tournés vers les entraîneurs de la génération X (Roberto De Zerbi, Julian Nagelsmann ou encore Xabi Alonso), Carlo Ancelotti, malgré ses 64 ans, ne passe toujours pas pour un ringard. Près de 20 ans après avoir remporté sa première Ligue des champions avec l’AC Milan, l’Italien qui en a depuis accumulé trois de plus, semble revivre depuis deux ans du côté du Real, après deux passages en demi-teinte à Naples et Everton, deux passages qui auraient pu amorcer son chant du cygne. Il n’en est pourtant rien, Ancelotti disposant toujours de la plus grande qualité requise pour un entraîneur de la Casa Blanca : celle du gestionnaire d’egos. Malgré le départ de Karim Benzema, malgré la cascade de blessures au cours de la saison, Don Carlo ne semble avoir aucun mal à maintenir son navire à flot, quitte à opérer des changements de postes contre lesquels ses joueurs ne trouvent rien à redire, au nom d’un intérêt commun dont leur coach se fait le garant. Dernier exemple en date : la confirmation qu’Andriy Lunin disputera la demie retour face au Bayern, et ce, malgré le retour de blessure de Thibaut Courtois, titularisé le week-end dernier contre Cadix.
« Notre plus grande force, c’est qu’Ancelotti nous permet de jouer librement, analysait Jude Bellingham, devenu le métronome du XI madrilène cette année, au micro de TNT Sports après la qualification du Real en demi-finales aux dépens de Manchester City. En tant qu’homme, Carlo vous remplit de confiance et de sérénité. Avant le match, je l’ai surpris en train de bailler et je lui ai demandé : “Boss, vous êtes fatigué ?” Il m’a répondu oui et qu’il fallait que je le réveille sur le terrain. C’est ça la confiance et la sérénité qu’il apporte. »
L’institution dans l’instruction
Au-delà de la boutade, Ancelotti est tout sauf fatigué. Son statut de vétéran ne l’empêche pas de continuer d’avoir les mêmes objectifs qu’un jeune loup aux dents longues : « La motivation est toujours grande parce que j’aime ce que je fais, et j’aime l’endroit où je suis. De plus, j’aime mon équipe et mes joueurs. C’est ça qui me motive, philosophait-il en février dernier, avant le huitième de finale de C1 face au RB Leipzig. Pour nous, pour tous les Madrilènes, la Ligue des champions est la compétition la plus importante parce que c’est là que ce club a connu le plus de succès. »
Et si le succès se confirme encore cette année, cela signifiera que Kylian Mbappé aura échoué à remporter la C1 au moment de quitter Paris. Mais qu’il se rassure, en cas de signature au Real Madrid, il aura un point commun avec son futur coach qui, en décembre dernier, a finalement décliné le poste de sélectionneur du Brésil pour continuer l’aventure espagnole jusqu’en 2026 : à Carlo Ancelotti non plus on ne parle pas d’âge. « La question de la vieillesse est la même que celle de la jeunesse. Si un footballeur fait l’affaire, il n’y a pas besoin de regarder son passeport, justifiait-il l’an dernier en conférence de presse. Un joueur de 16 ans et qui fait le job devra jouer, contrairement à un joueur de 17 ans qui n’est pas à la hauteur. Pour un joueur de 35, 36 ou 37 ans, c’est la même chose. Il faut évaluer ce qui se passe sur le terrain au quotidien, c’est notre travail. L’âge ne peut pas être un facteur de décision. » Comme quoi, tout est et reste une question d’équilibre. Et Carlo Ancelotti est la preuve que le succès dépend du degré d’acceptation de cette règle d’or.
Par Julien Duez