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CAN, Copa America, Mondial 2018 : le niveau du football de sélections est-il mauvais ?
Les compétitions internationales se suivent et se ressemblent : les spectateurs s'ennuient, devant leur écran de télévision. Et ce sont les équipes les plus solides défensivement qui l'emportent, à la fin. Au détriment du spectacle, qui est de moins en moins présent.
Avec ses six bagues de champion NBA et son statut de plus grand basketteur de l’histoire, Michael Jordan a visiblement la recette pour remporter un titre. Elle est simple : « L’attaque fait lever les foules, la défense fait gagner des titres. » Force est de constater que cette recette fonctionne aussi pour le football, et notamment pour le football international. À l’image de l’Algérie, récent vainqueur de la Coupe d’Afrique en ayant encaissé deux petits buts en sept rencontres. Mais aussi du Brésil, qui n’a concédé qu’un but (un penalty, en finale) en six matchs de Copa América. Ou encore du Qatar en Coupe d’Asie (un but, en sept matchs), et des États-Unis en Coupe du monde féminine (trois buts, en sept matchs). Cela ne fait donc aucun doute : Michael Jordan a raison.
Prime à la défense
Non, ce n’est pas interdit d’avoir une belle défense. Et ce n’est pas la faute du Brésil s’il peut se permettre d’aligner une arrière-garde composée de Dani Alves, Marquinhos, Thiago Silva, Alex Sandro et Alisson Becker. Mais avoir une bonne défense n’interdit pas non plus aux équipes de proposer un jeu attractif. À l’image de l’Espagne, qui a remporté la Coupe du monde 2010 en n’encaissant que deux buts sur tout le tournoi tout en développant du jeu. Ou encore du Qatar, qui a offert du jeu durant toute la Coupe d’Asie. Mais le Qatar reste une exception, parmi les récents vainqueurs des compétitions internationales. Le Brésil, l’Algérie, la France en 2018 ou encore le Portugal en 2016 : aucune de ces équipes n’a vraiment impressionné par son jeu, durant les compétitions.
Comment leur en vouloir ? Récemment, les équipes qui proposent du jeu se font en effet rapidement éliminer des compétitions internationales. Que ce soit l’Espagne et l’Allemagne au Mondial 2018, ou encore le Qatar et le Japon en Copa América qui n’ont pas passé le cut des poules en proposant malgré tout le meilleur jeu des douze équipes présentent en Amérique du Sud. Malheureusement ou logiquement, ces éliminations profitent aux équipes plus solides et plus efficaces face au but. Résultat, cela donne davantage d’équipes qui jouent la défense et moins qui tentent de produire du jeu. Tant pis pour le téléspectateur souhaitant regarder une compétition internationale sans être dans la peau d’un supporter. Car à part les Brésiliens ou les Algériens, qui peut prétendre avoir passé un bon moment devant son écran de télévision en regardant la Copa América ou la Coupe d’Afrique des nations ? À ce propos, notons que la finale de la CAN a été encore plus ennuyante qu’un Guingamp-Toulouse.
L’enjeu prend le pas sur le jeu
Le problème, finalement, réside dans la différence observée entre le jeu offert par les sélections lors des matchs amicaux ou de qualifications et lorsque la compétition débute. Car non, le Brésil, le Portugal, l’Algérie ou encore la France ne constituent pas tout le temps des équipes défensives. Mais une fois que la compétition est lancée, l’enjeu prend clairement le pas sur le jeu et la solidité défensive est de rigueur. Les supporters et fans, eux, s’en moquent royalement. Il n’y a qu’à écouter le chant des Portugais durant l’Euro 2016, lorsque la Selecção était critiquée pour son jeu défensif : « Pouco importa se jogámos bem ou mal, vamos levar a taça para o nosso Portugal ! » (Peu importe si nous jouons bien ou mal, nous allons soulever la coupe pour notre Portugal !, en VF).
Un chant repris par Cristiano Ronaldo et ses potes dans le bus, après la victoire finale face à la France. La vérité est là : il est impossible de trouver trace d’un supporter portugais peu ravi d’avoir remporté l’Euro 2016 malgré un jeu pas vraiment clinquant. Idem pour les supporters de l’équipe de France ou de l’Algérie, qui se moquent bien que les Fennecs n’aient tenté qu’une frappe lors de la finale face au Sénégal. En revanche, le spectateur lambda, lui, s’embête un peu beaucoup devant le manque de spectacle. De plus en plus souvent, même.
par Steven Oliveira