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Canada Soccer, ton univers impitoyable

Par Léna Bernard
4 minutes
Canada Soccer, ton univers impitoyable

Grève avortée, menaces, conflit ouvert entre les sélections nationales canadiennes et les dirigeants, le ballon ne tourne plus rond dans le football canadien. Le tout à six mois de la Coupe du monde féminine, où les Canadiennes doivent jouer les premiers rôles. Retour sur le conflit qui agite le football canadien.

« Nous entrons en grève. » Voilà l’incipit du communiqué des joueuses de la sélection nationale canadienne du 10 février 2023. Deux jours plus tard, elles ont pourtant fait volte-face. Après une rencontre avec les instances dirigeantes du football canadien, les joueuses sont retournées à l’entraînement et ont annoncé leur participation, un temps menacé, à la SheBelieves Cup qui se tiendra du 16 au 22 février aux États-Unis. Elles n’ont pour autant pas dit leur dernier mot.

Des coupes budgétaires malvenues

Le torchon brûle depuis longtemps déjà entre Canada Soccer – la Fédération canadienne de football – et les sélections nationales féminines comme masculines. Mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour Christine Sinclair et ses coéquipières, c’est l’annonce faite par les patrons du football canadien d’opérer des coupures budgétaires en 2023. Si celles-ci sont aussi prévues pour la sélection masculine et les équipes de jeunes, la pilule a du mal à passer. Après avoir emporté l’or olympique à Tokyo, les Canadiennes possèdent des arguments pour espérer décrocher leur première Coupe du monde en juillet prochain, et estiment que l’annonce de la Fédération les empêche de préparer cet évènement avec sérénité et dans les mêmes conditions que les Canucks lors de leur préparation au Mondial au Qatar, une discrimination de plus selon elles. Difficile de leur donner tort quand il est question de réduire la durée des camps d’entraînement, de limiter les joueuses présentes lors de ces rassemblements et de refuser la tenue de matchs amicaux sur le sol canadien, impensable pour la préparation optimale d’une compétition telle qu’une Coupe du monde. Elles ont par ailleurs reçu le soutien de leurs homologues masculins.

Le courroux des Canadiennes ne s’arrête pas à ces seuls motifs. Les tensions qui les opposent aux dirigeants du football canadien, et plus particulièrement à Nick Bontis, président de Canada Soccer, sont latentes depuis bientôt un an. En cause, malgré des déclarations en faveur de l’égalité salariale à l’image de ce qui s’est fait aux États-Unis, les négociations qui s’enlisent.

Une grève avortée

Canada Soccer ne l’entend toutefois pas de cette oreille. Après l’annonce de la grève des joueuses, la Fédération a convoqué les parties prenantes. Dans un communiqué paru le 12 février, les joueuses expliquent qu’elles cessent la grève à la suite des menaces financières qui pèsent sur elles. En effet, Canada Soccer a déclaré la grève illégale et menacé les joueuses de poursuites. Dans le communiqué du CSPA, elles ont ainsi expliqué cette volte-face : « En tant que joueuses individuelles qui n’ont pas encore été compensées pour notre travail pour Canada Soccer en 2022, nous ne pouvons pas nous permettre de nous exposer aux risques reliés à des poursuites personnelles. » Malgré la fin de l’action collective, de nombreuses joueuses, dont la capitaine Christine Sinclair, ont émis le souhait de continuer la contestation d’une autre manière, en portant le combat sur le terrain lors de leurs prochains matchs. La Fédération a démenti ces allégations en déclarant avoir déjà versé « des montants rétroactifs aux joueuses ».

La sélection masculine avait opéré de la même manière en juin dernier. Les Canucks avaient commencé une grève et avaient refusé de jouer un match amical face au Panama. Ils exigeaient une meilleure répartition des primes versées par la FIFA pour la Coupe du monde 2022. D’autres motifs avaient été avancés, les coéquipiers d’Alphonso Davies souhaitant, entre autres, obtenir un accord en faveur de l’égalité salariale et le développement d’une ligue nationale féminine, des revendications partagées par la sélection féminine. Loin de déclarer cette grève-là illégale – des sanctions financières auraient eu beaucoup moins d’impact pour la sélection masculine -, le président Nick Bontis avait seulement assuré en conférence de presse vouloir sortir de cette impasse. Les Canucks avaient alors repris le chemin de l’entraînement à la suite des négociations ouvertes avec Canada Soccer, et celles-ci sont aujourd’hui toujours en cours.

Négligées financièrement par leur fédé, les joueuses du Canada font grève

Par Léna Bernard

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