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C.Ancelotti : « Entrainer, c’est juste un divertissement »

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C.Ancelotti : « Entrainer, c’est juste un divertissement »

Fin février, à l'occasion du numéro spécial Beckham, nos reporters se sont rendus à Milan. L'occasion rêvée de choper Carlo Ancelotti pour le faire disserter sur son métier. En deux temps. D'abord au resto de Milanello, distant et en costard. Puis dans son bureau, en jogging vintage à ses dépens, chaleureux et prolixe. Carlo s'est d'ailleurs gratté les couilles pendant une bonne heure. La preuve qu'il était plutôt en confiance. Une interview en quatre parties que vous pourrez lire toute cette semaine sur sofoot.com.

Vous voyez-vous comme un successeur de Sacchi et Capello chez les Rossoneri ? (il réfléchit, puis souffle) J’aimerais bien le penser et ce serait un honneur d’être comparé à eux, car ils font partie de la légende du Milan. Mais nous sommes différents. Il y a quand même un dénominateur commun entre eux et moi : les bons résultats.

Quelle est alors la principale ressemblance entre les styles de vos illustres prédécesseurs et le vôtre ? Je ne pense pas qu’il y ait vraiment de ressemblance avec le style de Capello. Lui et moi avons des caractères distincts et j’estime que nos traits de caractère se distinguent assez clairement dans la manière qu’ont nos équipes de jouer. Dans la manière de travailler, et tout simplement dans la manière d’entraîner nos équipes, nous sommes totalement différents. Il a été mon dernier entraîneur, peut-être que c’est aussi pour ça que je n’ai pas eu l’occasion de vraiment apprécier ses méthodes de travail et de le connaître plus en profondeur. Avec Sacchi, c’est différent, j’ai passé beaucoup plus de temps avec lui, et surtout, j’ai appris énormément à ses côtés. Que ce soit en tant que footballeur ou entraîneur.

Qu’est-ce que vous avez appris avec lui justement ? De Sacchi, j’ai tout appris ou presque ! Il m’a donné des bases solides et plus que ça d’ailleurs… Mais je retiendrai sûrement avant tout la culture du travail bien fait, la discipline, la façon de programmer les entraînements et de les rendre terriblement efficaces les jours de match. Pour moi, il a été un authentique “maestro”. C’est un modèle pour tous les entraîneurs.

Le Milan de Sacchi était une révolution dans le fond de jeu. En revanche, votre Milan AC semble être une révolution dans la forme avec plein de grands noms et de Ballons d’Or qui n’ont pas encore trouvé leur rythme de croisière pour jouer tous ensemble. Qu’en pensez-vous ? Pour construire une équipe, et pour que les joueurs assimilent parfaitement la philosophie de l’entraîneur, il faut du temps. Sacchi était un inventeur du football. Il a apporté des innovations grandioses à ce jeu, qui lui ont permis d’être en avance sur son temps et sur ses adversaires. J’aimerais moi aussi trouver des formules aussi brillantes tactiquement, mais aujourd’hui, c’est différent et le fait d’oser quelque chose est également plus difficile. Mon équipe est très différente de celle de Sacchi, c’est vrai. J’ai encore besoin de la “façonner” pour qu’elle soit aussi performante que je le voudrais. Avec du temps, tout est possible, mais chaque équipe a sa propre histoire et ses propres caractéristiques. Le Milan de Sacchi était un monstre tactique qui se reposait sur un système de jeu établi plus que sur la qualité des joueurs. Mon équipe possède en revanche une grosse base technique et des joueurs vraiment très talentueux, alors je me focalise avant tout sur ce génie-là. J’aime le talent, d’ailleurs le rôle d’un entraîneur, c’est de faire la meilleure équipe possible avec les joueurs qu’il a à sa disposition.

Êtes-vous content des joueurs que vous avez aujourd’hui ? Un entraîneur doit toujours être content des joueurs à sa disposition. Si tu n’es pas heureux, tu ne peux pas travailler avec eux, et ça devient alors compliqué de bâtir le meilleur projet possible.

A Milan, il semble néanmoins que vous n’ayez pas le dernier mot sur le recrutement ? C’est un système qui existe partout dans le football. L’entraîneur, en adéquation avec la ‘societa’, médite comment rendre son équipe la plus forte possible, en essayant de gommer les carences qu’il voit tous les jours à l’entraînement. Mon équipe actuelle a été construite d’une telle manière et avec tant de joueurs que beaucoup de mes éléments ne jouaient pas dans leur véritable position au départ. Pirlo, par exemple, était un meneur de jeu que j’ai fait reculer sur le terrain pour les besoins de mon système. (Il réfléchit) Un entraîneur doit avoir la capacité de construire un système de jeu en fonction des meilleures caractéristiques de ses joueurs, et non l’inverse.

