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CAN : la fiche du Zimbabwe
En l’espace de deux ans, le Zimbabwe est passé du statut de victime du continent qui se fait sortir par la Tanzanie avant même la phase de poules des éliminatoires de la CAN 2015 (1-0, 2-2, au deuxième tour préliminaire), à l'un des seize qualifiés pour la phase finale du tournoi 2017. Une première depuis 2006 pour les Warriors.
La piste en terre battue
D’abord, il convient de préciser que le Zimbabwe a eu de la chance au tirage en héritant de la Guinée et du Malawi, respectivement chapeau un et deux, ainsi que du Swaziland, l’une des nations les plus faibles au ranking de la CAF. Et pourtant, c’est bien le Swaziland qui menait la danse à l’issue des matchs aller, grâce à une victoire d’entrée en Guinée (1-2). Lors du troisième match face au Zimbabwe, les Swazi menaient 1-0 pendant toute la première période, mais un but contre son camp de Njabulo Ndlovu assura le match nul 1-1 aux visiteurs. Trois jours plus tard, le scénario du match retour n’a plus rien à voir avec celui de l’aller, et les Zimbabwéens cartonnent 4-0 leurs adversaires. Un nouveau chantier contre le Malawi (3-0) et le Zimbabwe fête en juin la qualification à domicile, au National Sports Stadium d’Harare, avant même la dernière journée. La défaite finale en Guinée (1-0) restera anecdotique. Bilan des éliminatoires : trois victoires, deux nuls et une défaite. Bof.
Le joueur qui leur manque : Bruce Grobbelaar
Débarquer à une grande compétition avec des gardiens inexpérimentés, vraiment ? Donovan Bernard présente vingt et un printemps, il a le même âge que sa doublure Tatenda Mkuruva, qui vient de fêter son anniversaire. Ah, si seulement les Warriors pouvaient compter sur ce bon vieux Bruce Grobbelaar… Né à Durban, en Afrique du Sud, de parents afrikaner, l’homme a grandi en Rhodésie du Sud, une colonie britannique qui deviendra indépendante en 1980, sous le nom de Zimbabwe. L’ancien gardien mythique de Liverpool (1981-94) a été sélectionné à trente-deux reprises avec l’équipe nationale. Un portier capable de déstabiliser Francesco Graziani lors la première séance de tirs au but de l’histoire en finale de la C1, en bougeant ses jambes comme des spaghettis. Quelle gueule ça aurait pu avoir, une séance de pénos avec Grobbelaar contre la Côte d’Ivoire de Boubacar Barry Copa…
Onze types
Tatenda Mkuruva – Teenage Hadebe, Ronald Pfumbidzai, Lawrence Mhlanga, Hardlife Zvirekwi – Tafadzwa Kutinyu, Liberty Chakoroma, Marshal Mudehwe – Khama Billiat, Knowledge Musona, Tinotenda Kadewere.
L’inexpertise de Jérôme Mugabe
« Allo ?
– Bonjour. Monsieur Mugabe ?- Oui, c’est moi.
– Je suis journaliste pour So Foot, vous connaissez ?- Non, pas du tout.
– Vous aimez le foot ?- Un peu.
– Je m’occupe de la présentation du Zimbabwe pour la Coupe d’Afrique des nations, et je vous appelle parce que vous avez le même nom que le président du Zimbabwe… – Non, mais rien à voir, moi je suis originaire du Rwanda.
– Y a souvent des types comme moi qui vous appellent pour vous demander si vous avez un lien avec Robert Mugabe ? – On me confond tout le temps avec lui. Quand je suis arrivé en France, j’étudiais à la fac de Paris VIII et j’étais domicilié à Paris XVIe. Les gens se disaient : « Ce n’est pas n’importe qui qui peut habiter là-bas… »J’ai dû faire une annonce pour expliquer que je n’étais pas de la famille de Robert Mugabe.
– Et pour trouver du travail, c’était pareil ?- Non, ça va. Maintenant, je suis contrôleur de gestion.
