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Candice Prévost : « Cette Coupe du monde laissera en France une empreinte à vie »

Propos recueillis par Julien Duez
Candice Prévost : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Cette Coupe du monde laissera en France une empreinte à vie<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

En 2015, juste après la Coupe du monde au Canada, Candice Prévost et Mélina Boetti, toutes deux ex-joueuses de première division, se lancent un pari fou : raconter le football pratiqué par les femmes aux quatre coins de la planète. Le projet est devenu réalité à travers un documentaire baptisé Little Miss Soccer. Entretien optimiste avec la moitié d’un duo rafraîchissant.

Votre documentaire est sorti tout juste avant le début du Mondial. Quand le projet a-t-il démarré ?Entre 2015 et 2017. On est parties à la recherche d’histoires aux quatre coins du globe en fouillant partout sur Internet pour trouver quelles pourraient être les étapes de notre périple. Pendant huit mois, on a voyagé sans repasser par la France grâce aux 30 000 euros récoltés via une levée de fonds. Puis, on a signé avec un diffuseur, ce qui nous a permis de terminer notre projet en janvier 2019. Au total, ce sont quinze pays et cinq continents par lesquels nous sommes passées.

Tout ça pour un résultat final d’à peine une heure. C’est court.C’est surtout frustrant ! On est revenues avec dix heures de rushs par pays et finalement, on a réussi à négocier une durée totale de 65 minutes, alors que Planète en voulait 52 au départ. Il a donc fallu réduire la voilure et c’était un exercice assez périlleux, puisqu’on ne devait choisir que la crème de la crème. Mais en complément, on a monté une série d’épisodes supplémentaires accessibles en ligne, ainsi qu’un bouquin qui sert de testament matériel à ce projet.


Ce n’est pas banal de voir deux anciennes footballeuses se balader caméra au poing. D’autant plus que vous êtes seules sur le terrain. Comment s’est passée l’apprentissage du métier ?Après avoir trouvé un diffuseur, un directeur artistique est venu nous épauler, mais c’est vrai qu’on a filmé les deux tiers du documentaire à deux, avec Mélina. Pour elle, ça allait, car elle a étudié le journalisme après sa carrière. Moi, j’ai été formée à filmer en deux jours avec un réflex. C’était un sacré saut dans l’inconnu, surtout que mon après-carrière, je l’ai commencée comme prof d’EPS…

En plus du rapport au ballon, la question de la visibilité des femmes tient une place importante.Dans le football féminin, les modèles ne sont pas que Megan Rapinoe ou Alex Morgan. On voulait donc aller à la rencontre de ces femmes invisibles chez nous pour montrer l’histoire qu’elles ont à raconter et ensuite, questionner ce qui se fait en France. Dans la séquence tournée au Brésil par exemple (où des jeunes filles reçoivent notamment des cours d’anglais gratuits après leur entraînement, N.D.L.R.), il y a des éléments qui pourraient être copiés-collés dans certains quartiers sensibles français.

D’ailleurs, vous allez désormais à la rencontre du grand public.Après la phase de promotion, on a commencé à recevoir des sollicitations de la part de professeurs des écoles ou de personnes intervenant dans le milieu éducatif et qui nous ont demandé de venir projeter le documentaire pour ensuite en débattre avec les enfants.

On voulait donc aller à la rencontre de ces femmes invisibles chez nous pour montrer l’histoire qu’elles ont à raconter et ensuite, questionner ce qui se fait en France.

C’est quelque chose qu’on veut prolonger à partir de la rentrée prochaine, car la jeunesse va avoir un rôle important à jouer dans le développement de la pratique féminine. On a eu des retours très positifs de gens qui nous disaient ne pas aimer le foot, qu’il soit masculin ou féminin, mais qui se sont réconciliés avec lui grâce au documentaire. Maintenant que le Mondial touche à sa fin, on risque d’avoir une baisse de régime dans le traitement médiatique, mais le côté intemporel de Little Miss Soccer peut aider à maintenir la flamme allumée.

