- International – CAN 2015 – Groupe D – Présentation
CAN : la fiche du Cameroun
Après un Mondial extraordinaire – ou pathétique, c'est selon – la troupe des Lions indomptables est de retour pour notre plus grand plaisir. Certes, amputée d'Eto'o, Song, Webo, Assou-Ekotto et II Makoun qui ont forgé sa renommée, mais toujours sous la houlette du Claude Le Roy teuton : herr Volker Finke. De quoi renouer avec le triomphe de 2002 ? Peut-être bien que oui.
L’indice Ebola : 91%
Parce qu’encore une fois, le problème viendra des anciens, de ce fameux conseil des sages qui, désormais, ne se réunit plus qu’au cimetière. La faune africaine pardonne rarement. Pour en avoir le cœur net, il suffit d’observer ce qui se trame derrière les hautes herbes. Lorsqu’un vieux lion meurt, s’il n’a pas été tué par un jeune premier trop impétueux, les autres mâles se disputent systématiquement sa place. C’est la loi de la savane. Et comme un lion n’est jamais rien d’autre qu’un gros chat, les indomptables risquent aussi de passer leur CAN à se cracher dessus en hérissant le poil. Le roi Samuel est mort, vive le roi !
Le portrait-robot
– 25% Chantal Biya
– 25% Zangaléwa- 49% Simba
– 1% Mufasa
Le gardien de but
À ceux qui disent que Fabrice Ondoa marche dans les pas de Carlos Idriss Kameni, Volker Finke répond oui. Un grand oui même. Dix-neuf ans seulement, et le natif de Yaoundé goale déjà dans les bois de Barcelone. Pas l’Espanyol, hein. Lui, ce sont ceux du Barça qu’il est en train de conquérir. Rien que ça. Repéré sur la terre brulée de la capitale camerounaise, petit Fabrice intègre la Fondation Samuel Eto’o en 2006, à onze ans tout juste. Trois saisons plus tard, ce sont les recruteurs blaugrana qui, à peine descendus du charter, lui proposent d’intégrer une autre fondation célèbre : la Masia. Même pas peur. Cadet, junior, le lionceau se rend indispensable et gravit les échelons jusqu’à remporter l’UEFA Youth League en 2014, trois buts à rien face à Benfica en finale. Compétition qu’il conclut évidemment en imposant sa frimousse dans le onze type. Aligné par son sélectionneur dès le début des qualifications, il reste inviolé en dégoûtant d’entrée de jeu les attaquants congolais, puis ivoiriens, et termine la phase de poules avec une seule balle dans le buffet en six matchs. Un phénomène. Mais – parce qu’il y a toujours un « mais » dans ce monde de merde – cette saison, Fabrice Ondoa, c’est aussi trente-six pions encaissés sur vingt rencontres disputées avec le Barça B.
L’équipe type
Ondoa – Bedimo, Nkoulou, Chedjou, Oyongo – M’Bia, Enoh, Mandjeck (ou Moukandjo) – Njie, Choupo-Moting, Aboubakar.
Le conte : le lion et la tortue
Parce que c’est lui qui la raconte le mieux…
Leur petite histoire de 2014-2015 : l’affaire Jacques Zoua
Du haut de ses vingt-trois printemps et de ses performances en Süper Lig turque, Jacques Zoua avait tapé dans l’œil de Volker Finke. Une poignée de sélections plus tard, le technicien germain finissait même par lui réserver un billet pour la Guinée équatoriale. Sauf qu’au moment d’officialiser la composition de la troupe, surprise. Son nom a été rayé de la liste au profit d’un autre lionceau, Cédric Djeugoué, pensionnaire du Coton Sport de Garoua. Un revirement de situation que la CAF explique par un vice de forme à l’intitulé sulfureux : « double identité » . Terme choc qui se traduit en fait par un léger problème de papiers. Après vérifications, l’âge de Zoua ne correspond pas à celui enregistré en 2009 lors de sa participation à la CAN junior. Mis en cause par une source proche du dossier, un membre du Comité de normalisation aurait sorti des dossiers contenant des « données frauduleuses au sujet de l’âge de Zoua » avant d’en « alerter la CAF » . Pourquoi ? « Parce que le traître en question est très proche de Cédric Djeugoue. C’est son Ndolè (son protégé, ndlr), poursuit l’informateur. Ce dernier a compromis la sélection de Jacques Zoua, afin que Djeugoue reste dans la liste des 23. Sans doute afin de toucher des rétro-commissions dans les primes du joueur de Coton Sport… » Le bordel, déjà.
Pourquoi… le lion est mort ce soir
« Et oui, le passé, c’est douloureux… Mais, à mon sens, on peut soit le fuir, soit tout en apprendre ! » Perché sur une branche de son imposant baobab, ce vieux sage de Rafiki a vu bien des grands fauves se casser les crocs sur cette maudite CAN. Pourtant, cette génération d’indomptables, il la sent bien. Sans trop pouvoir l’expliquer. Peut-être est-ce parce qu’entre deux rites chamaniques, ces yeux de mandrill ont eu une vision. Qui sait ? Au milieu des volutes de fumée, il a sans doute compris que la vieille garde s’est retirée au bon moment. Qu’Ondoa, Njie, Aboubacar, Oyongo ou Chupou-Moting sont des Simba en puissance. Que Nicolas Nkoulou et Aurélien Chedjou peuvent être aussi efficaces que le tandem Timon/Pumba. Qu’en fait, Stéphane M’Bia est nettement moins vicelard que Scar. Et que si le lion est mort ce soir, c’est pour qu’au sommet de son rocher, ses fils puissent à nouveau brandir le trophée à bout de bras.
Par Paul Bemer