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Cadamuro : « En Espagne, on ne demande pas à un défenseur central de balancer »

Propos recueillis par Alexis Billebault
6 minutes
Cadamuro : « En Espagne, on ne demande pas à un défenseur central de balancer »

Presque dix ans après avoir quitté la France et Sochaux, Liassine Cadamuro (29 ans) est rentré au pays. Recruté par Nîmes l’été dernier, le défenseur international algérien a passé de longues années en Espagne, a fait un crochet par la Suisse, disputé la Coupe du monde 2014 et la CAN 2017 et s’est marié en 2016 avec Louisa Necib, l’ancienne internationale (144 sélections) de l’Olympique lyonnais.

Nîmes est deuxième, au moment d’accueillir l’AC Ajaccio, quatrième à deux points. On doit commencer à parler Ligue 1 chez les Crocos, non ?Le championnat est encore long… On en parle un peu, et c’est normal. Nous occupons la deuxième place, et nous aimerions aller au bout. Mais il y a beaucoup d’équipes qui peuvent monter ou accrocher les barrages. Et puis, Nîmes est attendu. La saison dernière, l’équipe aurait pu monter. La saison précédente, elle s’était maintenue malgré une pénalité de huit points. Je n’étais pas là, mais je pense que ces deux dernières années ont renforcé la cohésion.

Et puis Nîmes est une vraie ville de foot…Oui, ça se sent. Il y a une osmose entre l’équipe et son public. Un public exigeant, qui a également envie de retrouver la Ligue 1. Nous allons tout faire pour y parvenir. Nous avons des atouts ; Nîmes a moins de moyens que Lorient, Reims, Sochaux, Lens ou Nancy, on a peut-être des joueurs avec des CV moins parlants, mais il y a un bon collectif, un groupe de guerriers, ce qui ne nous empêche pas de pratiquer un football intéressant. Le fait d’avoir un budget moins élevé que d’autres prétendants à la montée met un peu moins de pression sur Nîmes. Mais nous sommes des professionnels et nous sommes ambitieux.

J’ai expliqué aux dirigeants suisses que je voulais partir, notamment pour des raisons personnelles, car ma femme, Louisa Necib, vivait en France.

Au fait, pourquoi êtes-vous venu à Nîmes ?Il y a un peu plus de deux ans, alors que j’allais m’engager avec le Servette Genève, les dirigeants nîmois m’avaient contacté. Mais je venais de donner ma parole au Servette. Quand Nîmes m’a recontacté lors du mercato estival, j’ai expliqué aux dirigeants suisses que je voulais partir. Pour des raisons personnelles car ma femme, Louisa Necib, vivait en France, et je ne voulais pas rester loin d’elle encore un an. Et pour des raisons sportives : Nîmes souhaitait ma venue.

On a parlé de Nîmes. Évoquons le Servette Genève. Quand vous y signez, début 2015, ce grand nom du foot suisse se traîne en troisième division. On ne vous attendait pas vraiment à ce niveau…Je venais de rompre mon contrat avec la Real Sociedad. J’avais entendu dire que j’avais signé en D3 au Servette car j’étais blessé, et inapte à jouer au plus haut niveau. C’était faux, bien sûr. D’accord, la D3 suisse, ça a pu surprendre. Mais le Servette, ce n’est pas n’importe quel club. En Suisse, ça représente quelque chose. Il y a un stade, des structures, un public, des ambitions de retrouver l’élite. Le club a connu ces dernières années de gros soucis financiers et donc sportifs. On m’a donc proposé d’y venir. J’admets que c’était un challenge. Financièrement, je ne gagnais plus la même chose qu’en Espagne, et sportivement, je repartais de plus bas, mais cela m’a fait du bien. J’ai donc joué des matchs en D3, parfois dans des petits stades, avec l’herbe un peu haute. On partait le jour même du match, avec parfois quatre ou cinq heures de bus. Mais j’en garde de bons souvenirs, car il y avait une vraie équipe de potes, un super staff technique, de bons dirigeants, et des supporters toujours présents, même lors des déplacements à l’autre bout du pays. J’ai pris du plaisir et l’équipe est montée en Ligue 2. On a ensuite raté l’accession en Super League.

Philippe Montanier m’a donné ma chance en Liga en septembre 2011, en me faisant entrer à vingt minutes de la fin contre le FC Barcelone. Je m’étais arraché comme un fou.

