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Cannavaro : «Ce Napoli est ambitieux»
Jean délavé, lunettes de soleil, boucle d'oreille, bonne gueule. Paolo Cannavaro n'est pas seulement un frère de, c'est aussi le Napolitain par excellence. Ça vaut bien une visite guidée du SSC Napoli avec son capitaine.
Tu es né à Naples et capitaine du Napoli, quand tu vas te coucher le soir, tu te rends compte de ce que tu as réalisé ?
Oui ! D’autant plus que Naples est une ville unique. Ici, ça ne marche pas comme dans les autres villes. A Naples, très peu de gens supportent d’autres équipes. Donc jouer le dimanche face à tous ces fans qui adulent le Napoli, c’est incroyable. Je me rappelle quand j’étais môme, l’ambiance des jours de match aux alentours du stade. C’était incroyable. Me retrouver dans cette équipe me procure un plaisir incroyable. Celui d’être capitaine est indescriptible. Le San Paolo a une réputation qui dépasse les frontières italiennes.
Qu’est-ce que tu ressens quand tu entres sur le terrain ?
La première chose que je fais en entrant sur le terrain, c’est regarder le public, bouche bée. Il faut que tu comprennes que pour les matches les moins intéressants, il y a au moins 35.000 personnes dans le stade, quand dans d’autres clubs, il n’y en aurait même pas 10.000. Je te laisse imaginer quand ils sont 50.000… Ce soutien et cette ferveur sont deux choses qui me touchent énormément.
Ta ville que tu aimes tant, tu l’as quittée en 1999, puis tu es revenu sept ans plus tard, en 2006. Pourquoi ces choix ?
Je suis parti parce que j’étais jeune et qu’à cette époque, le Napoli n’allait pas bien et était proche de la faillite. En tant que jeune, je devais privilégier ma carrière, trouver une équipe où je pouvais jouer. J’ai eu la chance d’atterrir à Parme, où j’ai pu grandir, où on te pardonne tes erreurs, le genre de truc important pour progresser. Puis j’ai eu la possibilité de choisir où aller lorsque Parme, à son tour, a eu des problèmes. J’aurais pu aller ailleurs, mais ce Napoli-là n’étais pas le même que lorsque je suis parti. Il était ambitieux. Le projet du président De Laurentiis était plaisant. D’abord retourner en Serie A, puis retrouver l’Europe, un projet qui tend encore à s’améliorer. Je suis très fier de faire partie de ce projet.
C’est grâce à ce projet que le président parvient à conserver des joueurs aussi courtisés que Lavezzi ou Hamsik ?
Conserver et attirer. Ils ont la chance d’avoir un club qui les chouchoute, qui les fait grandir et se sentir importants. Ça peut donner envie à d’autres joueurs de rejoindre le Napoli.
Une relation avec des supporters aussi passionnés doit être difficile à gérer…
Je ne dirais pas difficile. Lorsque le club marche bien, cette relation m’apporte beaucoup de satisfactions. Dans des moments un peu plus difficiles, comme nous en avons vécus, c’est vrai qu’il y a un peu plus de tension. Même si en ce moment, ils m’ont à la bonne, j’ai vécu des moments assez difficiles. A Naples, c’est dur de se faire aimer des supporters, il faut le mériter. Une fois que tu l’as obtenu, cet amour est extrêmement gratifiant.
Parlons un peu de la saison en cours. Qu’est-ce que ce Napoli-là a de plus que les autres équipes ?
La volonté. L’envie de gagner et de se donner à 100%. Je pense également que nous étonnons nos adversaires, qui ne nous attendaient pas à ce niveau.
En France, nous avons pas mal parlé du fameux « Mazzarri time », après les nombreux buts inscrits dans les arrêts de jeu. Ces buts sont-ils le fruit du hasard ou découlent-ils réellement d’une mentalité transmise par l’entraîneur ?
L’entraîneur nous dit toujours de jouer jusqu’à la fin et nous y arrivons, peu importe notre état de fatigue, car nous avons cette volonté de gagner. Quand certaines équipes se recroquevillent en défense pour conserver le match nul, nous, nous faisons ce qui est en notre possible pour arracher la victoire. Cette mentalité est chère à notre entraîneur.
Quel joueur t’impressionne le plus à Naples ?
Le jeu de Marek Hamsik me plait beaucoup. Il est très intelligent sur le terrain. Il n’a que 23 ans et pourtant, il joue comme s’il en avait 33 et ça, pour un jeune joueur, c’est impressionnant.
Et en Serie A ?
En Serie A, il y a beaucoup de bons joueurs. Mais là, si tu me poses la question, je te réponds Ibrahimovic.
Pour finir. La crête de Marek Hamsik sera-t-elle bleue à au mois de juin ? (L’international slovaque a promis de se teindre les cheveux en bleu si Naples remportait le Scudetto, ndlr).
(Rires) Si nous sommes champions, je la fais aussi !
Propos recueillis par Swann Borsellino et Eric Maggiori, à Naples.
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