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- Nantes-Nice (1-2)
Cardoso, la tête sous l’eau
Encore battu à domicile contre Nice, Miguel Cardoso pourrait prochainement faire les frais des mauvais résultats du FC Nantes. Ainsi que de ses rapports avec l'effectif loin d'être parfaits.
Lui réclame du temps. Et c’est bien normal. Lorsqu’on débarque d’un pays étranger pour prendre en charge une équipe qu’on ne connaît pas dans un club bizarrement géré, les semaines (voire les mois) s’avèrent indispensables pour que les fruits poussent. Surtout quand on opte pour un football exigeant et offensif basé sur la possession de balle et le jeu au sol. Des caractéristiques que les Canaris ne connaissaient pas, ou si peu, la saison dernière, quand un certain Claudio Ranieri était encore le donneur d’ordres.
Sauf que le football moderne est aujourd’hui rythmé par l’urgence, dont la vitesse des aiguilles varient selon les résultats sportifs. Marcelo Bielsa en a fait les frais à Lille il y a un an. Actuellement, c’est à Nantes que ces aiguilles tournent à vive allure : après une nouvelle défaite en championnat contre Nice concédée mardi soir, le FCN pointe à la 18e place avec cinq petites unités en sept journées (alors qu’Amiens, un rang et un point derrière, n’a pas encore joué), n’a toujours pas gagné à domicile et n’a encore jamais ouvert le score (seule équipe française dans ce cas). Alors oui : dans l’esprit de Waldemar Kita, il y a effectivement urgence. Et comme toujours, l’entraîneur est en première ligne. Autrement dit, Miguel Cardoso pourrait prochainement sauter.
Entêté comme Bielsa ?
Outre ces statistiques plus que décevantes, la manière et les méthodes font également jaser. Si l’incorrigible Kita outrepasse certainement ses fonctions de président et n’aide pas son club en plaçant une pression de dingue sur les épaules de son technicien attiré cet été ( « C’est toujours difficile quand il y a des millions sur la touche, a-t-il balancé avant la rencontre face aux Aiglons en référence aux non-titularisations de Gabriel Boschilia et d’Anthony Limbombe, recrue la plus coûteuse de l’histoire des Canaris. On a des joueurs de qualité, on a beaucoup investi, ces joueurs doivent être sur le terrain » ), il n’a pas tout à fait tort quand il s’attable au comptoir pour parler tactique. « Jouer à la baballe, c’est bien, mais à un moment donné, il faut jouer au ballon, a ainsi lâché sur Canal Plus l’homme qui a consommé douze coachs depuis son arrivée en 2007.Il faut quand même aller au but pour pouvoir marquer. Faire des échanges tout le temps, ce n’est pas toujours très évident. »
Autrement dit, le boss demande à son coach de se calmer un peu sur ses espoirs de tiki-taka et de revenir à des bases tournées autour de la verticalité et de l’efficacité. Et ce, même si beaucoup – comme Christophe Galtier – estiment que les Jaune et Vert jouent bien. « Les coachs s’adaptent aux joueurs qu’ils ont. Tout le monde voudrait jouer comme le Barça, mais tu dois te conformer aux qualités de l’équipe, notait, comme une prophétie, Emiliano Sala dans les colonnes de So Foot Club alors qu’il n’avait pas encore fait connaissance avec la philosophie du successeur de Ranieri.C’est ça, un bon entraîneur : il arrive avec ses idées, son schéma, sa tactique, son expérience, et improvise ensuite avec l’effectif dont il dispose. » Improviser, Cardoso n’y arrive pour l’instant pas. Ou très peu. La faute peut-être, il est vrai, à un mercato durant lequel il a davantage subi les mouvement qu’il ne les a choisis.
Et avec les joueurs, ça donne quoi ?
Reste que le rectangle vert n’est pas le seul domaine où les choses ne se déroulent pas comme elles le devraient. Depuis le début de la collaboration, les relations avec les joueurs seraient mitigées. Dans une conférence de presse assez folle où il a parlé de « guerre en Ukraine » pour dédramatiser sa situation et sorti des métaphores dignes d’Éric Cantona ( « Ce n’est pas parce que la mer est difficile et que la tempête est dure pour les pêcheurs qu’ils ne sortent pas » ), Cardoso s’est défendu sur ce point-là : « J’ai lu que les joueurs n’étaient pas contents, ce n’est pas vrai, car je leur parle individuellement dans les yeux souvent, je sais qu’ils sont satisfaits. »
Langue de bois classique ou réelle sensation à laquelle le tacticien croit dur comme fer ? Toujours est-il que si l’on suit le poncif établissant qu’ « on joue comme on s’entraîne » , alors les marins du Portugais prennent peu de plaisir le week-end. Les entraînements du Lusitanien, considérés comme longs et répétitifs par certains, ne font en effet pas l’unanimité. La mise à l’écart de Nicolas Pallois, cadre du groupe en 2017-2018 (28 titularisations) et irréprochable sur la pelouse comme en dehors avant son altercation avec l’ancien de Rio Ave, non plus. Pour commenter cet incident de début de saison, Kita déclarait alors faire confiance à « un entraîneur intelligent » qui représentait « le patron » . Un mois plus tard, les termes ont changé de catégorie et les clés s’apprêtent sans doute à changer de main.
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