CAN’ 08 : La Côte d’Ivoire sans convaincre
Le problème quand deux équipes plutôt similaires se rencontrent, c'est qu'elles ont tendance à se neutraliser et à pratiquer un jeu plutôt brouillon. Dans ce cas-là, il ne reste plus qu'à attendre l'exploit individuel, et à ce petit jeu ce sont les Ivoiriens via Salomon Kalou, qui ont été les plus forts...
Pour tout dire, on s’est un peu emmerdé à la vision de ce Côte d’Ivoire-Nigeria, qui promettait pourtant un bon paquet d’étincelles. Las, on a alors laissé notre esprit vagabonder à son gré face au jeu terne pratiqué par ces deux escouades à la ressemblance frappante.
Tenez, les arrières gauches par exemple, Boka du côté des Eléphants et Taiwo chez les Super Eagles. Boka, ça faisait un petit bout de temps qu’on ne l’avait pas vu ; pour tout dire depuis son départ de Strasbourg – ok, on suit pas des masses les matchs du VFB Stuttgart, personne n’est parfait – eh bien comme Taiwo, il fait partie de cette génération qui a bavé devant les exploits cathodiques dominicaux de Roberto Carlos dit “la rafale”. Du coup on se retrouve avec deux joueurs au profil similaire, à savoir, je tente la frappe dès que je suis un petit peu dans l’axe et à moins de trente mètres des cages, j’ai un gros potentiel offensif, je cours dans tous les sens (ok pas toujours dans le bon)…mais je suis définitivement une grosse quiche en défense. À ce petit jeu c’est quand même ce cher “Tatayet” Taiwo qui sera le meilleur – ou le moins maladroit c’est selon – sur ce match. En témoigne sa frappe de mule à la 16è sur un coup franc excentré côté droit aux 25 mètres qui trouve la transversale et laisse pantois le portier ivoirien Barry Copa.
Plus généralement, au niveau du jeu, c’est le même schéma à une nuance près des deux côtés du terrain. La Côte d’Ivoire évolue en formation « sapin de noël » à la milanaise, avec en première période un trident Yaya Touré-Gohouri-Zokora, aidé par le frérot Touré dans le rôle du perforateur-organisateur-récupérateur ; au four et au moulin quoi…
En attaque, une triplette Aruna-Drogba-Salomon Kalou. Avec le petit frère de Bonaventure qui décroche de son côté gauche pour repiquer dans l’axe et voler à la rescousse d’un Drogbabar pas tellement roi des éléphants que ça sur ce match. Ce sacré Salomon, qui va d’ailleurs en profiter pour y aller de son petit exploit personnel ; à la 66è, il part ainsi tranquillement des 30 mètres, pénètre, enfume un, deux et enfin trois Super Eagles et se joue au final en toute quiétude du gardien nigérian Ejide du plat du pied. Autant dire qu’à ce moment de la partie, on est vert chez les rapaces.
D’ailleurs, comment se démerdent-ils ceux-là ? On a dit tout à l’heure que les deux équipes évoluaient dans le même schéma à une différence près, mais quelle est-elle ? Eh bien, cette nuance est apportée par Old Kanu (le seul joueur de plus de trente ans ‘fiscaux’ présent côté nigérian au coup d’envoi), qui, trahi par ses cannes de vioque, est redescendu de fait au milieu de terrain pour figurer à la pointe d’un triangle également composé d’un Obi Mikel décevant et du joueur de Wolverhampton Seyi Olofinjana. Alter ego sur le pré de King Salomon côté Fela Boys, “Oba-Obafemi” Martins a failli voler la vedette au joueur des Blues quand à la 61è, soit cinq minutes avant l’ouverture du score, sur une contre-attaque menée tambour battant, il est lancé en profondeur dans l’intervalle par le “Yak”, mais perd son duel face à Copa, pas un jambon pour le coup. Le schéma tactique élaboré par la fouine Berti Vogts laisse quand même un peu perplexe. Est-il ainsi vraiment judicieux de faire jouer Martins et Utaka sur les ailes ? L’avenir le dira quoi qu’il en soit.
À part ça, pas grand chose à se mettre sous la dent dans ce match au sommet du groupe de la mort. Les Ivoiriens réalisent néanmoins la bonne opération du jour, tant d’un point de vue comptable que psychologique (facteur à ne pas négliger pour parer aux sorts occultes vaudous jetés par les éminents membres du board africain des marabouts). Après la victoire du Mali face au Bénin, les Super Eagles ont de leur côté plus que jamais la pression et ont intérêt décrocher un bon résultat face aux autres rapaces ouests africains vendredi prochain sous peine de rentrer à Abuja illico presto. D’ici là, puisque la mystique est de rigueur sur le Continent Noir, “you got to pray, just to make it today” comme disait un certain MC Hammer…
Pablo René-Worms
Par