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Callejón, deux pour le prix d’un
En ce moment, Jose Callejón, nouvel attaquant du Napoli, est en feu. L’ancien du Real marque but sur but, et enchante le public napolitain. Ce que l’on sait moins, c’est qu’un autre Callejón brille avec un autre maillot bleu. Il s’appelle Juan Miguel, joue en Bolivie et est… le frère jumeau de Jose. Folie.
Des jumeaux célèbres, dans le foot, on en a connu un paquet. Les Brésiliens Rafael et Fabio, les De Boer, les Filippini, les Zenoni, les Altıntop, les Degen (et les jumeaux Derrick, pour les puristes)… Mais il existe des cas plus rares où l’un des deux jumeaux avance dans l’ombre de l’autre. C’est l’incroyable histoire des jumeaux Callejón. Depuis le début de la saison, la ville de Naples et toute la Serie s’extasient sur les prestations de Jose Maria Callejón, qui débarque tout juste du Real Madrid. Reprises de volée, frappes en lucarne, dribbles : l’attaquant a déjà fait admirer tout l’attirail de son répertoire. Or, au début de la semaine, le site SportMediaset sort une nouvelle improbable. « Pour le prochain mercato, le Napoli suivrait de près Callejón » . OK. Le mec qui a écrit ça a certainement réactualisé une nouvelle de l’an dernier, il s’est planté, on passe à autre chose. Mais non. C’est bien vrai. Naples suit actuellement les prestations de Juan Miguel Callejón, le frère jumeau de Jose. Un vrai jumeau, qui a exactement la même tête que son frangin. Il joue actuellement au Club Bolivar, en Bolivie, après avoir fait un détour par la première division grecque la saison passée. Un parcours étrange, pour un joueur qui a décidé de faire sa route en solo. Mais qui se retrouve maintenant exilé en Bolivie.
L’un s’envole, l’autre s’enfonce
Il faut dire qu’à Naples, on aime les dynasties. Le club a récemment accueilli les Cannavaro, Fabio et Paolo, mais aussi les Insigne, avec Lorenzo, et son petit frère Roberto, actuellement prêté à Perugia. Mais une fratrie Callejón, ça, on ne s’y attendait pas. D’autant qu’à Naples, personne n’était au courant de l’existence de ce jumeau caché, parti cet été en Amérique du Sud. Retour en arrière. 11 février 1987. À Motril, commune andalouse de 60 000 habitants, maman Callejón donne naissance à des jumeaux : Jose Maria et Juan Miguel. Très vite, l’avenir des deux gamins se dessine : ils seront footballeurs. En 2002, les frangins, inséparables, intègrent le centre de formation du Real Madrid. Ils ont alors 15 ans, et les dirigeants du Real Madrid pensent tenir là deux pépites pour les années à venir. Quelques années plus tard, lors de la saison 2007-08, les frères Callejón sont même alignés ensemble avec le Real Madrid B, en troisième division. Juan Miguel, milieu de terrain offensif, marque 8 buts, Jose, attaquant, en plante 21 et termine meilleur buteur. Les deux font la paire.
Mais lors de l’été suivant, leurs chemins se séparent. Juanmi signe un contrat de quatre ans avec Majorque, tandis que Jose choisit l’Espanyol Barcelone. C’est là que, clairement, leurs courbes de progression vont totalement se diviser et s’opposer. Dès sa première saison à l’Espanyol, Jose montre qu’il a de très bonnes dispositions. Il joue régulièrement et marque quelques buts. À l’inverse, pour Juanmi, c’est compliqué. Il ne dispute qu’un seul match sur l’ensemble de la saison : 50 minutes face à Numancia. C’est évidemment trop peu. La saison suivante, il est prêté à Albacete. Pendant que Jose grandit et s’épanouit avec l’Espanyol, lui galère, se retrouve prêté à Córdoba. En 2011, pendant que l’un retourne au Real Madrid, l’autre se retrouve à Hercules, en deuxième division. Forcément, l’Espagne et le monde entier découvrent celui du Real, et n’entendent pas parler de l’autre. Un peu, malheureusement, comme s’il n’avait jamais existé.
Loin l’un de l’autre
Lors de sa première saison à Hercules, Juanmi Callejón dispute 14 matchs et marque un but. Mais ses prestations ne sont pas éclatantes, à tel point qu’à partir du 11 mars 2012, il n’est plus jamais aligné par son coach. Un an plus tard, lors du mercato hivernal, il décide donc de tenter une nouvelle expérience, et se barre en Grèce. Il atterrit à Levadiakos, club de bas de tableau de première division. Il ne dispute que 477 minutes de jeu en l’espace de cinq mois et réussit, comme seul fait d’arme, à offrir une passe décisive lors d’une rencontre face au Skoda Xanthi. À la fin de la saison, il n’est pas conservé par le club grec (triste), et décide d’aller tenter une nouvelle aventure… en Bolivie. Le voilà donc à Bolivar, troisième du dernier championnat bolivien. Au même moment, son frangin José signe au Napoli, et continue de faire parler de lui.
Mais enfin, Juanmi va réussir à trouver son rythme de croisière. Peut-être parce que, là-bas, personne ne le compare à son frère… Lors des 14 premières journées de championnat, il a déjà marqué 4 pions, et impressionne notamment par son niveau de jeu. Bolivar est en tête du championnat, et les observateurs sud-américains attribuent à Callejón une bonne partie de cette réussite, notamment sur les dernières semaines, au cours desquelles il a inscrit des buts décisifs face à Blooming (3-1) ou San José (2-2). À tel point que les observateurs du Napoli, qui ont toujours les yeux bien rivés vers l’Amérique du Sud (cf Vargas en 2012 et Zapata en 2013), ont récemment eu cette folle idée de reconstituer la paire Callejón. Les jumeaux réunis, comme à l’époque du Real Madrid B. Il ne s’agit pour le moment que d’une folle idée, mais force est de constater qu’elle est excitante. Et puis, c’est pratique : Benítez pourrait faire rentrer l’un à la place de l’autre à la mi-temps d’un match. Ni vu, ni connu.
Par Eric Maggiori