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Ça donnerait quoi, Balotelli au LOSC ?
Selon des rumeurs folles de la presse anglaise, Mario Balotelli pourrait passer cet hiver d'un club ouvrier en L qui joue en rouge (Liverpool) à un autre (Lille). Moins classe, mais pas forcément moins intéressant. Récit-fiction de 6 mois de vie dans le Nord.
Janvier
Les tabloïds anglais auront donc eu raison des réticences de René Girard. Le 6 janvier, Liverpool met fin prématurément au prêt de Divock Origi, mais Mario Balotelli fait le chemin inverse en compensation. Du côté de la direction de Lille, on justifie l’arrangement d’un communiqué laconique : « À la vue des retombées commerciales à prévoir, ainsi que des ambitions offensives du coach, l’arrivée de Mario Balotelli s’inscrit parfaitement dans le projet du LOSC. » Le tarmac de Lesquin privatisé pour l’occasion, l’Italien descend du jet affrété par Liverpool, fourrure sur le dos, lunettes de soleil sur le tarin. Mario vient de débarquer dans le Nord. Évidemment, le lendemain face à Évian, l’attraction se situe bien plus en tribunes que sur le terrain. Installé aux côtés de la famille Seydoux en visite dans la région, Mario ne prête guère d’attention à la prestation de Nolan Roux, victime d’une déchirure musculaire à la suite d’une reprise de volée manquée : « I saw you with your blue hair. Meet me at the Hermitage later. We can replay your movie. » . Écarté du groupe pendant 4 matchs suite à ce premier écart extra sportif, Mario ne débutera que face à Montpellier. Au cours d’un match qui forgera sa légende.
Février
Dans un stade de la Mosson qui se voit le témoin privilégié des premiers pas français de Mario, Balo ne déçoit pas. Tranchant, précis, affûté, l’attaquant transalpin excelle dans ce rôle de point d’appui que lui a attribué René. Mieux, son entente avec Florent Balmont fait des étincelles. À la réception d’une chandelle de ce dernier, Mario défie Jourdren dans les airs et débloque son compteur. Malgré le choc au sommet entre le crâne des deux hommes, Balotelli se relève, déchire son maillot Partouche, et expose un tee-shirt blanc à l’inscription significative : « Who let the dog out ? » Nice, Bastia et Lyon subissent également la loi du duo Bal-Bal, qui se fend de 5 réalisations assistées. La folie s’empare de la ville. En plus de la réussite de Mario et de la 2e place du LOSC au classement, les Lillois apprécient l’accessibilité du joueur, qui n’hésite pas à partir à la rencontre des supporters avec son pote Flo. Sous les néons bleus du Solférino, au détour de la rue Massena et plus tard au Smile, les deux larrons écument les lieux de fête dans l’euphorie générale. Mais une euphorie de courte durée.
Mars
Un lundi de décrassage après une nouvelle victoire à Guingamp (2-0), la relation qui porte le LOSC vers les sommets va basculer au détour d’un stand de restauration rapide : « Goûte ce welsh, tu verras c’est super ! » Drame de la barrière de la langue, Mario fond en larmes en s’apercevant de la présence de jambon, qui ne lui rappelle que trop son cochon resté en Italie. Désormais immense, le fossé entre les deux hommes va se ressentir sur le terrain. Car malgré les tee-shirts « Pourqoué toujours moué? » qui pullulent dans les travées du stade Pierre-Mauroy, Mario ne fait plus confiance à ses partenaires et retombe dans ses travers liverpuldiens. Individualisme, dribbles ratés, frappes balourdes : René Girard s’énerve et prend la décision de l’installer sur le banc pour lancer Frey face à Sainté. Un désaveu pour Mario qui croit même à une cabale après avoir noyé son chagrin dans la Rince-Cochon.
Avril
Mario donne tout ce qu’il a pour sa fête préférée. Après avoir volé le téléphone de René Girard (un 3310, évidemment), il envoie un SMS à toute l’équipe pour annoncer une composition en 3-4-3 d’inspiration Barça, avec Balmont en Xavi, MM en Iniesta et Ronny Rodelin en Messi. Balo se réserve le rôle de Villa, un agitateur comme lui. Il enchaîne ensuite avec des classiques de vestiaire : le Dolpic dans le gel douche, les chaussettes trouées, les sacs planqués, les crampons dévissés, les glaçons dans la douche, sans oublier les bancs recouverts de colle. Heureusement, Kakou est arrêté juste avant de mettre le feu au domaine, en hommage au passé incendiaire des lieux. Pour le sanctionner, René pense à l’envoyer jouer avec la CFA, mais se méfie d’un nouveau coup de fléchettes. Alors il décide de lui faire visiter le quartier pour femmes de la prison de Sequedin. Mario en sort apaisé, et recommence à marquer. Tout seul, en wild gun. Il descend Évian puis Bordeaux, et finit par réussir son Paris, un peu comme avec l’Allemagne à l’Euro.
Mai
En mai, le chevalier noir fait ce qu’il lui plaît et se lance dans une tournée des grands ducs : Lens, Toulouse, Marseille, Metz. Quatre matchs, sept buts dont un triplé contre l’OM qui éjecte les Olympiens du podium. En même temps, Bielsa avait déconné avec son 2-5-1-2 et sa charnière de libéros Imbula-Morel. Au final, Mario finit deuxième meilleur buteur de Ligue 1 avec 17 buts, derrière Lacazette et ses 43 réalisations, mais devant les 14 buts de Christopher Maboulou, grand artisan du maintien bastiais. Et Lille accroche la deuxième place de Ligue 1. Malheureusement, malgré le succès au box office de La Vie d’Adèle : Chapitres 3 et 4, l’orange est une couleur qui se mange froide, le LOSC n’a pas les moyens d’engager le buteur italien. Mario, qui avait enfin trouvé une maison ouverte, sombre dans la dépression.
Juin
Pour sauver son âme damnée, Mario décide de se tourner vers la religion. Mais le GPS de sa Bentley camouflage ne l’emmène qu’au 4 chemin de l’Abbaye 62138 Billy-Berclau, où l’attend une autre sorte de lieu sacré : un stand de ball trap. Évidemment, son engin fait fureur et son amour de la pyrotechnie peut s’épanouir librement. Gros calibre entre les mains, l’Italien s’éclate. Après tout, de Mario Balotelli à Maxime Brunerie, il n’y a qu’un pas. Et même s’il ne retrouve toujours pas sa précision d’antan, il a au moins le mérite de repousser plus loin les limites de ce sport. Il finit pourtant par se faire exclure du club après avoir tenté de tirer les yeux fermés, de dos, sur une jambe, par-dessus l’épaule. Heureusement, un homme vient à sa rescousse : Giovanni Trapattoni, qui, conformément à son souhait, vient de reprendre en main la sélection du Vatican. Mario y voit un double signe divin, et s’engage avec la team papale. Dernière étape avant la canonisation.
Par Raphaël Gaftarnik et Charles Alf Lafon