- CAN 2017
- Groupe C
- Présentation
CAN : la fiche du Maroc
Après deux éliminations au premier tour et une exclusion de l’édition précédente, les Lions de l’Atlas font leur retour sur la scène africaine. Privé de plusieurs titulaires au milieu de terrain, le Maroc compte sur Hervé Renard, spécialiste du continent et vainqueur des CAN 2012 et 2015, pour aller loin dans la compétition.
La piste en terre battue
Le Maroc n’a pas perdu de temps. Grâce à leurs victoires lors de la double confrontation face au Cap-Vert, leur principal concurrent dans le groupe F des qualifications (0-1, 2-0), les Lions de l’Atlas ont validé leur ticket dès le 29 mars 2016, devenant ainsi la première sélection à booker leur voyage pour le Gabon. Finalement, les hommes d’Hervé Renard finiront avec seize points sur dix-huit possibles, et Youssef El-Arabi meilleur buteur de la poule avec quatre buts. Après avoir été exclu en 2015 pour ne pas avoir voulu organiser la CAN à cause de la menace du virus Ebola, le Maroc est de retour, le couteau entre les dents.
Les joueurs qui leur manquent : Younès Belhanda et Sofiane Boufal
Le milieu de terrain de l’OGC Nice n’est pas le seul absent de dernière minute pour les Lions de l’Atlas (cf célébration). Mais il est certain que la blessure subie par l’ancien meneur de jeu de Montpellier constitue une tuile majeure pour Hervé Renard. Le sélectionneur du Maroc avait profité du regain de forme de Belhanda en Ligue 1 pour lui confier les clés du jeu lors des premières journées des éliminatoires du Mondial 2018. Afin de lui laisser les coudées franches, Renard avait même préféré écarter le jeune milieu de l’Ajax, Hakim Ziyech, de la pré-liste. Belhanda blessé et Ziyech pas dans les plans, il ne reste plus que Boussoufa en 10. L’indisponibilité de Soufiane Boufal est tout aussi dommageable. En manque de poids offensif en qualifs de Coupe du monde, les Lions de l’Atlas auraient eu bien besoin de l’explosivité et de la qualité de dribble comme de frappe de l’ancien Lillois, auteur d’une première partie de saison plus que satisfaisante à Southampton. Les munitions s’amenuisent au fur et à mesure que la CAN se rapproche…
Onze types
Munir Mohand Mohamedi – Nabil Dirar, Mehdi Benatia, Manuel Da Costa, Hamza Mendyl – Romain Saïss, Karim El Ahmadi – Fayçal Fajr, M’Bark Boussoufa, Mehdi Carcela-Gonzalez – Youssef El Arabi
L’inexpertise de… Maktoum Nhari, gérant du Street, centre de football indoor dans le 95
« Mais ils ne vont rien faire du tout ! Ils vont faire deux matchs nuls pour perdre le dernier contre la Côte d’Ivoire, et retour direct à Marrakech pour fumer la chicha… C’est toujours pareil avec les Marocains, on a de la technique, mais c’est dans la tête que ça ne va pas. À la cité, les mecs sont des demi-dieux, mais en sélection, ils bégayent tous. Bon, allez, faut que je te laisse, j’ai la petite qui pleure. Elle aussi, elle se demande c’est quoi ce pays de nazes. Attends, on a même perdu contre la Finlande. La Finlande… La prochaine étape, c’est quoi, le Groenland ? Même la Coupe du monde à 48, on n’est pas sûrs de la faire ! »
Le bestiaire
Les Lions de l’Atlas n’ont pas disparu. Dans le parc zoologique de Témara (près de Rabat,) quelques dizaines de crinières assurent encore la survie de l’espèce. Néanmoins, le seul moyen d’entendre « Atlas » et « Lions qui gambadent en toute liberté » dans une même phrase, c’est sur petit écran. Dans un documentaire ou dans les spots publicitaires de la marque marocaine d’eau minérale Aïn Atlas, qui montrent le zoologiste Kevin Richardson en train de faire mumuse avec deux félidés assez imposants. Une belle ode à la nature, et un joli coup marketing.
Le n’importe quoi que l’équipe va inventer : mimer une blessure.
Depuis la première liste élargie de vingt-six joueurs publiée par Renard, la sélection marocaine a perdu Noureddine Amrabat, Oussama Tannane, Sofiane Boufal, Younès Belhanda, sans compter la blessure de Youssef En-Nesyri contre la Finlande en match amical. Le secteur offensif est totalement décimé. Afin de conjurer le mauvais sort et d’en rire, les attaquants et ailiers restants savent ce qu’il leur reste à faire : une petite course en boitant ou en se tenant un mollet après un but, et gros plan sur le museau de Renard, dépité.
Le Bongoefficient
Si Hervé Renard a l’image d’un mec plutôt cool, il se transforme en fauve dans le rectangle devant son banc. Emmanuel Mayuka en sait quelque chose. En 2012, le coach français a passé tout son tournoi à hurler le nom de l’attaquant zambien. Bien lui en a pris, puisque Mayuka a inscrit trois buts dans le tournoi, dont celui de la demi-finale face au Ghana (1-0). Avec tous les noms marocains qui se terminent avec des voyelles, nul doute que Renard va se faire un plaisir de gueuler sur ses joueurs pour que sa volonté soit faite. La dictature du patronyme. 60%.
Pourquoi ils vont gagner la CAN
Face à l’adversité, les critiques qui pleuvent et les supporters désabusés, Renard décrète l’union sacrée et galvanise ses joueurs, secoués tels les Zambiens en 2012 et les Ivoiriens en 2015. Benatia et ses coéquipiers prennent quatre points contre la RD Congo et le Togo, puis dressent les barricades pour résister aux Éléphants (0-0). Ils sortent deuxièmes de la poule, éliminent l’Égypte aux tirs au but et étrillent un pays organisateur amoindri (0-3) grâce à un hat trick de Youssef El Arabi. Les retrouvailles avec la Côte d’Ivoire en finale, pour le « Renardico » , donnent lieu à une longue partie d’échecs que l’homme à la chemise blanche finit par remporter en prolongation : El Kaddouri (cinq minutes jouées pendant la compétition) apparaît de nulle part et offre la victoire au Maroc sur une tête rageuse à la 114e. Benatia s’apprête à soulever le trophée sous les yeux d’Issa Hayatou, deux ans après l’exclusion des Lions de l’Atlas de la CAN 2015. Le pied de nez ultime. Mais non, trop tard, il est déjà l’heure de se réveiller et d’aller bosser. « Il faut savoir se prêter au rêve lorsque le rêve se prête à nous » , Albert Camus.
L’hymne du tournoi
Plutôt que d’évoquer les hymnes officiels qui ont porté la poisse au Maroc durant les compétitions internationales précédentes, autant rappeler un bon souvenir : l’hymne du Mondial 98.
Par Umut Bulut