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Cardiff errant

Par Victor Le Grand
Cardiff errant

Ce dimanche, les irréductibles gallois du Cardiff City Football Club affrontent Liverpool en finale de la Carling Cup. Mais si les manuels de géographies disent vrai, que fabrique la capitale du Pays de Galles dans les petits papiers du football anglais ? Mis à part exporter ses dettes colossales, Aaron Ramsey et sa dégustation de couilles de moutons. Explications.

Au Pays de Galles, de l’ère de la vapeur à aujourd’hui, la pratique du cricket supplante outrageusement celle du football. La tenue, le casque et le sérieux protocolaire en plus. Crée en 1889 par le lithographe anglais Bartley Wilson, le club de foot de « Riverside » réunit à l’origine les jeunes de l’équipe de cricket de Cardiff pour leur assurer une activité physique pendant les mois d’hiver, période durant laquelle les battes sont aux placards. « Le cricket a été inventé pour endormir les colonies (britanniques et françaises, ndlr).C’est le seul sport au monde où tu passes cinq jours à boire du thé » , observe Sam Hammam, un ancien dirigeant. L’expérience est concluante. En 1907, deux ans après que le roi du Royaume Uni Edouard VII ait accordé à la ville la distinction de « cité » , le club obtient son statut professionnel. Et le nom rugissant de Cardiff Football Club.

« Si l’Angleterre ne fait rien, nous le ferons »

Avec cet éternel petit côté vintage, Cardiff empiète depuis plus d’un siècle sur les plates-bandes de l’Angleterre. Ils sont une petite dizaine dans cette situation. Une guerre de tranchée sportive dont les Bluesbirds sortent au final gagnants. Ils sont à ce jour les seuls « étrangers » à s’être imposés dans l’une très trois compétions anglaises. C’était en FA Cup, en 1927. Diffusée sur la BBC radio, cette finale victorieuse contre Arsenal (1-0) reste la plus écoutée et suivie de l’histoire de cette compétition. Tout un symbole.

À la question que personne ne se pose, la réponse est toute bête. Avant 1992, il n’existait pas de championnat de football professionnel au Pays de Galles ! Par la suite, malgré les efforts financiers fournis par l’UEFA depuis 20 ans, Cardiff et consorts refusent de mettre un pied dans leur championnat national. Trop faible sans doute. Pas assez prospère, sûrement. Passé la Manche, l’imbroglio est le même. En 1971, date de son dernier passage sur la scène européenne, Cardiff remporte la Coupe du Pays de Galles et se qualifie pour la Coupe des vainqueurs. Deux tournois d’une autre époque. « Si l’Angleterre ne fais rien, nous le ferons » . Par suite, Michel Platini tranche et met un terme à une énième polémique. En 2008, le président de l’UEFA soutient la proposition d’une wild card accordée à Cardiff en cas de qualification européenne. Une sorte de « passeport sportif » anglais, valable une année, renouvelable la suivante en cas de bons résultats. Avec le port haut et fier de la croix de saint Georges…

« Nous allons laisser une trace de sang d’ici à Tombouctou »

Le XXIe siècle sera celui de la Premier League, ou ne sera pas. Depuis une décennie, Cardiff est passé dans une autre dimension. Une sphère d’argent, de pitreries et de controverses. Ce roman tragi-comique connaît son plus beau chapitre avec Sam Hammam, homme d’affaires libanais, qui dès son arrivée, a fortement contribué à la dégradation de l’image du club. En 2011, le magazine britannique Four Four Two a même placé la ville parmi les 25 équipes de la planète les plus détestées de l’Histoire. Devant l’OM de Tapie. Derrière le Real Madrid de Franco. « Nous devons rester le bulldog anglais. Nous allons laisser une trace de sang d’ici à Tombouctou » , développe ce grand amoureux de tennis. Pour le journaliste sportif anglais Louis Massarella, le responsable n’est pas bien loin : « Pour avoir décrit son équipe comme le Barcelone de Galles, déployé toute son arrogance et pensé qu’aucune publicité n’était mauvaise, Hammam a détruit l’image de Cardiff, déjà bien écornée par la violence de ses supporters, comment dire, plutôt hostiles » .

Les critiques, Sam n’en n’a que faire. Il a la rhétorique facile et des bêtises plein la tête. En 2001, il achète pour une poignée de cerises le défenseur anglais Prior Spencer à Manchester City. Pour fêter dignement cette signature, le joueur doit « avoir une relation sexuelle avec un mouton ou manger ses testicules » . Consigne affichée en toutes lettres sur le site internet du club. Le nouvel arrivant ne choisira que la dégustation, cuites et non crues. « Bien sûr, il a le droit au citron, au sel et au persil ! » , ajoute son président, non sans humour. Un soir de match, Hammam paie même un joueur adverse pour qu’il se présente sur le pré en pantalon, en jean, et promet du même coup à ses « protégés » une sortie soporifique à l’opéra en cas de piètre prestation. Mais trop de farces tuent la connerie. Hammam n’a plus la niaque et préfère se séparer en 2006 d’un gouffre financier aujourd’hui encore endetté à hauteur de 35 millions d’euros. « La dette, c’est bon pour le football » , feint-il en 2006, au sortir de son procès que lui ont assigné ses successeurs. Il aurait maquillé les comptes du club à la revente. Comme si de rien n’était…

Un milliard de fortune personnelle

Débarrassé de son ayatollah, le club continue sa progression. Installé confortablement en Championship depuis dix ans, Cardiff se rapproche saison après saison de son objectif le plus avoué : la Premier League ! En 2007, Peter Ridsdale, successeur d’Hammam, lance l’artillerie lourde en virant 17 joueurs de son effectif, immédiatement compensé par les signatures de Robbie Fowler, Jimmy Floyd Hasselbaink et Tevoir Sinclair. Un marché tapageur qui porte ses fruits. Cardiff termine l’année 2008/2009 en septième position puis en quatrième les deux saisons suivantes.

Le dernier passage de Cardiff dans l’élite anglaise date de 1962. Célébrer à sa juste mesure ce cinquantième anniversaire, c’est ce qu’ambitionne le nouvel investisseur du club, le malaisien Chan Tien Ghee. Alors une fois n’est pas coutume, l’homme et son milliard d’euros de fortune personnelle ont tout chamboulé : l’Ecossais Malcolm Mackay au poste d’entraîneur, 10 nouveaux joueurs débarquent sous la forme de prêts, un département de sciences du sport est mis en place, dont le but est de connaître leur niveau de déshydratation permanent. Tout un programme. En attendant de revoir ses ambitions à la baisse, Cardiff, comme si de rien n’était, s’est hissé en finale de Carling Cup. Grâce à un tableau qui lui a été plutôt favorable – Oxford, Huddersfield Town, Leicester City, Burnley, Blackburn puis Crystal Palace – le cénacle gallois le plus populaire des années 1920 tentera de retrouver ce dimanche ses lettres de noblesse. Wembley est toujours debout, Liverpool éternellement rouge et l’hymne gallois – qui sera diffusé en avant-match – n’a pas bougé d’une note. Vintage, assurément.

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