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Carlo Ancelotti, le grand bleu
Carlo Ancelotti remplace donc Maurizio Sarri au poste d'entraîneur du Napoli. Un joli coup de la part d'Aurelio De Laurentiis, et surtout un sacré projet avec le Scudetto en ligne de mire.
Il était donc écrit que l’avenir de Carlo Ancelotti serait bleu. Après la débâcle de la Nazionale en novembre dernier, son nom semblait tout indiqué pour qu’il soit le nouveau guide de l’équipe d’Italie. Carlo a pris le temps de la réflexion. Il a temporisé. Du bleu, d’accord. Mais lequel ? Lui en avait un autre en tête. Un bleu un peu plus clair. En sous-marin, Aurelio De Laurentiis, le président napolitain, s’est activé pour entamer les négociations. Tout cela pendant que Maurizio Sarri bataillait pour tenter de ramener le Scudetto à Naples. En vain. Une fois le championnat terminé et le rêve envolé, ADL est donc passé à la vitesse supérieure. L’accord a finalement été trouvé dans un restaurant à Rome, mardi soir. Carlo a dit oui à l’azzurro napolitain. Sarri, lui, attend un signal d’autres Bleus, ceux de Chelsea.
Le beau jeu face au pragmatisme
Ce choix d’Ancelotti tranche résolument avec le reste de sa carrière. Depuis qu’il a quitté Parme en 1998, il s’est toujours engagé avec ce qui se faisait de mieux à l’instant T. D’abord la Juventus, club le plus titré d’Italie, puis l’AC Milan, qu’on ne présente plus, avant de s’engager dans les plus grands top clubs de chaque pays : le nouveau PSG qatari, le Real Madrid, et le Bayern Munich. Partout – hormis à la Juventus – il a gagné. Des titres de champion, des Coupes, des Ligue des champions. Parce qu’il est dans l’ADN de tous ces clubs de gagner. Choisir Naples est donc un message fort envoyé par le coach italien. Selon le Corriere dello Sport, son entourage lui aurait même « déconseillé d’accepter le challenge proposé par De Laurentiis » . Parce que la cohabitation avec le sulfureux président partenopeo est visiblement compliquée. Faut-il alors rappeler qu’Ancelotti a gagné en travaillant sous la houlette de Silvio Berlusconi, Florentino Pérez et Roman Abramovich ?
Choix étonnant aussi parce que ce Napoli est, depuis trois ans, tout l’inverse de ce qu’est Ancelotti. C’est le beau jeu face au pragmatisme, la folie face à la sagesse, et, n’en déplaise aux tifosi napoletani, la lose magnifique face à la gagne. La vraie. Une statistique pour le résumer : au cours de ses 92 années d’existence, le Napoli a remporté 10 trophées. Carlo, lui, en a déjà accumulé 19 rien que depuis le début de sa carrière d’entraîneur, en 1995.
Inscrire son nom
Ancelotti a donc décidé de s’assumer. D’assumer ses envies personnelles. L’Italie toute entière le réclamait sur le banc de la Nazionale. C’était d’ailleurs le choix de la raison. Celui vers lequel ses proches l’ont poussé. Mais Carlo a suivi sa volonté. Celle de venir gagner à Naples. Celle de venir briser l’hégémonie de la Juventus, dont le règne a débuté en 2011, soit deux ans après qu’il avait quitté l’Italie. Celle, encore, d’inscrire son nom dans une histoire qui retient surtout celui de Diego Maradona. À tel point que le grand public a oublié le nom des entraîneurs qui ont remporté le Scudetto à Naples (Bianchi et Bigon, N.D.L.R.), tant Diego a cannibalisé toute l’attention et toutes les louanges.
Vidal, Balotelli et David Luiz
Pour Naples, c’est évidemment un tournant. Le départ de Sarri et probablement celui de Marek Hamšík vers la Chine sont les signes qu’une page se tourne. Au niveau du jeu, au niveau de l’équipe, au niveau de la façon d’être perçu par les autres. Carlo va ramener avec lui du lourd. C’est sûr. Signer un coach d’une telle envergure (qui aura des exigences à la hauteur de cette envergure) est l’assurance de s’acheter un banc de touche, chose qui a cruellement manqué au Napoli cette année.
En Italie, on parle déjà de Mario Balotelli, d’Arturo Vidal, de Karim Benzema, de David Luiz. Partout où il est passé, Ancelotti a conservé des liens forts avec ses joueurs, et nombreux sont ceux qui voudraient le suivre dans cette nouvelle aventure. Le peuple napolitain pensait certainement que le train du Scudetto était passé, et que, si l’équipe n’était pas parvenue à triompher malgré 91 points (!), elle ne gagnerait plus jamais. L’arrivée d’Ancelotti change tout. Elle mélange les cartes et les redistribue. Elle donne de nouveaux horaires au train du Scudetto. Un train bleu, évidemment.
Par Éric Maggiori