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- Portugal-France (2-2)
Ça y est, Karim Benzema est vraiment de retour
Après 341 minutes sans réussite, Karim Benzema n'attendait que de faire trembler les filets pour entériner définitivement son retour en équipe de France. Et comme il l'a fait à deux reprises face au Portugal (2-2), on peut donc légitimement le laisser planter en liberté.
« Dès qu’il en mettra un, le robinet sera ouvert et ça va couler. » Antoine Griezmann ne croyait pas si bien dire lorsqu’il était questionné dimanche sur le mutisme de son compère d’attaque Karim Benzema depuis son retour en équipe de France. Car trois jours plus tard, face au Portugal, le Madrilène a non seulement (r)ouvert son compteur à la 47e minute de jeu effectif, mais il a en plus récidivé au retour des vestiaires quand le tableau d’affichage indiquait donc la 47e minute. On ne sait pas si cela permettra de signer le doublé le plus rapide de l’Euro, mais ce coup de force a suffi pour répondre aux Portugais de son ami Cristiano Ronaldo et assurer aux Bleus la première place de leur groupe. Et avant de retrouver une Suisse contre qui il a marqué ce qui était alors son dernier but dans un grand tournoi (c’était au Mondial 2014 lors d’une victoire 5-2), l’attaquant peut avancer avec un poids en moins sur les épaules : il ne sera pas LA raison d’un potentiel échec de la bande à Didier Deschamps. « Il y a beaucoup de joie, de fierté, savourait-il au micro de beIN Sports. Je pense que tout le monde l’attendait. Il y avait cette pression sur moi, venant de tout le pays.[…]Donc aujourd’hui, ça fait plaisir de marquer et d’être qualifiés. »
Karim Benzema s’est donc déchargé d’un premier sac au point de penalty, après l’accrochage entre Semedo et Mbappé dans la surface. Un exercice qui aurait pu être un sujet de controverse, puisque chasse gardée de Griezmann, avant qu’il ne souffre d’un récent manque de réussite, puis convoité par Kylian Mbappé avant la compétition, mais dont il a hérité malgré son échec récent en préparation face au pays de Galles. « Il n’y a pas eu besoin de discuter pour savoir qui allait tirer, il n’y a pas d’ordre entre nous, détaillait-il.J’avais confiance en moi, alors je m’en suis chargé. » Et cette fois, face au virage français, l’ancien Lyonnais n’a pas tremblé. « Je suis un joueur de foot, je suis un professionnel, j’ai besoin de cette pression aussi », continuait-il. Et c’est donc avec beaucoup plus de légèreté qu’il a pu ensuite flirter avec la ligne du hors-jeu pour partir dans le dos de Ruben Dias sur un amour d’ouverture de Paul Pogba, croiser parfaitement son tir et battre Rui Patrício avec l’aide du poteau. Et comme rien n’est limpide avec Benzema, il a fallu attendre la confirmation de la VAR pour que le clan français exulte pour le retour de son buteur. « J’ai vu l’engouement des supporters et ça m’a donné beaucoup de force pour marquer ce deuxième but, remerciait KB19, le sourire aux lèvres. C’est pour ce genre d’émotions qu’on joue au foot. »
« Je ne baisse jamais les bras »
Si tout n’a pas été parfait face aux rivaux portugais, si le poste de latéral gauche y a laissé des plumes (blessure de Digne, gêne d’Hernandez, Rabiot pour dépanner), si Hugo Lloris n’a pas été exempt de tout reproche sur sa sortie et impuissant sur les deux penaltys, si Antoine Griezmann a montré d’inhabituelles signes de tension, le cas Benzema a pris un virage heureux au meilleur des moments. Car en réglant aujourd’hui le débat sur son inefficacité, sa poisse devant le but étalée face aux Gallois et aux Hongrois, le voilà désormais tout fringant au moment d’aborder la phase éliminatoire. « Ici, il y a une autre pression qu’en club, parce que c’est tout un pays qui est derrière toi. Je savais qu’en revenant en équipe de France, les critiques pouvaient suivre. Mais elles font partie du foot », philosophait-il en grattant sa barbe. Le voilà qui tient son sésame pour se sentir enfin pleinement intégré dans cette équipe. Si Olivier Giroud est sur le banc, c’est pour la seule et bonne raison qu’un autre avant-centre est capable d’apporter dans le jeu et au tableau de marque. Le Brondillant, si apaisé lors des séances d’entraînement, ne montrant jamais de frustration sur ses échecs, a su rebondir grâce à sa force de caractère. « Je ne baisse jamais les bras, clamait-il dans les coulisses de la Puskás Arena. Quand je rentre sur un terrain, j’ai envie de marquer. Je m’entraîne sans arrêt pour ça. »
Oui, Karim Benzema fait partie des grands attaquants de cette décennie. Comme Lewandowski et comme Cristiano Ronaldo, tous auteurs d’un doublé en ce 23 juin 2021. D’ailleurs, les retrouvailles avec son ancien binôme d’attaque au Real ne l’ont pas laissé insensible : « Ça fait plaisir de le revoir. Le bout de chemin qu’on a fait ensemble au Real, beaucoup de buts… On a échangé, on s’est souhaité bonne chance pour la suite. » La suite ? Elle ne demande qu’à être encore plus prometteuse, puisque l’entente entre les joueurs offensifs a justement besoin d’un peu de temps pour s’exprimer pleinement. Mais pour Karim, l’important est d’abord le moment présent. « Personnellement, ça m’a fait chaud au cœur et j’espère qu’il y aura d’autres soirées comme celle-ci », concluait-il sur l’antenne de TF1. Il n’est pas le seul.
Par Mathieu Rollinger, à la Puskás Aréna
Tous propos recueillis par MR, sauf mentions.