Pourquoi aviez-vous décidé de quitter la Real Sociedad ? Après tout, c’est le club qui vous a donné votre chance quand vous avez quitté Sochaux, votre club formateur, en 2008…C’est vrai. Mais je ne voulais plus y rester. J’avais fait le tour de la question. Des choses ne m’avaient pas plu. Par exemple, je n’avais pas compris pourquoi Philippe Montanier, qui avait qualifié l’équipe pour la Ligue des champions en 2013, s’était retrouvé à la porte alors qu’il s’était tapé tout le sale boulot. Je n’avais pas compris non plus pourquoi son successeur (Jagoba Arrasate, ndlr), avec qui le courant ne passait pas vraiment, m’avait écarté lors du match retour du barrage de Ligue des champions en août 2013 contre Lyon (2-0, 2-0 à l’aller à Gerland). Il ne me faisait pas confiance, et c’est pour cela que j’avais demandé à être prêté, à Majorque (D2) en vue de la Coupe du monde 2014.

Montanier a-t-il joué un rôle important dans votre progression ?Bien sûr. C’est lui qui m’a donné ma chance en Liga en septembre 2011, en me faisant entrer à vingt minutes de la fin contre le FC Barcelone, un club que j’adore (2-2). Je m’étais arraché comme un fou. Le match suivant, à Séville, il me fait de nouveau entrer, toujours milieu droit. Il m’a donné du temps de jeu, m’a donné sa confiance. C’est vraiment un bon entraîneur. Je n’ai toujours pas compris pourquoi il avait été écarté du club…

En 2014-2015, vous êtes de nouveau prêté, à Osasuna Pampelune. Quel bilan tirez-vous de ce second prêt ?Que je ne veux plus jouer défenseur latéral ! Quand Osasuna s’est montré intéressé par ma venue, c’était pour me faire évoluer à ce poste. OK, j’aime bien. Mais je ne suis pas formé pour ce poste. Pas plus que pour jouer milieu droit. Même si je peux y rendre des services. En fait, depuis que je joue au foot, j’ai joué partout, sauf gardien et attaquant.

Ne pas avoir joué en Ligue 1 avec Sochaux, où vous avez été formé, c’est un regret ?Non. J’ai vécu de très belles années à Sochaux, avec des éducateurs comme Sébastien Mérieux ou Éric Hély. On avait aussi une belle génération : Martin, Butin, Nogueira, Privat, Peybernes, Duplus… Je ne suis pas resté à Sochaux, car nous n’avons pas réussi à trouver un accord contractuel. Je suis parti en Espagne, et je ne le regrette pas. J’ai continué ma progression à la Real Sociedad, d’abord en Division 3, puis avec l’équipe A. En Espagne, où on travaille un peu moins physiquement, j’ai beaucoup appris tactiquement et techniquement. On demande à un défenseur central de relancer proprement, pas de balancer.

Vous êtes international algérien. Un nouveau sélectionneur – Rabah Madjer – a été nommé à l’automne, mais les Fennecs traversent une période compliquée, marquée par une élimination de la Coupe du monde…C’est vrai que depuis 2014 et la Coupe du monde au Brésil, il y a eu plusieurs sélectionneurs (Gourcuff, Rajevac, Leekens, Alcaraz et Madjer, ndlr). Or, il faut plus de stabilité. Cela dit, les joueurs aussi ont leur part de responsabilité. On avait les atouts pour aller en Russie. Mais le Nigeria mérite sa qualification. On doit maintenant se concentrer sur la CAN 2019.

Vous avez épousé Louisa Necib, laquelle a pris sa retraite après les Jeux olympiques de Rio en 2016, alors qu’elle n’avait même pas 30 ans…Moi aussi, j’ai trouvé qu’elle avait arrêté trop tôt, mais je respecte son choix. Elle pouvait encore jouer. Parfois, ça lui manque. Elle vit le foot à travers moi. Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, nous ne passons pas notre temps à parler foot à la maison, bien au contraire. Il nous arrive de regarder quelques matchs. Elle assiste aux miens à Nîmes et ensuite, nous en parlons. Si elle envisage de rejouer ? Ce n’est pas d’actualité. Elle a d’autres projets.

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Propos recueillis par Alexis Billebault

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