- CAN 2017
- Groupe A
- présentation
CAN : la fiche du Burkina Faso
Les finalistes surprises de l'édition de 2013 reviennent cette année avec un effectif similaire. Grâce à quelques joueurs solides comme capitaine Kaboré, le Burkina Faso pourrait bien refaire un bon parcours.
La piste en terre battue
Il aura fallu deux cartons rouges infligés au Botswana et neuf minutes de temps additionnel au Burkina Faso pour décrocher sa qualification au bout du bout du dernier match de qualifications. Le 4 septembre dernier, sous un vent terrible et un gros orage, Banou Diawara a attendu la 99e minute pour libérer tout un pays. Un dénouement rocambolesque qui vient parachever un parcours bien compliqué pour les Étalons. Avec un but inscrit seulement lors de la phase aller, les hommes de Paulo Duarte ont profité d’une phase retour jouée exclusivement à domicile pour faire un beau neuf points sur neuf possibles, et décrocher la première place devant l’Ouganda.
Le joueur qui leur manque : Steeve Yago
Oui, Steeve Yago a bien été sélectionné par Paulo Duarte. Mais cela n’empêche qu’il va manquer les deux premiers matchs de la compétition à cause d’une suspension. Le 4 septembre dernier, lors du fameux match décisif contre le Botswana, le Toulousain a littéralement pété un plomb dans le temps additionnel. Après un duel avec un adversaire, il a stoppé sa course pour lui décocher un grand direct du droit en pleine tronche. KO technique. Du coup, le bagarreur risque de manquer grandement à sa sélection, qui va devoir se débrouiller sans lui pour se qualifier pour les quarts de finale.
🇧🇫 #CAN2017 : Rouge direct pour Steeve Yago, auteur d’un coup de poing sur un Botswanais. Qu’en pense @TonyYoka ? pic.twitter.com/Vlfh8lePV6
— Afrik-Foot (@afrikfoot) 4 septembre 2016
Onze types :
Koffi Kouakou – Steeve Yago, Bakary Koné, Issoufou Dayo, Patrick Malo – Adama Guira, Charles Kaboré – Jonathan Pitroipa, Alain Traoré, Prejuce Nakoulma – Banou Diawara
L’inexpertise de Humanist, rappeur franco-burkinabé
« – Bonjour, toi qui connais bien le Burkina Faso et le rap, parle-nous de ce rap de la sélection en 2010…
– Je ne reviendrai pas là-dessus. Ça fait longtemps, c’est passé et on ne ressort pas les casseroles, ici (rires). Surtout que je connais bien Pitroipa, et que c’est l’un de nos meilleurs atouts.
– Bon bah on va parler football alors… – C’est dans le secteur offensif qu’on est le meilleur, alors il faut miser là-dessus et jouer l’attaque et les contres à fond. On a des joueurs qui commencent à avoir de l’expérience comme Jonathan et Alain Traoré. Je pense qu’il faut être optimiste. Je connais un peu le groupe, et franchement il y a un bon esprit, une bonne camaraderie. Ça va vraiment se jouer au mental de toute façon. Et avec le soutien populaire intense qui s’est développé depuis 2013, toutes les conditions sont réunies pour qu’on refasse le même coup. Je l’ai vu contre le Botswana en septembre, j’étais au stade, c’était la folie. Suffit de bouffer du lion d’entrée contre le Cameroun et après, ça va dérouler. C’est ça le plus important, bien entrer dans la compétition.
– Et la chanson sinon, c’était marrant quand même ?- Bon, c’est vrai que c’était marrant. »
Le bestiaire : Les Étalons
Si les joueurs du Burkina Faso sont surnommés ainsi, c’est en référence à la légende de la princesse Yennenga et de son cheval. Selon les trois versions issues des tambourinaires des chefs, des chefs de terre et de la caste des forgerons, Yennenga est la fille du roi Nedega et est née entre le XIe et le XVe siècle. Pas du tout en accord avec le concept de femme au foyer, elle brave les interdits et obtient l’autorisation de son père de chevaucher à ses côtés, jusqu’à devenir une chef de guerre indispensable. Mais une dispute éclate un jour entre Yennenga et son père, poussant celle-ci à prendre la fuite dans la nuit, sur son étalon blanc. Perdue dans la forêt, elle tombe sur Rialé, un jeune et séduisant chasseur de sang princier, qui lui offre son hospitalité. S’ensuit une véritable histoire d’amour, et un enfant prénommé Ouedraogo, qui signifie « étalon » .
Comment Charles Kaboré va inventer l’Étalonnade
14 janvier 2017, l’atmosphère est tendue dans cette première journée du groupe A, entre le Burkina Faso et le Cameroun. On joue depuis 83 minutes, et le score est toujours figé, inchangé, nul et vierge. C’est un match dur, haché, engagé et imprécis. Jusqu’à ce que Charles Kaboré décide d’inscrire un but incroyable. Après un cafouillage sur coup de pied arrêté, l’ancien de l’OM se retrouve dos au but et a un réflexe dingue digne des plus beaux étalons. Il sent quelque chose dans son dos et ne peut s’empêcher de balancer un grand et violent coup de sabot en arrière. Ce quelque chose, c’était le ballon. Et il vient de partir transpercer les filets à plus de 100 km/h. L’Étalonnade est née.
Le Bongoefficient
80 %. Comme le pourcentage de coups d’État réussis au Burkina Faso depuis 1980. Cette année-là, puis en 1982, 1983 et 1987, chaque putsch s’est révélé payant pour ses auteurs. Surtout pour Blaise Compaoré, qui a tranquillement instauré sa dictature pendant vingt-sept ans, à base de violences policières, d’assassinats d’opposants, et de tirs à balles réelles sur des étudiants qui font grève. Mais, en 2014, un soulèvement populaire l’a fait fuir pour installer un gouvernement transitoire et lorsque son ancien chef d’état-major tente un coup d’État quelques mois plus tard pour reprendre le pouvoir, il échoue. Ainsi, le 30 novembre 2015, les Burkinabés ont pu enfin élire un président démocratiquement. Un Bongoefficient sur la pente descendante.
Pourquoi Pitroipa va se rappeler à notre bon souvenir
En 2013, Jonathan Pitroipa avait porté sa sélection jusqu’à la finale. Une belle surprise. Des dribbles de folie, une vitesse de gazelle et un bon sens du but, même dans les moments importants, bref il avait éclaboussé la compétition de tout son talent. D’ailleurs, le Stade rennais garde aussi un très bon souvenir du Burkinabé. Mais l’appel des billets émiratis a mis fin à cette belle sucrerie. Pas grave, en 2017, Jonathan est de retour, et va permettre à son pays de terminer premier du groupe en marchant sur le Gabon et la Guinée-Bissau. En quarts, il claque un doublé contre l’Algérie, mais ne peut éviter l’élimination en demi-finales contre la Côte d’Ivoire. Peu importe, Jonathan est de nouveau dans la place. Et peut partir signer un nouveau gros contrat en Chinese Super League. La carrière de rêve.
L’hymne du tournoi
La guerre, c’est nul. La paix, c’est bien. Ça paraît tout simple, mais Toussy le chante si bien.
Par Kevin Charnay