- France
- Ligue 1
- 31e journée
- Nantes/Caen (1-2)
Caen a des tripes
Rapidement menés à cause d'une touche, les Caennais ne se sont pas laissés abattre et ont fini par arracher la victoire en fin de match (1-2). Trop timorés, les Canaris ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes.
A. Bedoya (11′) pour Nantes , E. Sala (80′), T. Lemar (92′) pour Caen. Rory Delap. Un nom synonyme de touche longue. Au cours de sa carrière, entre Derby County, Southampton, Sunderland et Stoke, et d’autres clubs plus anonymes, l’international irlandais aura balancé des ogives sur toutes les pelouses du Royaume-Uni. Logique, quand on était un as du lancer de javelot dans sa jeunesse. « Je pense qu’il met mieux le ballon avec ses mains qu’avec ses pieds, c’est fantastique. Je n’ai jamais vu quelque chose comme ça de toute ma vie. À dix mètres du rond central, il vous met la balle dans la surface. Ce n’est peut-être pas du beau football, mais c’est efficace » , déclare ainsi Luiz Felipe Scolari, à l’époque à la tête de Chelsea. Bizarrement, l’ombre de cet homme a plané sur ce Nantes-Caen. En effet, à la 11e minute, Olivier Veigneau, le capitaine canari, s’est transformé en fronde pour envoyer une sonde dans la boîte. Bonne idée : Da Silva et Felipe Saad se trouent, et Bedoya surgit pour crucifier Vercoutre d’une subtile déviation du droit. Une ouverture du score sur une demi-occasion qui rappelle la sentence de Scolari : « Ce n’est peut-être pas du beau football, mais c’est efficace. » Mais c’est finalement une autre leçon anglaise qui s’est appliquée à ce match, le fameux Fergie Time. Dans les derniers instants du match, Lemar a ainsi offert la victoire aux siens d’un coup franc chanceux et lointain. Mérité.
Millot et le poteau disent non
Pourtant, dans la foulée de l’ouverture du score, une tentative lointaine de Gakpé, bien aidé par le vent, met à contribution Vercoutre et laisse à penser que les Canaris, poussés par un Stade de la Beaujoire en grande forme, vont dominer les débats. D’autant plus que la possession est en leur faveur, que leur bloc est bien en place et que Caen ne semble pas réagir. Sauf qu’Imorou se prend aussi pour Delap et trouve Privat dans la surface nantaise. Dos au but, Sloan se fait littéralement balancer par Vizcarrondo, très catchien, mais Benoît Millot – aucun rapport avec Laetitia – ne bronche pas. Un scénario non favorable qui se reproduit lorsque, juste avant la mi-temps, Bengali Fodé Koïta est retenu par Papy Djilobodji et s’effondre, toujours sans coup de sifflet. Ces deux faits ont eu le mérite de réveiller les Caennais, bien décidés à se faire justice. Dans la foulée du deuxième, Privat, très en jambes, trouve d’ailleurs le poteau sur un très beau centre de Dennis Appiah. Un peu plus tôt, il lui avait manqué quelques centimètres pour trouver le cadre.
Millot et la barre disent oui
Dans ces conditions, Nantes a assez peu existé. Conscient des difficultés de son équipe, Michel Der Zakarian remplace d’ailleurs Hansen par Lucas Deaux dès la mi-temps, histoire d’apporter un peu de jambes à son milieu de terrain. Le plan nantais brille alors par sa simplicité : tenir, coûte que coûte, et peut-être se mettre à l’abri en contre ou sur coup de pied arrêté. Malheureusement pour eux, Vizcarrondo tombe sur Vercoutre sur corner, Bedoya gâche un précieux 3 contre 3. Tenir est tout aussi compliqué face à des Normands déchaînés, mais inefficaces. Multiples corners, volée de Nicolas Seube, coup franc d’Hervé Bazile, frappe de Thomas Lemar sur le poteau, rien ne fonctionne. Alors, à dix minutes de la fin, pour qu’il y ait tout de même une justice, Benjamin Millot décide finalement d’accorder un penalty aux visiteurs, pour un contact un peu grand-guignolesque entre Audel et Féret. Sala, entré en jeu à la place de Privat, exécute la sentence sans trembler. Du coup, la fin de match est l’occasion de répéter « il y a du K.O dans l’air » . Et au bout du suspense, Thomas Lemar tire un coup franc très très lointain que personne ne touche et qui finit après un rebond dans la lucarne de Riou. La volonté a triomphé du pragmatisme.
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Par Charles Alf Lafon