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Cambiasso, ce héros !
Le Divin Chauve de l'Inter s'est magnifiquement distingué jeudi soir contre la Fiorentina (2-1). Un match plein et un but de malade signés par le taulier argentin qui lui valent bien un petit hommage…
Un bouche-trou 5 étoiles !
« Si tu regardes bien, la majorité de mes buts sont des affreux goals de numéro 9, quand tu ne fais que pousser la balle au fond… » Sacré Esteban ! Parce que le but qu’il a planté contre la Fio, jeudi soir, contredit sa déclaration dans So Foot de février dernier. Amorti poitrine et retourné ciseau spectaculaire du gauche qui file à ras du poteau de Neto : 1-1, et le Meazza qui explose avec le clan Moratti tout là-haut au poulailler ! Et dire que Cambiasso est milieu déf, droitier et âgé de… Oh ! Esteban n’a plus d’âge, en fait ! À 33 ans, il cavale toujours autant, sprintant comme un malade pour célébrer son but. Extatique, prenant Dieu et les supporters à témoin, il embrasse la tunique sacrée à plusieurs reprises. Lui en a le droit : le fidèle et loyal Nerazzurro depuis 2004 n’a jamais trahi. Qui se souvient des larmes d’Esteban sur le banc, juste après s’être fait remplacé par Poli lors d’un Inter-Catane en mars 2012 (2-2) ? Les supporters l’avaient chaudement ovationné pour déjuger le coaching de Rainieri. Un élan de sympathie spontané qui fit craquer notre milieu argentin… Jeudi soir, le désormais capitaine intériste a prouvé qu’il était encore le boss du milieu, et ce, dans des circonstances qu’il devinait favorables : en inscrivant son sixième but contre la Fio, il a confirmé que La Viola est l’équipe contre laquelle il a marqué le plus de buts durant sa carrière en 18 matchs. Esteban était donc pile au rendez-vous, s’adjugeant souvent les meilleures notes des médias sportifs de la Péninsule (entre 6,5 et 8/10). L’Inter est 4e, avec 14 points à 4 unités du leader, l’AS Roma. Pas si mal après le 1-1 à Cagliari hier…
À la fin du match contre la Fiorentina, c’est Cambiasso qui a rassemblé les siens pour saluer le public et féliciter les adversaires valeureux. Le « vieux » Zanetti, remplaçant mais heureux comme un môme après cette victoire, n’aura pas manqué d’apprécier la symbolique transmission de relais à son « cadet » et compatriote : classe et longévité assurent et consolident cette période de transition pilotée par Walter Mazzari. Un Mazzari pas mal dans le coaching et plus que jamais « padre » et « professore » , tour à tour paternaliste avec ses joueurs et hyper concentré sur la rencontre du bord de la touche. Avec son Esteban en chef de clan sur le terrain, Walter redonne vie à la devise de son glorieux ancêtre de la grande Inter des sixties, Helenio Herrera : « Un club, une famille » . Sur le terrain, donc, son Esteban, bien calé en milieu axial, s’est astreint à neutraliser les montées d’Aquilani et réussir à ce que le ballon ne lui parvienne pas au cœur du bloc intériste. Fidèle à son registre « d’équilibreur d’équipe » ( « j’essaye toujours de boucher les trous » , et modeste avec ça !), il a compensé aussi les sorties de ses défenseurs tout en faisant le ménage devant sa défense. Cambiasso n’a pas non plus hésité à se joindre aux incursions offensives des siens pour apporter le surnombre. Le tout dans un match haletant, d’une intensité incroyable, sans temps morts ni chichis, preuve supplémentaire que la Serie A revient progressivement à son meilleur niveau. Et avec un grand Cambiasso toujours dans le coup…
Diego, ce blaireau !
Parler de l’increvable Cambiasso en septembre 2013, c’est regretter jusqu’à la fin des temps la nullité crasse de Diego Armando M. qui l’a scandaleusement zappé pour le Mondial 2010. Il paraît qu’Esteban éclata en sanglots à l’annonce de la liste funeste du sélectionneur-clown. En tout cas, l’homme brisé fit publiquement part de son immense déception… Même pas dans les 23 avec l’Albiceleste alors que la saison du triplé 2010 avec l’Inter (coupe-championnat et C1) l’avait consacré officieusement meilleur milieu défensif au monde, haut la main ! Très précisément dans le rôle de « voltigeur » qui fit de lui le vrai héros de la qualif au Nou Camp contre le Barça en demies retour de C1 (0-1) : en électron libre n’hésitant pas à sortir du bloc défensif pour briser les relations milieu-attaque des Blaugrana retardés et parfois carrément désorganisés. Des ballons grattés judicieusement, des transmissions adverses contournées plutôt que directes et le tout sans commettre l’irréparable, c’est-à-dire le rouge qui échut à ce benêt de Thiago Motta. Du grand art ! Mourinho ne s’était pas trompé en s’appuyant sur sa paire axiale au milieu : l’artiste créateur Sneijder et le ramasse-miettes de luxe Cambiasso. Déjà, à l’été 2004, le Real s’était mordu les doigts en laissant partir à l’Inter l’Argentin qui avait succédé plutôt pas mal à l’immense Makelele au poste de numéro 6. Ce ne sont pas ses qualités techniques (que Cambiasso lui-même juge modestes) qui avaient séduit Mourinho. Plutôt son intelligence du jeu, tel que l’Argentin la décrivait fort à propos quand on évoquait avec lui la baisse du niveau technique du foot en général : « Le plus préoccupant, ce n’est pas la technique. Pour moi, le plus grave, c’est de ne pas comprendre le jeu. Et aujourd’hui, on ne cherche plus à interpréter les matchs, à jouer avec astuce. »
Diego Armando M. s’est donc passé de ce stratège-qui-pense au Mondial 2010 ! Alors qu’un mois plus tôt, l’Inter avait battu 2-0 un Bayern-Mannschaft en finale de C1… On se rappelle cruellement comment le milieu de terrain argentin déséquilibré s’était fait bouffer en 8es contre une Allemagne qui s’était goinfrée d’un cruel 4-0. Pour enfoncer le clou, on se rappelle également que Diego Armando M. avait aussi zappé Javier Zanetti pour ce Mondial sud-africain. L’Idiot International avait même improvisé le choix désastreux, toujours contre l’Allemagne, de placer l’axial Otamendi en latéral droit… où avait justement brillé l’Imperator Javier ! Sans Cambiasso, Diego Armando M. s’était aussi privé d’un créateur occasionnel et parfois buteur décisif, toujours présent sur les seconds ballons, à la manière d’un Scholes : c’est Esteban qui avait marqué le but crucial du 2-1 en 8e aller de C1 contre Chelsea d’une double reprise du gauche aux 16 mètres. Et dire que Cambiasso avait débuté en pro aux Argentinos Juniors, comme « l’autre » … Et dire que Esteban avait marqué le plus beau collectif du Mondial 2006 contre la Serbie-Monténégro (6-0) après une séquence de toque de 24 passes. Avec Esteban Cambiasso, l’Argentine aurait été championne du monde 2010. Peut-être…
PS : la Coupe du monde 2022 n’aura pas lieu au Qatar.
Par Chérif Ghemmour