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Candice Rolland : « Denis Balbir ne m’a pas choquée »

Propos recueillis par Anthony Audureau
Candice Rolland : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Denis Balbir ne m’a pas choquée<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Lorsque Denis Balbir lance qu’une femme ne peut pas commenter de foot masculin, un nom vient en tête. Candice Rolland, journaliste pour La chaîne L’Équipe, qui commente la Ligue des nations ou les fameux matchs sans images avec le fantasque Yoann Riou. Sans pour autant vouloir être le porte-étendard des femmes dans ce domaine.

On l’a vu pendant la Coupe du monde cet été : il y a pas mal de femmes qui commentent à l’étranger. En France, tu es l’une des seules, pourquoi ce retard ?Je ne sais pas trop… Je connais assez peu les émissions en Angleterre, au Canada ou ailleurs, mais j’ai l’impression qu’il y a plus d’émissions sur des grandes chaînes, chaque jour. Il y a plus de demandes, donc plus de journalistes, de choses à faire, de brassage. Ce sont des pays où le foot est plus présent encore que chez nous, et du coup ça peut expliquer les choses… Mais bon, les Français ne sont jamais très à la pointe, ça doit valoir dans ce domaine-là aussi !

Je ne me disais pas : « Trop bien, je suis une pionnière« .

Est-ce que tu sens une responsabilité du fait d’être la seule journaliste à commenter ? Je ne sens pas tout ça. J’en suis consciente, mais je me sens tellement loin… On me le dit, sur les réseaux sociaux, et encore plus cette semaine qui m’a un peu dépassée. Ce que je veux, c’est bien faire le boulot. Et oui, il s’avère que je suis un peu la seule. Je suis montée progressivement. Quand j’ai commencé sur Internet pour RTL, je ne me disais pas : « Trop bien, je suis une pionnière, je fais un match de Serie A devant une télé, et il n’y a certainement que ma mère qui écoute. » Quand L’Équipe est passé sur la TNT, là on commence à réaliser. Mais il n’y a que ma mère qui me dit : « Allez, on est toutes avec toi ! »

On a envie de faire un parallèle avec Marianne Mako… On ne m’en parle pas trop. Maintenant, ça vient parce qu’elle est partie. On ne faisait pas les mêmes choses non plus, ce n’est pas le même travail. C’était ma référence, je regardais Téléfoot à l’époque. Je voyais le générique où elle faisait un retourné avec ses crampons. Je ne sais pas faire ça, je suis moins agile ! J’ai un peu redécouvert sa vie, toutes les difficultés pour y arriver. C’est hallucinant, je n’ai pas connu tout ça. C’est quand même elle qui a ouvert la voie. Je me suis posé la question récemment, de savoir si j’en suis pas là grâce à elle. Et très certainement, oui.

Marianne Mako ne commentait pas les matchs. Donc comment trouver des modèles quand personne n’a pavé le chemin ? On fait sans. Je m’inspirais de ce qui se faisait à droite et à gauche. Bon après, pendant les années 1990, je n’avais pas Canal+, donc c’était beaucoup Thierry Roland et Jean-Michel Larqué. Je regardais ces matchs-là comme téléspectatrice. Forcément quand tu grandis, tu tends l’oreille, tu passes de Canal à TF1, puis M6… Je prends un peu de chacun, ce qui me semble pas mal. Mais en exemple, sur la voix, sur la forme, tu n’as pas de modèle.

Denis Balbir exprime un avis certes sans rondeur, un peu brutal, mais ça ne m’a pas choqué plus que ça. S’il est un peu dans le passé, ça le regarde.

Après les propos de Denis Balbir la semaine dernière, qui disait qu’une femme ne pouvait pas commenter le foot masculin, tu as dit que tu ne lui en voulais pas. Quelle a été ta réaction quand tu as lu ce qu’il a dit ? Très franchement, je n’ai pas été choquée. Il exprime un avis certes sans rondeur, un peu brutal, mais ça ne m’a pas choqué plus que ça. S’il est un peu dans le passé, ça le regarde. Ce qui m’a le plus gêné, c’est qu’il était contre le fait que des femmes commentent du foot masculin. Ça veut dire qu’entre filles on peut tout faire ? Ça m’a fait un peu tiquer, je ne l’ai pas mal pris parce qu’il y en a certainement d’autres qui le pensent aussi, mais pas devant un micro. Tout le monde n’est pas prêt à ce que les femmes se mettent à commenter.

