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CAN 2013 : des stades-coquilles vides ?

Par Arnaud Clement
CAN 2013 : des stades-coquilles vides ?

Avec le retour d'une compétition de football sur ses terres à compter du 19 janvier, l'Afrique du Sud voit resurgir un débat alors que l'affluence est annoncée en deçà des prédictions : quelle utilité pour tous ces stades dernier cri construits à l'occasion du Mondial 2010 ?

À quelques jours du début de la 29e Coupe d’Afrique des nations, deux questions taraudent quelque peu l’opinion sud-africaine. La première, sportive, porte sur le comportement à venir de ces Bafana Bafana emmenés par Mphela. Une devinette qui suscite au moins autant d’interrogations que la seconde : les stades seront-ils pleins ? Ou bien désespérément vides, comme c’est le cas depuis que cocktail Shakira-vuvuzela-Oh Africa a été remisé au placard ? Car c’est bien de cela dont il est question : d’écrins cinq étoiles financés à grands coups de milliards de rands, la monnaie locale, pour un coup de projecteur et une utilisation ultra-ponctuels. Des arènes que les autorités sportives ou politiques peinent à rendre intéressantes financièrement parlant depuis.

C’est d’ailleurs pourquoi lorsque l’Afrique du Sud a hérité du bébé CAN, pendant la révolte libyenne, plusieurs villes ont freiné des quatre fers face à l’idée de jouer les hôtes. C’est le cas du Cap ou de Durban, qui n’en sont pas malgré leur stade respectif flambant neuf, ou de Johannesburg, qui n’accueillera au Soccer Stadium que la journée inaugurale et la finale. « Il n’y a pas de problème pour accueillir cette compétition, mais nous avons besoin d’un soutien financier » justifiait même de but en blanc la municipalité du Cap au moment de la sélection des villes-candidates. Celle-ci a tiqué à l’idée de débourser 4 millions d’euros supplémentaires pour l’accueil des nations, la sécurité ou l’entretien des infrastructures et seulement quelques rencontres au Green Point Stadium, selon un article de Sébastien Hervieu, correspondant sur place du quotidien Le Monde. La goutte de trop lorsqu’on s’aperçoit du sort de cette enceinte et de plusieurs autres depuis l’été 2010.

Le calme après la tempête

Ainsi, sur les dix stades rénovés ou construits pour l’occasion de la première Coupe du monde africaine de l’histoire, seulement six voient leur pelouse foulée régulièrement par des clubs résidents de rugby ou de football. Et encore que les gradins restent la plupart du temps vides lorsqu’il s’agit de ballon rond. Pour le reste, les collectivités sont contraintes de subir les coûts de maintenance de leurs infrastructures géantes, comptant sur quelques manifestations pour amortir le tout. Ainsi, si on prend pour exemple le Peter Mokaba Stadium de Polokwane, lieu de la déroute des Bleus face au Mexique il y a deux ans et demi, les administrations locales doivent s’acquitter de la rondelette somme de 2,3 millions d’euros pour entretenir le joujou. Dans un pays classé 112e sur 169 en termes d’indice de développement humain, où le Sida, les inégalités entre communauté et le taux de chômage dépassant les 20% sont plus que jamais d’actualité, ça fait tache.

Pour tenter de rentrer dans les frais – tout du moins pour les limiter – les autorités en sont remises à organiser des manifestations ponctuelles, les clubs de football et de rugby locaux ne désirant pas lâcher leurs sièges et stades pour ces coquilles vides sans âme. Ainsi à Polokwane, on estime que l’organisation de deux événements par mois rassemblant au moins 15 000 personnes permettent de rentabiliser l’investissement. Chose qui est faite, non sans difficulté, le Peter Mokaba Stadium ayant par exemple accueilli des matchs de la Ligue des champions africaine, des concerts ou encore des matchs délocalisés des Kaizers Chiefs, l’un des clubs de soccer parmi les plus renommés de la nation arc-en-ciel. Encore que pour faire venir cette institution de son camp de base de Soweto, township le plus connu au pays de Mandela, il faut encore débourser 50 000 €, sans les coûts de transport et d’hébergement, aussi à la charge des collectivités. Un phénomène qui a même conduit à l’instauration d’un marché, où la demande doit s’adapter à l’offre, chaque club ayant un tarif « délocalisation » selon sa notoriété, d’après une enquête du Mail & Guardian, site d’info sud-af’.

Des billets pourtant moins chers

Mais comme dirait le beau-père de Didier Bourdon dans Les 3 Frères, là n’est pas la question, Geneviève. Le problème est ailleurs puisqu’à l’occasion de la compétition continentale à venir, la crainte de voir les stades dépeuplés est désormais bel et bien présente pour le comité d’organisation. Mis à part pour les affiches des chouchous locaux, du tenant du titre zambien, venu avec 15 000 soutiens, ou de l’Éthiopie, dont la réservation a commandé 30 000 tickets pour fêter le retour à la fête de sa sélection 31 ans après la dernière fois, des milliers de billets n’ont pas encore trouvé preneurs, malgré des tarifs raisonnables variant de 4 à 25 $ (ndlr : de 10 à 60 $ lors de la précédente édition au Gabon et en Guinée équatoriale). Ainsi, les places vendues à Rustenburg, qui accueillera les rencontres du groupe D, le plus intéressant regroupant l’Algérie, la Côte d’Ivoire, le Togo et la Tunisie, ne représentent qu’un quart des 200 000 contremarques écoulées en fin de semaine dernière. Les supporters de ces nations rechignant à se déplacer face aux coûts prohibitifs des transports pour rallier l’espace le plus méridional de l’Afrique, il y a peu de chances de voir les Éléphants défier les Fennecs devant des foules, sauf s’il est question d’ouverture des portes à cinq minutes du coup d’envoi.

Se pose donc la question de la viabilité de tels ouvrages. N’est pas le Qatar qui veut et tout le monde ne peut pas démonter ses stades façon Lego pour les envoyer dans des pays en besoin d’infrastructures comme devrait le faire l’organisateur de la Coupe du monde 2022. Sur ce point, la FIFA fait la sourde oreille : « La FIFA ne demande pas tel ou tel stade. Nous attendons des hôtes qu’ils aient leur propre plan pour gérer ces stades à long terme. La FIFA n’est pas habilitée à contrôler l’usage de l’argent public » précisait en décembre dernier le responsable du service « Responsabilité sociale » à la FIFA, Federico Addiechi, lors d’un entretien accordé au site Worldsoccer.com. Autrement dit, l’Afrique du Sud a intérêt de se débrouiller avec ses centaines de milliers de sièges vides sur le dos.

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Par Arnaud Clement

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