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- Mauritanie-Algérie (1-0)
L’Algérie de la peur aux pleurs
Éliminée dès le premier tour de la Coupe d’Afrique des nations pour la seconde édition consécutive après sa défaite surprise contre la Mauritanie (1-0), l’équipe d’Algérie a renoué avec une faille qu’elle pensait derrière elle : la peur.
Les yeux larmoyants et la tête vers les nuages, les joueurs algériens étaient semblables à leurs 45 millions de compatriotes ce mardi soir : incrédules. De leur impuissance, la vaillance du rival mauritanien, le poids de la défaite (1-0) et surtout, leur peur. Eux qui n’avaient besoin que d’un nul pour se qualifier en huitièmes de finale ont craqué. Un choc psychologique lisible à bien des égards, et qui a fait des Verts un géant aux pieds de polystyrène. Tout l’inverse de l’ADN local, en résumé.
2022 : année de trauma
Avant de s’écraser comme une fatalité sur le crâne des Algériens au stade de la Paix de Bouaké, cette inquiétude était déjà palpable. Pour la comprendre, il faut remonter au 16 janvier 2022. Ce jour-là, la Guinée équatoriale faisait tomber les hommes de Djamel Belmadi (1-0), précipitait leur sortie en phase de groupes de la CAN camerounaise et, sans le savoir, traumatisait un contingent de footballeurs pourtant maîtres d’Afrique trois ans durant. Le mois de janvier passé, arrivait alors mars et un barrage de Coupe du monde contre le Cameroun. Nouveau fiasco.
Ce mardi 23 janvier 2024, la Mauritanie n’avait donc qu’à appliquer la recette : ouvrir le score rapidement – à la demi-heure de jeu dans ce cas – et regarder les efforts d’Aissa Mandi, Baghdad Bounedjah ou Hicham Boudaoui s’étioler au fil de la partie. Pas un manque de volonté, non, mais un véritable blocage psychologique, faisant abdiquer la sélection algérienne avant même de la voir tenter. Les amoureux d’El Khadra y ont pourtant cru, après avoir vu Bounedjah égaliser dans le temps additionnel de la précédente rencontre face au Burkina Faso. Regain de force ? Jamais ! Quand on les chasse, les défauts reviennent en sprintant.
Un mal pour un bien obligatoire
Sonnés, lessivés, résignés, dans les vapes, les Algériens ont ainsi épuisé le champ lexical de l’abattement. Et comment leur en vouloir ? Eux dont le football reste l’un des (si ce n’est le) principaux porte-étendards. Sportivement trahis par 26 bonshommes et un chef de rang, il est donc plus que légitime de leur offrir du changement, de l’inédit et de la maîtrise. Tout ce dont ils manquent actuellement. La victoire de la Mauritanie pourrait avoir les conséquences bénéfiques tant exigées depuis cette maudite année 2022.
En axe majeur, le départ de Djamel Belmadi, qui aurait déjà démissionné selon certains bruits de couloir, même s’il faudra attendre l’officialisation. Vissé sur le banc par le sacre acquis lors de la CAN 2019 – et pour lequel l’Algérie le remercie –, le sélectionneur s’est enfermé dans tout ce qui paraissait faire sa fraîcheur au début. Une autorité ferme, une communication certaine, et des joueurs soudés autour de sa personne. Cela ne ressemblait ces derniers temps qu’à de l’omnipotence. À l’image de son stress véhiculé match après match en bord de touche, de ses excuses trouvées à chaque contre-performance, de sa défiance vis-à-vis de la moindre critique et, en point d’orgue, de son manque de remise en question permanent. L’heure est donc venue, peut-être, de déposer sa lettre de démission sur le bureau et d’offrir une nouvelle ère aux Algériens. C’est à eux que l’équipe nationale appartient.
L’Algérie et le Cameroun officiellement qualifiés pour la CAN 2025Par Adel Bentaha