- International – CAN 2015 – Groupe B – Présentation
CAN : la fiche de la Zambie
Place à la Zambie sans Hervé Renard. Les Chipolopolos avancent sans trop de certitudes dans cette CAN 2015. Sauf pour le poste de gardien. Indéniablement un atout dans une CAN.
L’indice Ebola (capacité à mettre le bazar)
Elle n’est pas facile à lire, cette sélection zambienne. La Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Ghana… Ça oui, ça parle à tout le monde, car ces nations ont déjà participé à des Mondiaux et comportent des joueurs connus de tous. Pas la Zambie, qui est pourtant une sacrée valeur sûre du continent. Champions d’Afrique en 2012, les Chipolopolo avaient surpris leur monde cette année-là, mais y compris peut-être un peu eux-mêmes, pas habitués à être dans la lumière. Ils ont ensuite perdu un peu des vertus collectives qui font leur force, se manquant par deux fois : lors de la CAN 2013 (3 nuls, élimination au premier tour) et pour les qualifications à la dernière Coupe du monde. Depuis, c’est donc un retour à un statut d’outsider pour eux, et ça leur va bien. Dans un groupe B a priori très homogène (RD Congo, Tunisie, Cap-Vert), ça va déjà être coton de s’en extraire. Après, s’ils y arrivent, plus rien ne semble impossible… 25%
Portrait robot
– 50 % citoyens du monde, normal pour un pays aux huit frontières et une sélection composée de joueurs évoluant en Afsud, RdC, Israël, Chine, Inde, Suisse, Angleterre, Arménie…
– 50 % merveilles du monde, on parle quand même d’un pays où se trouvent les chutes Victoria et le fleuve Zambèze.- 0 % Coupe du monde, on attend toujours la première qualification des Chipolopolo à la reine des compétitions…
Le gardien de but
Kennedy Mweene vient tout juste d’avoir 30 ans et s’apprête à disputer sa… 6e Coupe d’Afrique des nations à titre personnel. Un monument, non seulement à l’échelle de la Zambie, mais aussi de l’Afrique, où il est reconnu comme étant un des meilleurs gardiens du continent (et peut-être bien le meilleur de la compétition étant donné l’absence du Nigeria de Vincent Enyeama). Il évolue depuis une décennie dans le championnat sud-africain et, franchement, il mériterait d’être testé dans un championnat européen… Décisif lors du tournoi 2012 (avec notamment un péno arrêté en demi-finale face au Ghana), il se distingue aussi avec son aptitude à marquer des penaltys, comme ce fut le cas lors de l’édition 2013, égalisant lors du match face au Nigeria (1-1). Une belle lulu en plus.
L’équipe type
Du 11 champion d’Afrique il y a trois ans, seulement trois manquent à l’appel : le défenseur Hichani Himoonde, le milieu Isaac Chansa et l’attaquant Christopher Katongo, ancien capitaine et élu meilleur joueur de la compétition à l’époque. La Zambie repart donc avec une équipe relativement stable et des cadres qu’on commence à bien connaître : le nouveau capitaine Rainford Kalaba, l’ancien Sochalien Stoppila Sunzu, aujourd’hui à Shanghai, Emmanuel Mayuka ou encore Nathan Sinkala, lui aussi ancien de Sochaux.
Mweene- Mbola, Sunzu, Malama, Munthali – Sinkala, Lungu, Kalaba, Musakanya – Singuluma, Mayuka
Le symbole : Chipolopolo
Littéralement, Chipolopolo veut dire « les boulets de cuivre » , en référence à la principale richesse du pays. Ce serait aussi un terme guerrier né lors des troubles de l’indépendance et faisant référence aux balles des fusils. L’autre surnom de la sélection, les « KK Eleven » – en hommage à Kenneth Kaunda, le premier président de la Zambie – sert aujourd’hui plus à désigner la tragique équipe de 1993 qui avait péri en avion. Le 27 avril de cette année-là, alors que l’équipe se déplace au Sénégal pour y jouer un match qualificatif à la Coupe du monde aux États-Unis, le Zambian Air Force Buffalo DHC-5D s’abîme en mer à 500 mètres des côtes de Libreville, au Gabon. La catastrophe fait 30 morts dont 18 membres de la sélection. Seuls la star Kalusha Bwalya et Charly Musanda, restés en Europe, échappent au funeste destin. Bwalya est l’actuel président de la Fédération nationale de football.
Leur petite histoire de 2014-2015
Le décès en exercice du président Michael Sata a occupé la majeure partie de l’actualité en Zambie. C’était le 28 octobre dernier, et la nouvelle a plongé le pays dans un deuil national qui n’a pas échappé au monde du football, avec une journée de championnat reportée dans la foulée. « King Cobra » , comme on l’appelait, n’était pas un monstre de démocratie ni de tolérance, mais ce décès intervenu à Londres a forcément été un choc, avec un état qui a dû improviser en nommant provisoirement son vice-président Guy Scott pour lui succéder, en attendant des élections qui devraient avoir lieu très prochainement. Un président intérimaire qui ne passe pas inaperçu puisqu’il est blanc, une première sur le continent depuis la chute de l’apartheid en Afrique du Sud en 1994. Il est né dans ce pays qui s’appelait alors la Rhodésie du Nord, mais n’a pas pu postuler les élections, car ses parents ne sont pas zambiens, comme le stipule la Constitution du pays. Il est de toute façon déjà fortement contesté…
Pourquoi… Emmanuel Mayuka peut finir meilleur buteur de la CAN
Parce qu’il va bien falloir à un moment que le petite prodige du football zambien se réveille enfin. Révélation de la CAN 2012, il paraissait avoir carrière lancée depuis, avec un joli transfert en Premier League du côté de Southampton. Il ne parvient pourtant pas à s’imposer et a été prêté la saison dernière à Sochaux, où il s’est encore montré assez discret. Le talent est là pourtant, incontestable, mais le garçon doit forcer sa nature timide. Bonne nouvelle, il a marqué en octobre son premier but en sélection depuis deux ans. Le voir cartonner à cette CAN constitue certes une grosse cote, mais il faut savoir prendre des risques.
Par Régis Delanoë