Qu’est-ce que tu penses de l’argument des voix aiguës ? C’est ne pas connaître les femmes qui commentent. Parce qu’on va travailler le fond, mais aussi la forme. La forme, c’est la voix. À L’Équipe, on a Anne-Sophie Bernardi sur le biathlon, Claire Bricogne sur le cyclisme et je n’ai pas entendu que leur voix était un problème, car elles ont travaillé. Faites-nous confiance, laissez-nous faire. Ça fait quelques années que je commente, et je sais que je n’ai pas la même voix qu’au début, et pas la même voix que dans la vie. Dans la vie, si je m’énerve, j’aurai le ton aigu et l’accent marseillais. Mais n’importe quelle personne de radio ou télé ne s’exprime pas dans la vie comme à l’antenne.

Dans la vie, si je m’énerve, j’aurai le ton aigu et l’accent marseillais.

La profession et les spectateurs ont envoyé beaucoup de messages de soutien sur les réseaux sociaux.C’est sûr que c’est très touchant. Ça me gêne parce que je ne veux pas trop attirer les projecteurs. Égoïstement, je fais mon truc dans mon coin, et c’est top. Je ne pouvais pas forcément répondre à tous les messages, mais c’est super touchant. Et ça prouve que finalement, les gens qui viennent sur la chaîne L’Équipe ont pris l’habitude d’avoir des femmes aux commentaires et ça ne les surprend plus. Si on peut accéder à la case de l’indifférence, tant mieux, on avance. Il y a encore beaucoup de travail, mais à la chaîne L’Équipe, on est bien loti.

Justement, est-ce qu’à L’Équipe, il a été difficile de s’imposer ? Je ne sais pas si c’était difficile de s’imposer. Forcément, quand tu n’as pas beaucoup de foot, le gâteau à se partager est très petit. Mais je pense que comme j’avais déjà fait du commentaire, ça a conforté mes candidatures auprès des chefs. Je leur disais que j’étais disponible si un jour il y avait du foot. Je n’ai pas eu l’impression que c’était particulièrement dur de s’imposer, ou du moins que l’on me laisse ma chance.

Tu commentes parfois avec Yoann Riou. On est prêt à tout après ça ?On est prêt à pas mal de chose, oui. On peut se dire, « j’ai survécu à Yohan Riou » . (Rires.) C’est un bon exercice, tu peux être surpris à tout moment. T’es sur le qui-vive. Je sais que ça peut n’arriver que dans cette cabine. Dans un stade ou une cabine avec quelqu’un de « normal » à côté de toi, tu es plus tranquille. Je n’imagine pas Jérôme Alonzo essayer de me porter.

À cause de Yohan Riou, j’ai fait quelques séances d’ostéo… Il peut totalement péter un plomb, tu ne sais pas s’il veut te porter ou que tu le portes.

C’est quoi le truc le plus fou qu’il ait fait ? Je trouve qu’il s’est calmé. Il ne me bouscule plus comme avant. Il y a deux moments qui me font peur. Quand il y a un but d’un club français dans un match à enjeu, comme pendant l’épopée de Monaco. J’ai fait quelques séances d’ostéo… Il peut totalement péter un plomb, tu ne sais pas s’il veut te porter ou que tu le portes. Des fois, à la mi-temps, il disparaît. Je me demande avec quoi il va revenir. Un coup c’est une échelle, une fois avec des glaçons carboniques. J’ai toujours peur de le voir revenir si la première mi-temps était enthousiasmante. (Rires.)

L’objectif, c’était de commenter des matchs, maintenant quoi ? Une Coupe du monde ? Je ne me projette pas trop. Je suis très contente de ce que j’ai. Je ne veux pas nourrir de regret si ça ne va pas plus loin. Je suis très bien à L’Équipe, je grandis avec la chaîne. Après, si, j’ai un désir, j’adore les jeux olympiques. Pourtant, il y a très peu de foot, il y en a, mais ce n’est pas la Coupe du monde. Mais je suis une vraie amoureuse des jeux, donc même commenter un autre sport j’aimerais vraiment ça. Mais ça ne va pas plus loin.

Et pour conclure, Denis Balbir qui commente, on est pour ou contre ? Denis Balbir est très bon. Je n’ai pas de leçon à lui donner, je m’en garde bien. Le commentaire, c’est faire passer des émotions. La campagne de l’OM l’année dernière, on a vibré avec Marseille, on a vibré avec lui. Après, je ne sais pas s’il a le droit de commenter du foot féminin. (Rires.)

Vincent Labrune largement réélu président de la LFP

Propos recueillis par Anthony Audureau

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