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Ça dit quoi la vente du Milan ?
Près de deux ans après sa mise en vente, le Milan a enfin trouvé un repreneur. Comme pour le cousin interiste, il vient de Chine et a les moyens pour relancer le club au premier plan.
Le 20 février 1986, date à laquelle Silvio Berlusconi devient propriétaire du Milan, la Chine détient le 8e PIB le plus élevé avec 700326 Millions de $, soit 100 de moins que l’Italie alors 6e. La sélection chinoise s’est fait sortir par les cousins de Hong-Kong lors des qualifications de la prochaine Coupe du monde, tandis que le « 1er Aout » remporte le titre d’un championnat national encore amateur. 30 ans plus tard, la Chine n’a participé qu’à un seul Mondial mais son championnat est capable d’offrir les salaires les plus intéressants, le pays est, quant à lui, devenu la première puissance mondiale. Un statut que l’Empire du Milieu compte obtenir dans le cadre du sport le plus populaire. C’est donc tout logiquement que le Caïman a vendu son jouet préféré à ses ennemis communistes.
Plus c’est long, plus c’est long
Les annonces régulières du report de clôture des négociations laissaient penser à un nouveau coup d’épée dans l’eau. Plus personne n’osait y croire. Excédé, le noyau dur des ultras de la Curva Sud était même allé protester pour la première fois devant l’habitation de Berlusconi à Arcore. C’était il y a quelques jours. Il y a eu d’abord Mr Bee (ou Bean), homme d’affaires thaïlandais dont le nom fut cité pour la première fois à Noël 2014. Il représentait un groupe d’investisseurs chinois prêt à investir 480 Millions de pépètes pour… 48 % des parts. À l’époque, la Fininvest (holding qui contrôle l’empire économique de Silvio) cherchait un partenaire. Là aussi, on avait eu le droit à la poignée de main officielle à Villa Certosa, la maison de vacances du Cavaliere en Sardaigne. De fait, Silvio avait avancé 100 Millions pour financer la campagne des transferts, convaincu d’être vite remboursé. Il n’en sera rien, après plusieurs entrevues, l’affaire tombe dans l’oubli et capote. Pis, le club enchaîne une troisième saison sans qualification européenne.
Retour à la case départ. Berlusca brouille les pistes, parle de préférence italienne, tente de rassurer le peuple rossonero via des vidéos sur Facebook, mais il n’obtient que l’effet inverse. Après cette longue période de flottement, le 10 mai, la Fininvest révèle publiquement les négociations avec le fond GSR Capital de matrice chinoise. Un accord exclusif est même signé. Le séjour de Berlusconi à l’hosto ralentit le tout. Un seul nom filtre, celui de Sonny Wu, « seulement » 77e chinois le plus riche. Le 1er août, et après plusieurs reports, l’exclusivité des tractations n’est plus valable. Dans la foulée, le nom de Jorge Mendes est cité, l’agent portugais serait chargé de reprendre le club en compagnie du colosse chinois Fosun. La confusion est totale. L’éclaircie vient de Sardaigne, là où, en toute discrétion, les représentants de Sino-Europe Sports Investment Management Changxing Co.Ltd. (créé exprès pour l’opération) serrent la pogne du propriétaire des lieux. Il s’agit d’un fonds d’investissement à la fois public et privé et dont le chairman est un certain Yonghong Li. Le communiqué officiel évoque les chiffres suivants : montant de la transaction, 740 Millions (pour 99,3 % des parts, le 0.7 restant aux petits actionnaires) dont 220 pour couvrir les dettes. Investissement garanti de 350 Millions en trois ans sur le marché des transferts.
Un mercato qui démarre enfin
Cette fois, cela semble être la bonne, même s’il faudra encore patienter quelques mois pour que le passage de témoin soit effectif, et quelques jours pour obtenir des détails sur les tenants et aboutissants. Une situation différente du cousin interiste dont l’actionnaire majoritaire est le groupe Suning avec l’Indonésien Thohir désormais minoritaire. C’est un virage historique pour le football milanais et italien, et nous aurons l’occasion d’en reparler, car, pour le moment, la priorité est de savoir si tout ceci aura une incidence directe sur l’avenir proche du Milan. Depuis sa prise de fonctions début juillet, Vincenzo Montella n’a accueilli aucune nouvelle recrue, Vangioni et Lapadula ayant signé avant l’ouverture officielle du mercato. La raison ? Toute transaction devait être approuvée par le groupe GSR, c’était un des principes de l’accord de négociations exclusives. Ainsi, beaucoup de retard a été accumulé. Le Paraguayen Gustavo Gómez vient d’arriver en provenance de Lanus, il est le défenseur central qui manquait dans l’effectif. Une dépense de 8 Millions couverte par la petite avance de 15 Millions. Pour le reste, il s’agira surtout de procéder par des prêts avec options d’achats obligatoires, lorsque, en théorie, le Milan investira en masse.
D’ici là, l’organigramme aura été chamboulé, si Silvio Berlusconi devrait être nommé président d’honneur, Adriano Galliani pourrait être redimensionné à un simple rôle de conseiller. Le célèbre chauve s’apprête à tirer sa révérence, à 72 ans, il était temps. Son poste d’administrateur délégué devrait être repris par Marco Fassone remercié… par l’Inter il y a un an et déjà passé par la Juve et le Napoli. Une présence encombrante et de moins en moins compétente en moins, et peut-être un premier pas vers le retour au club d’anciennes gloires telles que Paolo Maldini ou Demetrio Albertini. Car plus que les centaines de Millions d’€, le Milan a besoin de retrouver son âme.
Par Valentin Pauluzzi