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Cana, l’art de la traîtrise

Par Mathieu Faure
Cana, l’art de la traîtrise

Lorik Cana va retrouver le PSG en Ligue 1 avec la liquette du FC Nantes. Paris, c'est son club formateur avant qu'il ne décide de rejoindre l'OM. Ce départ, personne ne l'a oublié dans les rangs parisiens. 10 ans après, la blessure est encore présente malgré tout. Une semaine après le retour de Mathieu Valbuena au Vélodrome, la Ligue 1 confirme que son univers est impitoyable.

Entre deux corners tirés au Vélodrome, Mathieu Valbuena a dû activer d’urgence sa balise de détresse. Pour son retour sur les bords de la Méditerranée, le néo-Lyonnais et ancien Marseillais a reçu un traitement de faveur comme jamais. Le « traître » , comme il a été surnommé par l’enceinte phocéenne, était de retour. Depuis Fabrice Fiorèse et son retour au Parc des Princes avec le maillot marseillais, personne n’avait été à ce point lynché publiquement par son ancien public. Pas même Lorik Cana qui, pourtant, squatte le hit-parade des hommes les plus détestés de la capitale depuis près de dix ans. Là où les transferts à l’OM de Fiorèse, Déhu, M’Bami et même Gabriel Heinze ont donné lieu à de la déception mêlée à de la colère, le départ de Lorik Cana en août 2005 a laissé une cicatrice indélébile dans le cœur de nombreux suiveurs parisiens. On peut même parler de haine. Ce départ, personne ne l’a digéré. Alors, quand le capitaine de l’Albanie évoque Paris avant le match du jour, ça fait encore plus mal : « C’est mon club formateur, le club où j’ai grandi, le club qui m’a fait devenir un joueur de football professionnel, le club qui m’a permis de gagner mon premier trophée, le club qui m’a permis de jouer en Ligue des champions. Cela reste toujours un endroit particulier pour moi, un endroit que j’aime beaucoup et auquel je suis toujours attaché. » On l’écoute, mais on ne l’entend pas. Pourquoi l’Albanais cristallise autant de rancœur dix ans après, alors qu’il n’est pas le premier ni le dernier Parisien à avoir signé à l’OM ? Parce que le garçon est un produit maison. Une fierté. Repéré à 16 ans par Antoine Kombouaré, Cana fait ses classes au centre de formation avant d’être lancé dans le grand bain par Luis Fernandez à 19 ans. La saison suivante, Vahid Halilhodžić en fait un titulaire indiscutable dans l’entrejeu, et voilà Cana devenu le symbole du PSG. Un produit local auquel on peut s’identifier facilement. Paris a tellement cru en lui que la rupture a été brutale. Et forcée. Aujourd’hui, parler de Lorik Cana est un sujet tabou.

Main courante

Pour comprendre la haine que suscite l’ancien milieu de terrain, il faut remonter dix ans en arrière. Nous sommes à l’été 2005, et le PSG est en train de passer sous pavillon Pierre Blayau. Durant l’intersaison, Jean-Michel Moutier, alors directeur sportif du club, ramène du monde dans la capitale : Kalou, Dhorasso, Rozehnal, Landrin, ainsi que le binôme uruguayen Bueno-Rodríguez. Au cœur du mois d’août, un embouteillage commence à gonfler dans l’entrejeu où Dhorasoo, Rothen, Cissé, M’Bami, Semak, Landrin et Cana se disputent quatre places. Durant les quatre premières journées de championnat, le milieu albanais de 22 ans ne joue pas, ou très peu (50 minutes de jeu). Alors qu’il vient de prolonger son contrat avec son club formateur, la colère commence à pointer le bout de son nez. L’impatience, aussi. La gourmandise aussi. Sous Vahid Halilhodžić – remplacé depuis par Laurent Fournier –, Cana formait avec M’Bami un duo efficace. La donne a changé. Et dans l’entourage de Lorik Cana, on déteste attendre.
À l’époque, quand vous donniez rendez-vous à Lorik Cana, ce dernier ne venait jamais seul. Son père était là. Et parfois même son grand-père. Ce qui donnait parfois lieu à des scènes surréalistes. Comme ce jour d’automne 2004 où en pleine crise sportive, certains représentants d’associations de supporters demandent à voir le joueur pour faire passer un message au groupe. Dans un célèbre café de la porte de Saint-Cloud, Lorik Cana arrive avec son père et son grand-père. Lorik, casquette sur la tête, est assis à une table face aux supporters. La table d’à côté est prise par son pater, qui surveille tout. La table qui jouxte celle du père est, elle, occupée par le grand-père, qui surveille ses deux descendants. Une affaire de famille. Dès lors, pour faire changer d’idée le clan Cana, il faut s’accrocher. Pour l’entourage du joueur, Laurent Fournier n’a pas tenu parole et il est hors de question de rejouer pour Paris. Au vrai, l’OM est en embuscade avec un salaire mensuel de 100 000 euros, alors qu’au printemps, Cana avait pourtant été revalorisé et prolongé par le PSG (de 6 000 à 60 000 euros par mois). L’histoire est donc mal embarquée. Et le bateau prend un peu plus l’eau quand le père Cana accentue la pression. L’histoire raconte qu’un échange entre Moutier et le papa tourne à l’intimidation. Le père allant même jusqu’à mimer un coup de feu avec les doigts si son fils n’est pas transféré à l’OM. Les menaces termineront sur une main courante à l’évêché (hôtel de police de Marseille). Les Renseignements généraux sont même avertis de la tournure du dossier. À ce moment du mercato, l’ambiance est au beau fixe entre le club et le clan Cana…

La jurisprudence des anciens

Pierre Blayau, pas du genre à s’emmerder avec une telle histoire, expédie les affaires courantes. En trois jours, les deux clubs s’entendent sur une indemnité de 3,5 millions d’euros. Cana file pour la Canebière un an après le départ houleux de Fabrice Fiorèse. Un nouveau gâchis. Et ce n’est pas tout puisque le pire arrive. Trois mois plus tard, les deux équipes se retrouvent au Vélodrome. Cela fait neuf matchs que le PSG ne perd plus contre l’OM. Dans les couloirs du stade phocéen, c’est le bordel avec la fameuse histoire de l’ammoniac qui empeste le vestiaire parisien. Les Franciliens se changeront finalement dans deux pièces exiguës situées sous l’un des virages. Forcément, ils ratent leur match. Le score ? 1-0 pour l’OM. But de… Lorik Cana à dix minutes de la fin. La goutte d’eau. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, Cana brille sous le maillot olympien et prend du plaisir. Au match retour, au Parc, le joueur récoltera son lot d’insultes et de banderoles dont une « Puta Cana » qui restera tout le match. Lui s’en nourrit et bombe le torse. Il ne sortira jamais de son match. Au PSG, on aimerait gommer cette affreuse histoire. Oublier que celui qui terminera capitaine de l’OM est un produit maison. Un nom que l’on cite en exemple quand on parle de la formation parisienne. Lorik Cana n’était pas Clément Chantôme ou Mamadou Sakho, des « Titis » . Lorik Cana était un guerrier qui n’a, malheureusement, jamais regretté son départ. Dix ans après, beaucoup de choses ont changé. Le PSG a changé, Cana a changé, la Ligue 1 a changé. Mais une chose reste immuable. Cet après-midi, Cana prendra son lot d’insultes de la part du parcage parisien. Et lorsqu’il viendra au Parc des Princes pour le match retour – parce qu’il viendra -, il reprendra une bouffée de haine. Le droit à l’oubli ? Non merci.

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