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CAN : la fiche du Congo
La Corée du Sud a ses Diables rouges, la Belgique a ses Diables rouges, la Premier League a ses Diables rouges. Et ce n'est pas tout. La République du Congo a elle aussi de vaillants Diables rouges. Quinze ans après leur dernière participation, les hommes de Claude Le Roy voudront d'abord le rappeler à la planète foot.
L’indice Ebola
Cet hiver, Claude Le Roy fête sa septième participation à la CAN. Comme le Congo, l’équipe qu’il dirige. Ce n’est pas le seul point commun entre les deux. Le Roy avait remporté l’épreuve en 1986 à sa deuxième tentative, le Congo l’a remportée en 1972, pour sa deuxième participation. Depuis 29 ans, le Français tente de reproduire son exploit avec des sélections de plus en plus improbables (Ghana 2008 excepté). Depuis 43 ans, le Congo se saigne pour arracher une qualification par décennie. À l’inverse de Claude Le Roy, la sélection congolaise a donc déjà réussi son pari. Et tout le monde sait que quand un entraîneur va au clash avec ses joueurs, généralement, ça se termine dans le bus. Un beau bordel en perspective. 100%
Portrait-robot
– 2,31% Eva Joly – score présidentiel et anti Sassou-N’Gueso
– 78% Denis Sassou N’Gueso- 19,69% Essence et Lubrifiants de France
Le gardien de but : Chancel Massa
Né le 24 janvier 1983 à Brazzaville selon le très sérieux transfertmarkt.com ; le 24 janvier 1987 selon le moins sérieux, mais plus fréquenté Wikipedia, le destin de Chancel est déjà rigolo. Appelé pour la première fois en sélection par Claude Le Roy en janvier de l’année dernière pour participer à la CHAN, une compétition organisée en alternance avec la CAN et qui a pour particularité de priver ses participants de leurs joueurs expatriés, Chancel est, depuis, devenu une sorte de porte-bonheur pour sa sélection. Le genre de mec qui peut sortir un gros match quand il le faut, comme lors de la victoire historique contre le Nigeria, et dont les erreurs ne sont même pas sanctionnées. La preuve avec cette abominable sortie contre le Rwanda dans un match finalement gagné sur tapis vert par les Lions (à voir après 1’30).
L’équipe type
Massa – Nganga, Moubhio, Bissiki, Bouka-Moutou – Oniangue, Babele, Gandzé, Litsingi – Bifouma, Doré.
« Comment le lion devint roi ? »
Égypte, Ghana, Cameroun, Nigeria. À elles quatre, les super puissances africaines du ballon rond ont raflé 18 des 29 éditions de la CAN. Pourtant, « une loi qui ne s’applique qu’au plus faible est une loi injuste » . Ousmane Diarra, poète et romancier malien, en a fait la morale de son conte. Explicite, celle-ci fait écho à la revanche du lion sur le buffle autoritaire. Avec 16 participations à la CAN et 14 podiums, le Nigeria vaincu en qualifications par les Lions semble incarner à merveille le rôle de ce buffle autoritaire et sans pitié. Et un buffle déchu, cela offre forcément de nouvelles perspectives aux autres. L’absence des Super Eagles, cumulée à celles des Pharaons, ne manquera certainement pas d’éveiller l’appétit de nations qui, comme le Congo, n’en peuvent plus d’attendre une révision des statuts du football africain.
Leur petite histoire de 2014-2015
Etekiama Agiti Tady et Birori Dady. Deux patronymes pour une même personne. Etekiama Agiti Tady est né en République démocratique du Congo en 1990, mais a rapidement fui son pays à cause de la guerre civile. Au Rwanda, et à la demande de la Ferwafa (la Fédération rwandaise de football), il devient Briori Dady et voit sa date de naissance avancée de quatre ans. Pourtant jusqu’en 2013, le joueur continue d’être sélectionné sous son nom d’origine, Etekiama, et continue d’évoluer dans le championnat de RDC sous le même patronyme. Un double jeu qui va finalement alerter les instances du football de l’autre Congo à l’occasion de la double confrontation entre le Congo et le Rwanda. Lors du deuxième tour de qualification pour la CAN en août dernier, Etekiama devient Briori Dady sur la feuille de match. Interloqué, la Fecofoot (la Fédération congolaise) dépose une réserve auprès de la CAF dès l’élimination des siens actés. Quelques semaines plus tard, le jugement est rendu. Le Rwanda est disqualifié, le Congo relancé dans la course à la qualification et Etekiama Agiti Dady suspendu de toutes ses activités pour deux ans. La belle affaire.
Pourquoi le Congo va être LA surprise
Goran Ivanišević a gagné Wimbledon en 2001 en marchant sur Marat Safin, Tim Henman et Pat Rafter. Kim Clijsters s’est baladé à l’US Open en 2009 en écrasant Na Li, Serena Williams et Caroline Wozniacki. Les deux étaient présents sur invitation. Sur wild card pour les initiés. Mieux qu’une wild card, le Congo arrivera ce dimanche en Guinée équatoriale avec le statut de lucky loser. Le fameux double L donc. Le même qui avait permis au Danemark de se transfigurer en 1992 pour aller braquer un Euro promis à la grande Allemagne enfin réunifiée. En 2015, tout le monde attend de voir ce que la Côte d’Ivoire post-Drogba a dans le ventre, mais personne n’imagine le Congo en surprise potentielle. Vainqueur du Rwanda sur tapis vert, mais surtout du Nigeria, une première à Abuja depuis 1981, en septembre, le Congo a pourtant déjà prévenu qu’il était capable de gros coups. Rien que pour ça, on miserait bien une piécette sur les Lions.
Par Martin Grimberghs