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Capitaine Lahm
Si l’OM doit principalement craindre les joueurs offensifs du Bayern Munich, il ne faudra pas oublier que le danger peut venir de derrière également. Certes, Philipp Lahm ne sera pas aligné à son poste de prédilection, mais le capitaine saura montrer à sa manière toute sa détermination et son envie d’être dans son stade le 19 mai prochain. Si les Marseillais ne font pas gaffe, ils subiront les foudres du tueur à tête d’enfant.
Outre les cartons passés à l’Australie, l’Angleterre et l’Argentine, il est une autre image classe à retenir de l’épopée allemande lors du Mondial 2010. Celle de Philipp Lahm. A 3-0 à dix minutes de la fin du match face aux Argentins, le capitaine de la Mannschaft stoppe un adversaire dans la surface, le fait tomber, trouve le temps de remettre son brassard bien autour et relance, tranquille. Une image qui pourrait aisément symboliser le bonhomme: sang-froid, calme, sobriété. Sauf que les choses sont un peu plus compliquées que cela.
Ce brassard, à la base, il appartient à Michael Ballack. Le numéro 13 s’étant fait charcuter par Kevin-Prince Boateng (d’abord descendu en flammes par le pays qui l’a élevé, l’Allemagne, avant de se voir porter aux nues comme un sauveur de la nation un mois après), Joachim Löw décida de le confier à un cadre qui serait son image sur le terrain, à savoir élégant, intelligent et plein de bonnes intentions. C’est ainsi que le brassard échut à Philipp Lahm. Qui était prêt à le rendre, dans un premier temps; dans un second, sotenu par Löw, Lahm finira par le garder, et Ballack ne sera plus appelé. Celui qu’on appelle « Il Capitano » aura beau crier ça et là qu’on s’est foutu de sa gueule, plus personne ne veut l’entendre. Aujourd’hui, la Mannschaft est devenue sexy, et de nos jours, ce qui est sexy a raison (la plupart du temps).
Un double-capitaine à tête d’enfant
Depuis maintenant quarante ans, le capitaine de l’Allemagne est généralement le capitaine du Bayern. Cette double fonction, Philipp Lahm la remplit, comme Franz Beckenbauer, Karl-Heinz Rummenigge, Lothar Matthäus et Oliver Kahn avant lui. Mais là aussi, la transition ne s’est pas forcément faite dans la douceur. Bien sûr, en tant qu’enfant du pays et très au courant de ce qui se passe au Bayern, Philipp Lahm était naturellement vice-capitaine. Il l’est d’ailleurs devenu sous Louis van Gaal, quand Mark van Bommel est parti se faire un dernier petit kif au Milan avec des mecs aussi barrés que lui. « Je verrais bien Bastian Schweinsteiger me succéder » , avait d’ailleurs déclaré le Néerlandais à l’aube de cette saison. Mais non; Jupp Heynckes en a décidé autrement: ce ne sera pas le certes précieux (mais un peu gueulard sur les bords) Schweini, mais Philipp Lahm, alias le gentil petit élève, l’homme qui a trouvé le secret de la jeunesse éternelle.
Le droitier meilleur à gauche
Bon, après, faut pas déconner. Philipp Lahm, c’est avant tout un homme qui porte très mal son nom de famille (ça veut dire « faible » , « paralysé » , « éclopé » ). Oui, Lahm, c’est fort. Très fort, même. On s’imagine aisément Jerome Boateng et Holger Badstuber, qui le côtoient en club et en sélection, lui dire: « Capitaine Lahm, tu n’es pas de notre galaxie » . Et ils auraient raison. Bien sûr, le petit Philipp est bien plus expérimenté qu’eux, mais sauf que lui, il a toujours joué à un niveau élevé. Bien des clubs ont essayé de venir le chercher, mais lui est heureux à la Säbener Strasse. Et il fait encore plus d’envieux quand il joue sur son côté où il est le plus fort. Car Heynckes n’est pas fou, il a compris qu’il fallait remettre le droitier à gauche. Il savait que ses combinaisons avec Ribéry et sa capacité à pénétrer étaient primordiales dans le jeu du Bayern. Il l’a d’ailleurs montré tout au long de la saison, lui qui a disputé tous les matchs de son équipe en championnat jusqu’à présent.
Ces derniers temps, Rafinha étant blessé, Lahm a dû être décalé à droite. Une situation qui ne plaît pas à tous, apparemment. « Je ne suis pas fan de Lahm à droite, mais bon, il peut jouer tous les postes, sauf gardien, parce qu’il est trop petit » , ironise Franz Beckenbauer. A la vérité, à droite, à gauche, le numéro 21 du Bayern fait ce qu’on lui dit de faire, sans piper mot. Si Schweinsteiger est le rassembleur de troupes, Lahm, lui, veut être celui qui rassure. Il veut convaincre ses camarades que gagner tous ces titres (championnat, Coupe, Ligue des Champions, voire Euro, pour certains), ça le rendrait aussi heureux qu’un gamin qui ouvre la première fenêtre de son Adventskalendar. Mais attention, il y a dix ans, un homme s’est hissé en haut de plusieurs compétitions avant de se casser la gueule à la dernière marche. Cet homme, c’est Michael Ballack. Achtung, Herr Lahm: il se peut que votre brassard soit maudit.
Par Ali Farhat, à Bonn