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Carla : « J’aimerais retrouver l’Irlandais à qui j’ai fait la bise »
À 19 ans, Carla Roméra est devenue malgré elle une des stars de l'Euro. Grâce aux supporters irlandais, évidemment, qui lui ont chanté leur amour, et dont la vidéo comptabilise des millions de vues. Rencontre avec une jeune fille dont le téléphone vibre en permanence.
Comment as-tu découvert que la vidéo de toi avec tous ces Irlandais s’est propagée sur Internet ?Ce sont des copines qui m’ont taguée dessus. La première fois que je l’ai regardée, il y avait déjà 400 000 vues. J’ai halluciné, bien sûr. C’est complètement disproportionné.
Cette vidéo a été plus vue que la plupart des buts inscrits pendant l’Euro. Qu’est-ce que cela te fait d’être une des stars de la compétition ?La star, c’est le public irlandais. Je suis sur la vidéo parce que c’est à moi qu’ils ont décidé de faire cela. Et puis, ils n’ont pas fait que ça. La vidéo dans laquelle ils chantent une berceuse à un bébé dans le tram m’a touchée.
Le Daily Mail a envoyé un journaliste à Bordeaux uniquement pour te trouver. En lisant ça, tu n’as pas paniqué ?
J’étais un peu surprise de lire qu’un homme était ici rien que pour moi, oui. Surtout que je ne savais pas du tout que le phénomène avait pris une telle ampleur. Cela me gêne un peu, et en même temps, comme tout cela est virtuel, je ne réalise pas. Facebook, Instagram, ce n’est pas la vraie vie.
Tu es pourtant très active sur les réseaux sociaux…Oui, j’aime bien Instagram. Et puis aujourd’hui (le 21 juin), j’ai gagné 10 000 abonnés. J’ai également des milliers de demandes d’ajout sur Facebook, et je reçois énormément de mails et quelques coups de téléphone. Ça, je ne comprends pas. Comment ont-ils trouvé mon adresse e-mail et mon numéro ? Et les gens me reconnaissent dans la rue.
Tu es royannaise, qu’est-ce qui t’a amenée à Bordeaux ?Mon copain de l’époque, qui était bordelais. Il m’a larguée dix jours avant que j’arrive, mais finalement, je me suis quand même installée ici. Et je ne le regrette pas, c’est une ville super sympa.
Comment tu t’es retrouvée avec tous ces Irlandais en train de chanter pour toi, le 17 juin dernier ?J’étais avec des potes qui ont proposé qu’on aille boire un verre au Connemara (un gros pub irlandais situé dans le centre de Bordeaux, ndlr), vers 17h30, en sortant du lycée.
Au début, je n’étais pas très chaude, je voulais rentrer chez moi, au calme. Et puis bon, finalement, c’était le week-end… On ne se doutait pas qu’il y aurait autant de monde, on n’est pas fans de foot. D’ailleurs, quand on est arrivés, il n’y avait pas tant de monde que ça, juste quelques personnes qui regardaient un match à la télé. Mais le temps qu’on prenne un verre, le bar s’est rempli. Et quand on est sortis, des Irlandais ont commencé à vouloir se prendre en photo avec moi. Ça m’amusait, donc je ne refusais pas. C’était « fun » . Il y a eu de plus en plus de monde, jusqu’à ce que les Irlandais m’encerclent et se mettent à chanter pour moi.
À ce moment-là, tu réagis comment ?Lorsqu’ils ont commencé, j’étais surprise, je ne savais pas où me mettre. Après, ça allait, j’ai même sorti mon téléphone pour filmer. Je me suis dit : « Ça, faut que je le garde » .
À la fin de la vidéo, tu fais un bisou sur la joue d’un Irlandais. C’était une manière pour toi de trouver une porte de sortie ?Non, ils me demandaient de choisir quelqu’un à qui faire un bisou, et je trouvais ça « fun » . Il y en avait un devant moi qui était mignon, du coup je suis allé vers lui, mais je lui ai dit : « Pas sur la bouche ! »
Parce que tu savais que tu étais filmée, et que ton copain pouvait tomber dessus ?Non, juste par principe.
Comment a réagi ton copain, qui vit loin de Bordeaux, en découvrant la vidéo ?
Ça l’a fait rire. Et puis, il a bien vu que l’Irlandais a tourné la tête. Et je pense qu’il est un peu fier, il m’envoie les liens vers les articles qui parlent de moi. Je ne l’ai pas vu depuis que toute cette histoire a éclaté, mais je crois qu’ils parlent pas mal de moi dans le vestiaire de son équipe de rugby.
Il n’est pas jaloux ?Il me fait confiance. Et puis il prend ça à la rigolade, et c’est très bien comme ça.
Tu l’as rencontré comment, ce demi d’ouverture ?Sur Instagram. Il me plaisait, sans que je fantasme sur les rugbymen, même s’il a forcément une belle carrure.
Tu as l’habitude de te faire draguer dans la rue ?Ça m’arrive, mais pas à ce point-là.
Depuis le début de l’Euro, d’autres supporters ont tenté leur chance avec toi ?
Ceux en rouge, oui. Les Belges, il me semble. Mais cela n’avait rien à voir avec les Irlandais. Les Irlandais étaient partout, tout le temps en train de sourire… Les Belges n’étaient pas agressifs, mais ils se contentaient de balancer une remarque sur mon physique. Je ne faisais pas trop attention, parce que j’ai toujours mes écouteurs sur les oreilles.
Qu’est-ce que tu savais de l’Irlande, avant cet épisode ?Rien. Mais maintenant, j’ai forcément un a priori très favorable sur ce pays et ses habitants.
Tu aimerais retrouver l’Irlandais à qui tu as fait une bise ?Cela m’amuserait, oui. En revanche, je ne sais rien de lui. Mais si quelqu’un arrive à le retrouver pour moi, c’est super.
Du côté de tes camarades de classe, quelles ont été les réactions ?Elles n’ont pas toutes été positives.
Surtout de la part des filles, qui me disent que c’est parce que j’ai posté des photos de moi à poil sur Instagram. Alors que ce sont des photos artistiques, hein, ce n’est pas vulgaire. Et c’est encore moins du porno. Mais je ne prends pas en compte les critiques méchantes, je ne garde que le positif. Les garçons sont plus cool, ils me félicitent alors que je n’ai rien fait, j’étais juste là. Et il y a aussi tous les gens qui ne me donnaient plus de nouvelles depuis des années qui reviennent vers moi. Eux, je ne leur réponds pas.
Tu as une petite carrière de mannequin ?Je prends la pose à mes heures perdues, oui. Mais ce n’est pas professionnel du tout, même s’il arrive qu’on m’offre les fringues que je porte sur les clichés.
C’est quelque chose dont tu aimerais vivre ?Peut-être, oui. Mais pour l’instant, je me concentre sur les études.
Justement, ce coup de projecteur fortuit pourrait t’aider à lancer une éventuelle carrière dans le mannequinat ?Oui, j’ai déjà reçu pas mal de propositions de la part de photographes, ou de marques de sportswear, depuis vendredi. S’il y a quelque chose de sérieux, je ne dirai pas non, autant en profiter.
Tu es également surfeuse ?Pas sérieusement. C’est un truc que je fais pour rigoler, avec des potes. Je suis surtout secouriste, je vais entamer ma deuxième saison le 24 juin, après avoir passé mon BNSSA (Brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique) l’année dernière. Je serai en poste à côté de Royan.
Propos recueillis par Maxime Brigand et Mathias Edwards