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Caen, le paris Mercadal
Fabien Mercadal, 46 ans, n’a encore jamais entraîné en Ligue 1. Et pour sa première dans l’élite, l’ancien coach du Paris FC se paye un gros morceau d’entrée : le PSG, au Parc des Princes. Pas forcément le meilleur adversaire pour se mettre en confiance. Quoique ?
Quel est le point commun entre Thomas Tuchel et Fabien Mercadal ? A priori aucun, si ce n’est que les deux hommes connaîtront leur baptême du feu en Ligue 1 ce dimanche à 21h. Une petite nuance, cependant : l’Allemand donnera ses consignes sur le banc, tandis que le Sudiste, encore sous le coup d’une suspension écopée en fin de saison dernière en L2, vivra ses premières 90 minutes dans l’élite depuis la tribune Francis-Borelli du Parc des Princes. Pas terrible comme début. Surtout quand on est à la tête d’une équipe qui a le profil du candidat idéal à une relégation directe dans l’antichambre après trop d’années passées à se sauver sur le fil. Lors de la dernière journée, en 2016-2017 et 2017-2018, c’était à chaque fois contre le PSG, justement.
Homme de défis
Difficile en effet d’être l’homme qui arrive en fin de cycle, comprenez après les six années que le club normand a passé sous la houlette de Patrice Garande, parti dans un grand fracas au terme de l’exercice précédent. Un exercice que Fabien Mercadal terminait à l’étage inférieur sur les genoux, après une année particulièrement intense aux commandes du Paris FC. Le club du sud-est de la capitale revenait en effet de loin puisqu’il avait été repêché de justesse en Ligue 2 après la rétrogradation administrative du SC Bastia à l’été 2017. Ni une ni deux, Mercadal retrousse ses manches pour réussir une belle saison avec une équipe qui se préparait au National. Le résultat est au-delà de toutes les espérances : les Parisiens terminent à une honorable huitième place, non sans avoir flirté avec le podium, restant en course pour l’accession en Ligue 1 jusque dans la dernière ligne droite.
Autant dire que l’homme garde toujours près de lui son costume de Sainte-Rita quand il s’agit de s’attaquer à une cause désespérée. Passé par tous les échelons inférieurs, il ne lui manque que l’élite pour mettre un peu plus en lumière son tempérament de bosseur acharné, parfois teinté d’une impulsivité qu’il promet de contrôler à l’avenir : « Les épreuves m’ont endurci. Je n’ai jamais été carriériste, j’ai toujours travaillé au ressenti. J’ai un parcours particulier. Parfois, je me suis dit : « On ne veut pas de moi chez les pros… » Sans tomber dans la parano, je me suis posé des questions. Mais chercher la reconnaissance n’est jamais bon » , explique-t-il ainsi au Parisien. Ça tombe bien : pas besoin de chercher, c’est lui qu’on est venu trouver cette fois-ci.
Défaite 6-0 contre le HAC
Lorsque la radio France Bleu Normandie est allée sonder les supporters malherbistes à l’entraînement, ces derniers se sont montrés optimistes : si le profil de Fabien Mercadal rime encore beaucoup avec la grande inconnue, d’aucuns saluent sa volonté apparente de relancer une machine normande en panne d’inspiration et grippée par de nombreux départs (Da Silva, Santini, Vercoutre, Bessat, Féret…). La preuve, avec une seule victoire (1-0 face à Angers) en cinq matchs, la préparation n’a pas été fort encourageante.
Le 20 juillet, le Stade Malherbe se faisait gifler 6-0 par le HAC lors du Trophée des Normands : « On s’excuse auprès des supporters parce qu’on avait vraiment envie d’offrir autre chose. Mais la configuration était compliquée. Je ne veux pas excuser cette défaite bêtement, mais on sort de stage, on a des matchs en moins par rapport au Havre qui s’est mis en mode compétition » , se justifiait Mercadal après la rencontre auprès du site Sport à Caen.
Moins forts que l’équipe C du PSG
Alors, le Stade Malherbe servira-t-il d’apéritif à un PSG ultra-favori pour son entrée dans la compétition ? « C’est Paris, mais on ne va pas y aller en victimes. Leur équipe B et même leur équipe C sont meilleures que nous sur le papier ! Ce sera un grand match » , analysait en conférence de presse Brice Samba, devenu titulaire entre les perches caennaises. Fabien Mercadal ne peut pas lui donner tort : si le maintien reste l’objectif logique de l’année à venir, il importe avant tout de rebâtir un groupe stable plutôt que d’anticiper les potentielles défaites de ce début de saison compliqué : « Il y a deux choses différentes : rentrer dans ce championnat et jouer contre le PSG. Je suis plus concentré sur le match que sur l’adversaire. Je pense d’abord à mon équipe, à ce qu’elle va pouvoir proposer sur ce match, pour se lancer dans la saison » , poursuit-il dans les colonnes de France Football.
Le coach entend bien « regarder le PSG dans les yeux » , faisant référence – en amoureux du football amateur – aux Herbiers lors de la finale de la dernière Coupe de France. « C’est une bonne chose de jouer contre le PSG lors de l’ouverture, c’est toujours bien de se jauger face aux meilleurs » , avoue-t-il en conférence de presse. « Un courage élevé toute peine surmonte » , écrivait François de Malherbe, le saint patron du club, il y a quelques siècles. Une maxime dont feraient bien de s’inspirer les Caennais. Leur avenir dans l’élite en dépend.
Par Julien Duez