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CAN : la fiche du Cameroun
Le Cameroun en 2016, dans le fond, c'est un peu comme l'Allemagne avant la Coupe du monde 2014. Une équipe qui fait peur, qui a un nom qui résonne dans l'histoire, un palmarès, qui multiplie les belles générations, mais qui n'a rien gagné depuis longtemps. Et si 2017 rimait avec « fin de la disette » pour les Lions indomptables ?
La piste en terre battue
Les qualifs sont un long fleuve tranquille, du moins pour le Cameroun. Il faut dire que le tirage au sort avait évité aux Lions indomptables un parcours du combattant, en les laissant barboter dans une poule gentillette. La Mauritanie, la Namibie, puis l’Afrique du Sud en guise de hors-d’œuvre avant la grande compétition, un joli échauffement dont les Camerounais se sont tirés sans encombre. Aucune défaite en six matchs, deux matchs nuls contre l’Afrique du Sud, une belle montée en puissance des joueurs passés par la Ligue 1 avec les buts d’Aboubakar, Moukandjo, Toko Ekambi, Nkoulou ou Edgar Salli et le compte est bon. Le Cameroun termine premier de son groupe en ayant encaissé seulement deux buts, et débarque au Gabon gonflé à bloc.
Le joueur qui leur manque : pas Maxime Poundjé
Le Cameroun pourrait presque faire une équipe entière avec tous ses déserteurs. En effet, c’est toute une pelletée de joueurs majeurs qui va sécher la CAN. Sept exactement, avec des mots d’excuses plus ou moins crédibles dans les cahiers de correspondance. Le grand classique, c’est le refus de jouer en sélection pour ne pas couper la saison en club et préserver une place de titulaire. On parle là de Ndy Assembe (Nancy), d’Allan Nyom (West Bromwich), d’André Zambo Anguissa (Marseille) ou encore d’Ibrahim Amadou (Lille). Mais le plus couillu, c’est sans conteste Maxime Poundjé. Le Bordelais de vingt-quatre ans a refusé la sélection en expliquant qu’il préférait jouer pour la France. Sauf qu’il n’a pas été appelé en Bleu depuis 2011, et ses quelques matchs joués avec les U19. Mais l’espoir fait vivre, paraît-il.
Onze types
Ondoa – Oyongo, Nkoulou, Djetei, Fai – Salli, Mandjeck, Kom, Djoum – Aboubakar, Moukandjo.
L’inexpertise de : Yum Ouandié
(Fils d’Ernest Ouandié, opposant à Ahidjo fusillé en 1971 et devenu héros national. Dans les années 60, quand il était enfant, Yum est parti en Bulgarie. Il vit encore à Sofia, où il a travaillé comme agent de joueurs de football)
« Je pense qu’il y aura toujours du football au Cameroun, mais pour le moment, la question se pose surtout de l’arrivée d’une nouvelle génération. Mais je le répète, il y a toujours eu du foot au Cameroun, et il y en aura toujours ! Nos ambitions sont toujours les mêmes, aller le plus loin possible : la finale, puis remporter la Coupe. Et par rapport à tous les joueurs absents, je ne sais pas trop quoi en penser. Je ne suis pas au Cameroun en ce moment, et je ne sais pas vraiment quel est le problème. Ils préfèrent rester avec leur club, c’est ça ? Oui, je suppose que c’est quelque chose comme ça. Ça concerne surtout les joueurs qui jouent dans les grands championnats, en Allemagne, en Angleterre, en Italie. C’est un problème, évidemment. Mais de l’autre côté, il y a aussi un gros problème d’organisation dans notre pays pour rassembler les meilleurs joueurs. Et ça ne s’arrange pas. Quant aux jeunes qui arrivent, bien sûr, il y en a toujours qui sont un bon cru. Même les moins forts peuvent avoir leur chance, mais en fin de compte, c’est les meilleurs qui gagneront et auront leur place dans l’équipe. »
