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Carlo Ancelotti et la tentation brésilienne
Annoncé comme futur sélectionneur du Brésil, Carlo Ancelotti semble prêt à affronter un nouveau défi. Sous quelles conditions ?
« Cette étape à Madrid clôturera ma carrière. Après les Blancos, je vais prendre ma retraite. Le Real Madrid est le sommet du football. Il est logique de mettre le mot “fin” après cette expérience. » Confortablement installé dans son bureau de Valdebebas, Carlo Ancelotti répondait sans broncher à la question fatidique de Stefano Boldrini d’Il Messaggero : à quand la retraite ? Le Mister rentrait alors d’Helsinki, où le Real Madrid s’était adjugé sa cinquième Supercoupe d’Europe, pour entamer sa quatrième, et donc dernière année, sur un banc de touche. Oui mais voilà, l’adrénaline du terrain aidant, « Carletto » a fini par se raviser. Au point de vouloir prolonger le plaisir. Dans ses émissions de vendredi, Globo Esporte annonçait ainsi la signature d’un accord de principe entre la fédération brésilienne (CBF) et Ancelotti. Un revirement de situation étonnant, mais intéressant à long terme.
Du neuf avec de l’expérience
Après 28 ans dans la routine quotidienne d’un club, Carlo Ancelotti s’apprêterait donc à tout plaquer, pour reprendre du service en sélection. Une fonction qu’il aura connue entre 1992 et 1995, en qualité d’adjoint d’Arrigo Sacchi avec la Nazionale. Finaliste de la Coupe du monde 1994, celui qui commençait son aventure derrière la ligne de touche décidait en effet de prendre de la distance avec le football international, quelque peu affecté par cet échec en World Cup. Deux décennies plus tard, le temps a donc fait son travail, et voilà « Carletto » prêt à rejoindre son ancien bourreau brésilien.
Un contrat de trois ans étalé à juillet 2026 a ainsi été proposé au technicien, emballé par l’offre. Pour autant, derrière l’enthousiasme ambiant, quelques interrogations subsistent. En ce qui concerne les finances, d’abord. Sous contrat avec le Real Madrid jusqu’en 2024, Carlo Ancelotti doit en effet négocier son départ avec Florentino Pérez. Au point, certainement, de renoncer à son indemnité, puisque Ednaldo Rodrigues, président de la CBF, est attendu à Madrid dans les prochains jours pour discuter avec son homologue de la Maison-Blanche. Pérez souhaiterait à ce titre trouver un successeur, avant d’entériner cette potentielle rupture contractuelle. Vient ensuite le prisme personnel. Car si le Transalpin amène avec lui des garanties de meneur d’homme, qu’en sera-t-il de sa capacité à dynamiser un groupe encore meurtri par son élimination prématurée en quarts de finale du dernier Mondial ? L’appui de ses protégés auriverdes en club apporterait, dès lors, les garanties manquantes. Favorisé par une proximité certaine avec Vinícius Júnior, Rodrygo, Éder Militão et Casemiro, Ancelotti s’est donc naturellement laissé convaincre.
Zidane dans le sillage
Miser sur un entraîneur approchant les 64 ans, pour une sélection en quête de souffle nouveau, peut légitimement sembler forcé. Mais en élargissant la focale, l’aubaine paraît trop belle pour la CBF. Il faut dire qu’en dépit d’une Copa América remportée à domicile en 2019, le Brésil n’a jamais su se défaire de cette image de « perdant programmé », accolée depuis près de dix ans, et le passage mitigé de Tite. Les refus de Pep Guardiola, José Mourinho ou Leonardo Jardim, ajoutés aux seules candidatures de Jorge Jesus et Abel Ferreira, confirment d’ailleurs cette légère baisse d’intérêt pour la Seleção. Et ouvrent la voie à un véritable jeu de chaises musicales, entre Madrid et Rio de Janeiro, dont le dernier bénéficiaire se nommerait Zinédine Zidane. Prétendant parmi les prétendants pour prendre le contrôle une troisième fois de son Real Madrid, ZZ a désormais le chemin libre. Un principe d’échange équivalent fonctionnel et propre aux Merengues, auquel Florentino Pérez ne serait pas réticent comme l’annoncent les médias espagnols. En attendant, les différentes parties – la fédération brésilienne en tête – ont évidemment démenti ce nouveau long feuilleton. Mais pour combien de temps ?
Par Adel Bentaha