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Can they make America great (again) ?
Après une bonne Coupe du monde en 2014, la Team USA accueille ses petits copains d’Amérique du Sud pour une Copa América dans laquelle elle se voit bien faire un gros coup. Mais deux ans après le Brésil, en est-elle réellement capable ?
« Les États-Unis ont fait une très bonne Coupe du monde. De plus, ils reçoivent cette année. Ils seront très dangereux. La compétition sera assez équilibrée. Les équipes d’Amérique centrale et les États-Unis sont maintenant de très bonnes équipes. » Radamel Falcao n’évoluera peut-être pas avec la Fiebre Amarilla cet été, il peut tout de même donner son avis sur la compétition à venir. Interrogé par Goal le 28 avril dernier, l’ex-meilleur attaquant du monde en a sans doute un peu trop fait. Il est pourtant difficile de lui donner entièrement tort. Si l’évocation du football, ou soccer au pays de l’Oncle Sam, prête encore à rigoler en Europe, force est de constater que l’équipe de Jürgen Klinsmann a quelques arguments de taille à faire valoir cet été : une flopée de joueurs d’expérience, une autre de jeunes talents et la chance d’évoluer à domicile devant un public qui n’est plus si novice que ça. Mais les Yanks peuvent-ils vraiment prétendre à autre chose qu’un « joli parcours » ? Ou bien vont-ils enfin être capables de franchir un cap et de donner raison à Radamel Falcao ? Rien n’est moins sûr. Mais la question mérite d’être posée.
Expérience et dépucelage
Pour faire bonne impression à l’anniversaire de ses copains du Sud, la Team America a décidé de faire confiance à ses vétérans. Sans surprise, Klinsmann a rappelé les éléments stables de la Coupe du monde : Michael Bradley, Clint Dempsey, Kyle Beckerman, Alejandro Bedoya, Jermaine Jones, Chris Wondolowski et Graham Zusi. Le sélectionneur peut donc compter sur une colonne vertébrale solide : Brad Guzan, Geoff Cameron, Michael Bradley, Alejandro Bedoya et Clint Dempsey ont, à eux 5, disputé 372 matchs en sélection. Leur tâche ? Respecter le schéma de jeu de Klinsmann qui a toujours préféré la rigueur à l’instinct. Tout passera par une construction globalement lente, mais explosive des phases de jeu. Le meilleur exemple du jeu Klinsmann réside dans le match USA-Ghana de la dernière Coupe du monde. Sans cette colonne expérimentée pour calmer les ardeurs de ses jeunes joueurs, jamais le sélectionneur n’aurait pu prétendre à un beau parcours dans cette compétition. C’est donc contre l’avis du public, qui voit par exemple en Beckerman un vieux joueur surestimé, qu’est allé Klinsmann.
Aux côtés de ces vieux briscards, ils seront nombreux à devoir apporter la fougue de la jeunesse sur les terrains américains. Parmi eux, on retrouve des joueurs dont le statut n’a pas vraiment changé depuis 2014 (DeAndre Yedlin, débarqué en Europe, mais assez peu utilisé par Tottenham et Sunderland, et Gyasi Zardes, qui a toute la confiance de son sélectionneur) et des nouvelles pépites sur qui reposent énormément d’espoirs, tant en Europe (c’est le cas avec le jeune joueur du Borussia Dortmund Christian Pulisic) qu’outre-Atlantique (c’est le cas avec Darlington Nagbe, joueur de Portland). L’absence de Jozy Altidore pourrait, elle, permettre au jeune Bobby Wood, qui a impressionné pendant la phase de préparation, de s’imposer sur le front de l’attaque. Mais il serait dangereux de s’enflammer. Si ces jeunes joueurs sont prometteurs, ils sont, par définition, capables du meilleur comme du pire. Surtout Nagbe, qui a tendance à agacer les supporters de Portland, passant des gestes de classe à des disparitions aussi longues qu’inquiétantes sur le terrain. En résumé, la Team USA pourrait, et il est important d’utiliser le conditionnel, impressionner.
Préparation convaincante = préparation suffisante ?
Après une longue période de disette après la Coupe du monde 2014, la Team USA a redressé la barre en 2016. Avant de lancer cette Copa América face à la Colombie, les représentants du Star-Spangled Banner restent sur six victoires en sept matchs. Sur les matchs de préparation à proprement parler, les coéquipiers de Dempsey ont rendu une copie parfaite : trois matchs et autant de victoires (à Porto Rico, 1-3, face à l’Équateur, 1-0, et face à la Bolivie, 4-0) en un peu plus d’une semaine. A priori, donc, le rythme est là, le jeu aussi. Mais les adversaires de la Team USA dans le groupe A seront un peu plus féroces que la Bolivie, à n’en pas douter. Avec la Colombie, le Paraguay et le Costa Rica, les locaux vont devoir être solides d’entrée pour espérer quitter les poules. En conférence de presse, Klinsmann n’apparaissait pas pourtant extrêmement confiant : « C’est difficile de nous fixer un objectif, mais nous devons sortir des poules. Ce ne sera pas simple du tout, mais il le faut. Ensuite, il faudra qu’on apprenne à gagner des matchs à élimination directe… » Si ce groupe A est qualifié de groupe de la mort, le scepticisme de Klinsmann commence à en agacer plus d’un chez l’Oncle Sam. Beaucoup lui reprochent l’immobilisme de la sélection et pensent qu’il aurait dû être écarté après la Gold Cup désastreuse des siens, l’année passée.
Plus que de sortir du groupe, les États-Unis ont tout intérêt à aller chercher la première place s’ils veulent éviter de prendre le Brésil en quarts de finale. L’opposition face à la Bolivie ne permet pas de se rendre compte du réel niveau de cette équipe américaine. Les adversaires étaient trop faibles, incapables de presser les hommes de Klinsmann ou de conserver le ballon plus de quelques minutes. Le problème de cette équipe américaine est en réalité son plus grand atout : son sélectionneur. Enthousiastes avant la Coupe du monde 2014, les supporters ont aujourd’hui beaucoup de mal à imaginer une victoire finale pour une équipe similaire qui s’est montrée incapable de répondre à leurs exigences lors de la dernière Gold Cup. Au-delà de ce beau rendez-vous qu’est la Copa América Centenario, il faut déjà penser à l’après-Klinsmann. Cinq joueurs de l’équipe ont aujourd’hui plus de 33 ans, et beaucoup approchent de la trentaine. Il faudrait penser à les remplacer et à remplacer par la même occasion les objectifs de cette équipe. Avec un tel potentiel, penser simplement à « sortir des groupes » ne peut suffire. Les États-Unis ont dû, doivent et devront affronter des adversaires de haut niveau et ne pourront pas toujours se réfugier derrière cette excuse. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Par Gabriel Cnudde