Le bestiaire, avec Georgika Kobann, co-fondateur du cirque Gruss et dresseur de fauves légendaire de l’institution
« Un lion, par définition, c’est indomptable ! Même par la force, car ils ont une force colossale. C’est quand même le roi de la savane ! Et des lions, il y en a partout en Afrique. Les Marocains se surnomment les Lions de l’Atlas. Les lions qui viennent de cette région sont différents, ils sont beaucoup plus hauts, avec une grosse crinière. Mais le dernier lion de l’Atlas a été abattu dans les années 50. Il y a plusieurs races de lion, ceux d’Abyssinie qui sont plus petits avec une crinière plus noire. Je ne sais pas s’il en reste beaucoup, ils sont en voie de disparition. Le lion camerounais, il peut ressembler à celui de l’Atlas, mais en plus petit, et très beau aussi ! Et le surnom « les Lions indomptables », ça leur va bien parce que quand on les voit jouer, ce sont des gens qui en veulent. Ils sont sur le terrain pour mouiller le maillot, ils suent pour gagner, ça fait plaisir de les voir jouer ! Quant au Sénégal, les « Lions de la Téranga », c’est un mot qui veut dire« hospitalité »en wolof. Ouais, bon…(rires)Je ne sais pas si les lions sont très hospitaliers ! »
La célébration que l’équipe va inventer : la Donald Trump
Personne ne l’imaginait devenir président des États-Unis d’Amérique, mais il l’a fait. Le 20 janvier, le Donald posera sa main sur la Bible, prêtera serment, et deviendra officiellement le 45e Mister President. Deux jours plus tard, le Cameroun célébrera sa victoire à lui. Celle d’une équipe amputée de plusieurs joueurs qui ont préféré rester peinards avec leur club plutôt que de venir respirer l’air gabonais, mais qui a quand même survolé sa poule. 22 janvier, dernier match du groupe A, après deux grosses victoires contre le Burkina Faso, puis la Guinée-Bissau, le Cameroun détruit le Gabon, pays organisateur, et les joueurs célèbrent le triomphe en se posant des mottes de paille sur le crâne. Pour chambrer Aubameyang et ses coupes de cheveux embarrassantes ? Non, pour jouer les Donald Trump qui roulent sur tout le monde sans se poser de questions. Make Cameroun great again.
Pourquoi ils vont… sauver Lorient
Lorient outragé, Lorient brisé, Lorient martyrisé… Mais bientôt Lorient libéré ? Pour l’instant, on en est loin. Cancre, lanterne rouge, voiture balai, bref, bon dernier du championnat à la trêve hivernale avec quinze malheureux points, les Merlus sont dans le dur. Mais Moukandjo ne compte pas ses efforts, et en est déjà à sept buts en Ligue 1 cette saison. Et si Benji était parti pour battre son record de treize pions de l’année dernière ? La CAN sera la rampe de lancement parfaite. Un gros démarrage dès les poules. Puis la Tunisie éliminée à lui tout seul par un doublé en quarts de finale. Enfin, une forme folle jusqu’à cette finale perdue contre l’Algérie venue venger le Maghreb United. Derrière, la France entière ne dort plus pendant des mois à cause des concerts ininterrompus de klaxons. Sauf à Lorient, où toute la ville se couche enfin paisiblement le soir depuis que Moukandjo poursuit sur sa lancée et offre le maintien aux hommes de Casoni.
L’hymne du tournoi
« Cameroun, champion du monde ! Cameroun, du monde champion ! » En 1995, Zebda rendait hommage à l’équipe du Cameroun. Et tant pis si le timing est moyen, puisque si le Cameroun avait réalisé un Mondial exceptionnel en 1990, il s’était totalement troué en 1994. Les Toulousains n’en ont pas grand-chose à faire, et scandent haut et fort « Nous on choisit le jeu qui régale et rigole » .
Zebda, Cameroun.
Par Alexandre Doskov