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C1, C3 : la gelée royale
Le couperet est tombé comme la guillotine sur la nuque de Louis XVI : toutes les compétitions européennes de football sont suspendues pour une durée indéterminée. Pas de Ligue des champions, pas de Ligue Europa. Pour combien de temps ? Seul le coronavirus le sait. Une décision qui fait pas mal de déçus... et quelques heureux, ici et là.
« Gelées » . Il va falloir s’y faire : on parle désormais des compétitions de football comme des orteils de Mike Horn ou des corps étrangers retrouvés par les scientifiques de La Nuit des temps, de René Barjavel. C’est le propre du monde actuel, celui qui repousse tout à plus tard, les rendez-vous, le travail, la vie : personne ne sait rien, si ce n’est qu’il faut ne rien faire.
Donc en attendant de savoir, l’UEFA a décidé de tremper la Ligue des champions et la Ligue Europa dans l’azote liquide, figeant pour une durée indéterminée son état d’avancement et l’irrigation de ses vaisseaux sanguins, espérant récupérer leurs cadavres aux beaux jours comme on déterre ceux de mammouths en Sibérie. Car l’annonce est tombée ce midi, après celle du report de l’Euro 2020, de la voix d’Aleksander Čeferin, président de l’UEFA, et de Theodore Theodoridis, son secrétaire général : « suspension » . « En attendant que le coronavirus soit en phase descendante » , précise L’Équipe, pour ne pas dire plus, sa disparition totale. Alors, que faire d’un bloc de glace ?
Avantages, inconvénients
Scénario optimiste : l’Euro – et tout ce qui suivra probablement, Roland Garros et le Tour de France – étant repoussé à l’année prochaine, le calendrier de l’été s’en voit considérablement allégé. Ce qui laisserait la place, plus tard dans la saison, pour une reprise de la C1 et de la C3 une fois l’épidémie passée. La forme reste à définir, mais l’épreuve peut être ramassée en moins de temps qu’à l’accoutumée, puisqu’il reste, au maximum, cinq matchs à disputer. Ou bien tout simplement décalée à plus tard, selon un calendrier classique, au milieu des journées de championnats, comme si la pause estivale avait lieu maintenant et que la première journée du championnat 2021-2022 de Ligue 1 suivait de quelques jours la fin de l’exercice 2020-2021. Bref, un sacré bordel, mais qui aurait le mérite de préserver les résultats acquis par les différents clubs engagés.
Scénario pessimiste : après la suspension, l’annulation. Pure et simple, sans discussion. Pire encore, des quarts et demies en un match sec, atomisant l’esprit historique des compétitions européennes, offrant des champions caduques et illégitimes, du moins aux yeux de l’opinion publique. Le premier cas sonnerait comme un coup de bambou de plus sur la caboche du PSG, pour une fois qualifié pour les quarts, mais aussi sur celle de l’Atalanta, de Leipzig et, à moindre mesure, de l’Atlético de Madrid, habitué à ce palier. Sans parler de l’Olympique lyonnais, en ballottage favorable face à la Juventus après sa victoire 1-0 à l’aller, ou de Manchester City, victorieux 2-1 du Real au Bernabéu. En Ligue Europa, les avantagés de l’aller (Manchester United, Bâle, Istanbul Başakşehir, le Shakhtar, Leverkusen et Wolverhampton) sont coincés dans un entre-deux tour plus stressant que celui des municipales, car les cerveaux s’épuisent, les motivations se perdent, et les jambes aussi.
Un heureux Hazard
En revanche, c’est Memphis Depay qui doit être content. Le bonhomme se tuait à la tâche depuis des mois, voilà qu’on lui en offre un ou plus en cadeau, alors même qu’il assistait récemment à l’entraînement collectif de l’OL sur la pelouse du Groupama Stadium. Même réflexion pour Ousmane Dembélé (sur la touche jusqu’en août), Eden Hazard (fin mai) ou encore Marcus Rashford (retour inconnu), qui vont pouvoir bosser leurs gammes les doigts de pied en éventail.
C’est déjà trop tard pour Harry Kane, qui devra malheureusement se contenter de tout casser à l’Euro 2021. En somme, la situation est comme celle d’un chien aux origines diffuse, bâtarde, et suspendue à l’évolution de la situation, en bien ou en mal. Sauf que cette fois, même Hugo Clément ne peut rien faire.
Par Théo Denmat