En parlant de la Coupe du monde, quel bilan en tires-tu juste avant la finale ?Sportivement, je constate qu’il reste encore de gros écarts athlétiques entre les joueuses. Peut-être que le modèle européen, avec ses saisons très longues, surtout quand tu joues la Ligue des champions, a montré ses limites. Mais au niveau de l’engouement populaire, je trouve incroyables les audiences qui ont été réalisées. Incroyables, mais logiques. Accueillir une Coupe du monde à la maison avec le titre des garçons l’année dernière, c’était le timing parfait, et les médias se sont bien réveillés pour écrire les papiers qu’ils avaient à écrire. Bon, le seul bémol, c’est qu’il y ait trois finales internationales se disputant le même jour (Coupe du monde féminine, Copa América et Gold Cup, N.D.L.R.). Pas cool.

C’est vrai qu’on a assisté à une vague de changements au niveau des mentalités. Est-ce qu’il faut accueillir le Mondial chez soi pour que cela se produise ?En tout cas, on l’a vu avec les États-Unis qui l’ont déjà organisé deux fois. Ça marque les gens et ça permet de faire entrer le football féminin dans le capital génétique du pays. En France, cette Coupe du monde laissera une empreinte à vie. À l’avenir, j’aimerais que le tournoi soit organisé un jour en Afrique, sur le continent de ces équipes qui ont encore du mal à passer le gap des huitièmes de finale. Ou alors en Argentine, qui vit une vraie révolution en ce moment, ou bien au Mexique. Mais si on pouvait éviter la Scandinavie, les États-Unis ou le Canada, ce serait pas mal.

L’élimination prématurée de l’équipe de France va-t-elle peser sur les retombées positives attendues en matière d’engouement pour le football féminin ?Je ne suis pas sûre, car il faut regarder le scénario du match : finalement, on s’en sort avec l’image des pauvres Françaises qui ont dû jouer les États-Unis en quarts de finale.

Y aura-t-il assez de structures et de personnel encadrant pour accueillir – qualitativement – toutes celles et ceux qui voudront se mettre à jouer en club ?

Sans se mettre en position de victime, les histoires qui ont entouré cette élimination joueront en notre faveur, à commencer par ce penalty non sifflé. Et puis les Bleues avaient déjà gagné leur pari avant, on l’a vu à travers les audiences de leurs matchs et l’engouement qui a entouré le groupe. Le vrai problème va maintenant se poser au niveau des instances fédérales : y aura-t-il assez de structures et de personnel encadrant pour accueillir – qualitativement – toutes celles et ceux qui voudront se mettre à jouer en club ? Parce qu’une Coupe du monde, ça suscite des vocations dans les deux sens. Moi par exemple, j’ai commencé le foot après France 98.

Peut-on faire un parallèle entre les pays que tu as visités et les résultats obtenus par leur sélection lors de ce Mondial ?Ça dépend. Dans le cas des États-Unis, oui. Quand on connaît la structure du soccer là-bas, rien d’étonnant à ce qu’elles soient de telles machines. Idem avec la Nouvelle-Zélande, mais dans l’autre sens. C’est un pays désavantagé par son isolement géographique et on constate que la mixité qu’ils utilisent au sein des équipes de jeunes ne suffit pas pour réussir au plus haut niveau. En revanche, petit bémol pour le Japon. On a montré à quel point la tactique joue énormément dans la formation de la jeunesse et je suis un peu déçue de cette élimination précoce qui ne correspond pas aux moyens sérieux qui y sont mis en place.

En attendant de les voir prendre leur revanche aux JO l’année prochaine, on peut espérer une suite à Little Miss Soccer ? Je ne sais pas… Là, on est épuisées, car c’était un travail harassant. Mais on a déjà plein d’idées quand même. On voudrait d’abord commencer par faire un tour de France pour voir l’état des choses chez nous et après, si on reçoit une commande, pourquoi pas ? Il reste encore pas mal de pays à visiter, notamment au Moyen-Orient. Ce qui est bien, c’est que le sujet est inépuisable.

Dans cet article :
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Propos recueillis par Julien Duez

Little Miss Soccer est à revoir sur Canal+ et Planète.
Le livre du même nom est disponible aux éditions Marie B.

Photos : DR.

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