- Français de l'étranger
«Ça va être sympa d’accueillir Bruno Cheyrou à Chypre»
Souvenez-vous l'été dernier. Intrus en Ligue des champions, le club chypriote d'Anorthosis avec ses deux français Cédric Bardon et Vincent Laban. Le premier est reparti chez ses amies bulgares, le second fait de la résistance. Pas vache, Bruno Cheyrou l'a rejoint cette semaine. Interview en débardeur, sous le cagnard. Eh ouais.
T’as fait du lobbying pour faire venir Bruno Cheyrou à l’Anorthosis ?
Même pas, j’ai lu dans les journaux qu’il arrivait cette semaine. Ça va être sympa d’accueillir un autre Français sur l’île. Je ne le connais pas encore. Il y aura un peu de concurrence entre nous puisqu’on évolue au milieu tous les deux mais l’important, c’est l’équipe. En tout cas, il n’a pas cherché à me parler avant de signer. Ça s’est réglé en deux ou trois jours, il n’a sûrement pas eu le temps.
Depuis la Ligue des champions l’an dernier, ça a tourné comment ?
Pas trop mal. On est deuxièmes du championnat, un point derrière le leader. On veut le titre pour refaire la Ligue des champions. Le hic, ce sont les nombreux changements. Le coach Temuri Ketsbaia n’est plus là et certains joueurs, en fin de contrat, sont allés voir ailleurs. Il y en a d’autre que club n’a pas pu garder. Du coup, on a mis un peu de temps à reconstruire une équipe, le premier trimestre a été un peu rude. Mais depuis deux mois, ça va mieux, l’équipe tourne bien. On enchaîne les victoires.
Comment t’as fait ton compte pour rester à Chypre malgré l’exposition de la C1 ?
Bah, j’ai eu pas mal de contacts avec des petits clubs de L1 et quelques-uns de L2 mais j’ai choisi de prolonger de trois ans. Honnêtement, je pensais avoir des contacts au-dessus. Il me reste deux ans et demi ici. Le club a fixé un pris assez élevé pour un transfert et je n’ai pas reçu d’offre concrète à ce prix-là. Je ne peux pas te dire combien, le club m’a demandé de garder ça pour moi.
Tu joues à Chypre depuis 2005, ce n’est pas trop long ?
Il y a pas mal d’a priori sur ce championnat. Toutes les équipes ne sont pas d’un bon niveau mais les trois ou quatre premières fonctionnent vraiment bien. Je te jure que Bruno Cheyrou va vite s’en rendre compte. Regarde l’Apoel a fait deux nuls contre l’Atletico Madrid, un autre face à Chelsea. L’année dernière, on a fait encore mieux puisqu’on a pris plus de points que l’OM. Alors ça me plairait de goûter un nouveau championnat mais franchement, je ne partirai pas pour partir. Si c’est pour tomber moins bien qu’ici… Le club m’a fait une très bonne proposition de contrat, je ne vais pas me plaindre.
Tu bosses aussi pour l’office de tourisme ou quoi ?
Franchement, il y a tout ce qu’il faut pour bien vivre. Les clubs ont de l’argent, les contrats sont intéressants. Regarde Guillaume, euh Bruno Cheyrou, tu crois qu’il vient pour rien ? J’ai lu des chiffres dans la presse, ça ira pour lui. Mais il n’y a pas que l’argent. Les infrastructures sont dignes de la Ligue 1 : salle de musculation, tables de massage, sauna. Y a même un bar à l’hôtel des mises au vert (rires). Le stade est sympa donc le footeux que je suis est content. Et puis la vague de froid, ici on ne connaît, il fait 20°. Une fois que tu t’es acclimaté, la vie est très chouette.
Il paraît que les supporters chypriotes ont le sang chaud.
Il y a deux ans, un policier a été tué en marge d’une rencontre. Du coup, on va jouer nos deux prochains matches contre Apoel et Omonia à 14 heures pour éviter les affrontements entre supporters. Parfois, ça part en couille pendant les matches. Mais quand ça reste zen, l’ambiance est agréable. A Nantes, je n’ai jamais vu une ambiance pareille, pas une fois !
Depuis l’invasion turque en 1974, le club n’est plus basé à Famagouste mais à Larnaca. C’est toujours impossible d’y aller ?
La ville est toujours fermée, Famagouste est une ville-fantôme. Ça fait si longtemps que la vie s’organise du côté grec, les gens ont pris l’habitude… Je crois qu’on peut y aller mais c’est encore ravagé, y a pas d’intérêt.
Plus personne ne parle de l’Anorthosis cette année, c’est triste non ?
C’est clairement retombé mais les interviews, ça ne me manque pas. Le truc, c’est que je crève d’envie de refaire la Ligue des champions. Cédric Bardon est reparti en Bulgarie, il a failli se qualifier à nouveau. En tout cas, il a déjà participé deux fois à la C1. Allez, j’espère qu’on sera champion en mai parce que ça me tarde les matches du mardi soir. Quand j’y pense, je ne vois pas où je serai mieux qu’ici. (Rires) A Lyon peut-être.
T’as gardé quelques souvenirs de l’année dernière ?
Canal était venu tourner un reportage, ils m’ont laissé un DVD. Sympa. J’ai aussi quelques matches enregistrés et une jolie collection de maillots car j’ai échangé avec Vieira, Diego et Adriano. Ça me fait de beaux souvenirs. Mais je ne passe pas mes journées à les regarder car la saison dernière n’était pas une fin en soi. Promis, j’attendrai la fin de ma carrière pour revoir le DVD de Canal.
Y a même pas un agent trouble qui t’aurait proposé la sélection ?
Je suis à Chypre depuis cinq ans et il faut sept ans de présence. Bon, j’aime énormément de pays mais je ne me vois pas en porter le maillot. J’ai un collègue qui l’a fait, le Serbe Dobrasinovic. Il est très heureux. Bah tant mieux pour lui.
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