C1 : Chelsea et les robots

Surtout, il fallait bien cesser de chuter contre ceux de Liverpool, après les deux demi-finales de 2005 et 2007. Et puis les Reds allaient pas nous la faire à l’envers à chaque fois, vas-y que je t’embrouille à la solidarité, au fighting spirit, you’ll never walk alone, le foot, le vrai, le seul, l’unique, c’est nous qu’on est les gentils. Et, au cas où gagner dans les coeurs ne suffisent pas et qu’il faille s’arracher sur la pelouse, le finish him maison : remontée fantastique dans les cervicales. D’ailleurs, ils ont bien failli nous la refaire. A 3-1 pour Chelsea en prolongation, si y’avait bien une équipe capable de s’en sortir, c’était la bande à Gerrard. Sauf que si y’avait bien une équipe à même de ne pas craquer contre la fatality Liverpool, c’était bien Chelsea. Ils étaient en mission.

Déjà, le grand méchant de l’histoire, le boss de fin aka Roman Abramovich, avait investi au moins 500 millions d’Euros, pardon de Livres, pour atteindre le toit de l’Europe. A coups de Schevchenko, de Ballack et de Malouda. S’il a même fallu en passer par là, alors il y a une justice, ça devait bien finir par passer. Et puis bon, à force d’insister, il se peut qu’on finisse par gagner.

En mission aussi, les Blues, parce que leur tête chercheuse est partie. Mais, hors de question de laisser errer le troupeau sans leader, il a laissé ses hommes, ses principes et son empreinte à son ex. Chelsea ne manque peut-être pas à José, mais il lui manque terriblement. La preuve, elle s’est enfin parée de ce qui faisait tant fantasmer la rock star lusitanienne, histoire de se rappeler du bon vieux temps où ils s’envoyaient en l’air ensemble.

Son nouveau boyfriend, un peu rapiat, se contente de taper dans l’armoire. José a laissé plein de costumes qui claquent. Même s’ils sont un peu trop grands pour Avram (mais pas trop étroits). Bon, le gars n’est pas un si mauvais bougre ; son arrivée a relancé un peu la belle, si Chelsea fait dans l’autogestion, si elle ne l’écoute pas trop et rêve encore de José quand il la coache, il lui a tout de même mis un coup de fouet.

Surtout, Chelsea est honni un peu partout, (l’argent c’est sale, c’est bien connu que tous les autres clubs de LDC sont à plaindre et/ou de gentils petits collectivistes) et donc rassemblé autour d’un projet commun limpide : seul contre tous. En plus, ça tombe bien, les Blues qui en auraient rien à foutre ont au pire un objectif personnel important à atteindre en cette fin de saison.

Ballack, paria écarté par José, une revanche à prendre. Malouda, moqué par toute la France, une place à l’Euro à défendre. Drogba, plus un but depuis 4 mois, déjà parti pour tout le monde, un statut, celui de meilleur attaquant du monde, à défendre. Anelka, tête de Turc, troisième roue du scooter EDF, une place de titulaire à valider. Sheva, bon Sheva quoi, pigiste de luxe. Capitaine Lampard, et sa maman partie trop tôt à honorer. Et comme les autres cadres, Essien, Terry, Makéléle ne sont pas les derniers niveau motivation-engagement-tripes, cette escouade de manifestement devenir forteresse imprenable.

En plus, il s’agissait de retrouver Manchester United en finale, histoire d’avoir deux fois l’occasion de leur planter la saison, pour le final des deux seules grosses compétitions pas encore vidées de tout suspense, la Ligue des Champions et la Premier League.

Bref, cela faisait trop de facteurs pour ne pas réussir. Surtout, en cas d’échec, cela faisait autant de raisons faciles de le justifier. Le diktat du fric, Chelski la vilaine, le recrutement foireux, le départ du Special One, l’arrivée d’un coach-imposteur, le manque de cohésion collective, d’identité de jeu. Autant de raisons évidentes pour expliquer a posteriori un déconvenue prévisible. C’eut été trop simple, et c’est bien pour cela que les robots ont réussi. Et pour leurs mamans parties forcément trop tôt.

Humans after all.

Method