– Un avis quand même sur l’équipe du Zimbabwe à la CAN ? – Le foot africain…(rires)
– Ça ne vous intéresse pas ? – Ouais, ça ne m’intéresse pas trop. Moi, je supporte le PSG et l’équipe nationale bien sûr : les Bleus. »
Le bestiaire
Si les internationaux zimbabwéens sont surnommés les « Warriors » (les Guerriers), un rapace orne le logo du maillot vert et jeu : l’oiseau Zimbabwe. Il s’agit selon toutes vraisemblances du bateleur des savanes, un aigle que l’on retrouve sur le drapeau du pays, adopté lors de l’indépendance en 1980, ainsi que sur la monnaie locale. L’origine de ce symbole national remonte aux XIIe et XIIIe siècle, lorsque le bateleur des savanes a été sculpté dans la pierre de savon, sur le mur d’enceinte d’une citadelle d’exception, construite uniquement en pierres, au royaume du Grand Zimbabwe. L’oiseau était alors considéré comme le protecteur de la cité.
La célébration que l’équipe va inventer : imiter la poule
L’horloge affiche une demi-heure au stade de Franceville ce dimanche 15 janvier. L’Algérie domine, Riyad Mahrez file au but, mais un tacle glissé de Teenage Hadebe stoppe l’action. Le défenseur zimbabwéen relance vers Lawrence Mhlanga. Ce dernier se sent pousser des ailes et tente une percée dans le camp algérien. Il trouve finalement Tafadzwa Kutinyu, qui ne se pose pas de questions : patate de forain aux 35 mètres. Lucarne ! Hadebe, Mhlanga, Kutinyu, les trois joueurs qui ont mené l’action évoluent tous au Chicken Inn, champion du Zimbabwe en 2015. Pour fêter ça, les trois lascars se retrouvent au poteau de corner, en train d’agiter les coudes, pour une danse de la poule qui s’apprête à rentrer dans la légende.
Le Bongoefficient
92%. Comme l’âge du chef de l’État Robert Mugabe. « Élu » en 2011 par le site Slate Afrique « pire dicateur africain » , celui qui dirige l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF), s’accroche au pouvoir depuis 1980. Le dernier rapport d’Amnesty International fait écho de la disparition forcée du journaliste et militant pro-démocratie Itai Dzamara. D’après AI, le 9 mars, cinq hommes ont enlevé Itai Dzamara. Bien qu’un tribunal ait ordonné aux agents des services de sécurité de l’État d’enquêter sur cette disparition, à la fin de l’année aucun élément indépendant n’indiquait que l’État aurait mené une enquête avec la diligence requise. Depuis 2002, le Zimbabwe est pénalisé par des sanctions économiques et diplomatiques occidentales. Le pays a été ébranlé par l’hyperinflation. Ainsi, le taux de chômage officiel a dépassé 80%, et 72% de la population vit sous le seuil de pauvreté national (fixé à 1,25 dollar des États-Unis par jour).
Pourquoi ils vont… éliminer la Tunisie
Difficile d’imaginer les Warriors avoir les armes nécessaires pour s’extirper du groupe B. Il est plus probable de s’attendre à une lutte à trois – Algérie, Tunisie, Sénégal – pour les deux tickets qualificatifs. Mais si le Zimbabwe se fait tordre par les Fennecs, puis par les Lions de la Téranga, on peut aussi espérer un baroud d’honneur lors du dernier match. Au bon souvenir de 2006, quand l’Auxerrois Benjani Mwaruwari jouait un sale au tour au Ghana, alors que la sélection était déjà éliminée. Cette fois, c’est la Tunisie qui pourrait en faire les frais. Bateleur des savanes > Aigles de Carthages.
L’hymne du tournoi : Robert Mugabe feat George Bush
Un montage des punchlines de « Camarade Bob » contre son meilleur ennemi George Bush Junior.
Par Florian Lefèvre