Est-il possible d’entraîner le Milan AC sans s’inspirer du modèle Sacchi ? La philosophie du Milan AC n’est pas de jouer selon un système de jeu déterminé.

Ça n’a donc rien à voir avec l’héritage de jeu que l’on peut retrouver au Barça ? Tu veux parler du 4-3-3 c’est ça ? Effectivement, nos systèmes de jeu et nos manières d’appréhender le jeu sont pour le coup totalement différents, même si quelque part la philosophie du Milan AC est de jouer un football qui soit plaisant pour les gens, mais qui permette surtout les meilleurs résultats possibles. Chez nous, il y a un culte de la victoire ; l’esthétisme, bien qu’important, est une manière d’y parvenir, mais ce n’est pas une finalité. Ce n’est pas pour autant qu’il faut uniquement gagner sans la manière, bien au contraire. Il n’y a pas de règles définies pour parvenir à la victoire. Ces vingt dernières années, le Milan AC a joué avec des organisations de jeu différentes. Le Milan de Sacchi a inspiré celui de Capello et mon équipe actuelle est l’héritière de celle de Capello. Je le répète, les joueurs changent mais l’esprit doit perdurer, même si les systèmes sont plus ou moins différents selon les époques.

Quels sont les grands principes du 4-3-2-1 actuel ? C’est l’équilibre. Selon moi, c’est le système qui te permet d’avoir la meilleure stabilité du bloc-équipe, aussi bien sur les phases offensives que défensives.

Vous aviez la possibilité de faire jouer Kaka et Rui Costa ensemble, mais à l’époque, vous aviez sacrifié le Portugais pour jouer avec deux attaquants. Quel est le nombre d’attaquants idéal selon vous ? Tout dépend des matchs. Vous pouvez jouer avec deux ou trois “trequartisti” (sorte de n°8 créatif, Ndlr), avec une pointe ou deux, peu importe à vrai dire. Le truc, c’est de jouer avec les caractéristiques de vos joueurs pour contrer celles de vos adversaires. Pour que le Milan soit une équipe toujours difficile à jouer, il faut que mon équipe s’adapte à l’adversaire.

Mais pourquoi avoir adopté le 4-3-2-1 en remplacement du classique 4-4-2 ? J’ai changé de système tactique car je pense que les caractéristiques de mes joueurs s’accordent mieux avec le 4-3-2-1. L’année dernière, je ne possédais pas des ailiers purs, mais plutôt des joueurs qui préféraient construire des attaques placées à partir du milieu de terrain, j’ai donc dû adopter ce système. Avec Parme, j’ai joué en 4-4-2, avec la Juventus, j’ai joué avec trois défenseurs centraux de métier, et au Milan, j’adapte mon système en fonction des “trequartisti” pour valoriser au maximum les points forts des joueurs à ma disposition.

Donc si vous aviez des joueurs pour évoluer en 4-3-3, vous n’auriez aucune hésitation à le faire ? C’est ça. Je ne suis prisonnier d’aucun système.

On a pourtant l’impression vu de l’extérieur que vous êtes un entraîneur conservateur… Connerie ! C’est complètement faux. Ceux qui disent ça ne connaissent pas mon histoire ! Encore une fois : à Parme, j’ai joué avec un 4-4-2, à la Juventus avec trois défenseurs centraux, quatre milieux de terrain et un homme derrière les deux attaquants. Au Milan, dernièrement, nous avons même évolué avec un 4-3-1-2, en plus du 4-3-2-1. Je ne suis pas un conservateur, si j’ai des “trequartisti” comme Zidane à la Juventus, Rui Costa, Rivaldo ou Kaka à Milan, ce serait bête de m’en passer. Ils ont tous été des joueurs grandioses capables de donner beaucoup à mes différentes équipes. Encore une fois, je fais en fonction du talent de mes joueurs. Je ne vois vraiment pas ce qu’il y a de conservateur là-dedans.

L’arbre de Noël (4-3-2-1), c’était votre idée ? (Il coupe) Oui c’est ça, j’ai commencé à l’utiliser à l’époque où il y avait Rui Costa et Rivaldo. Ce n’étaient pas vraiment des attaquants, mais leur lecture de jeu et leur technique pouvaient nous apporter beaucoup. Pour ne laisser aucun des deux sur le banc de touche, j’ai donc trouvé cette solution-là.

A chaque fois qu’il le peut, Berlusconi demande un retour du 4-4-2… (Il coupe) Berlusconi, vous savez, il dit tellement de choses ! (Rires) Quelque part, le meilleur système défensif est effectivement le 4-4-2, mais dans les phases offensives, ça ne me convainc pas vraiment. Je préfère le système avec lequel nous jouons actuellement. Avec le 4-3-2-1, il y a plus de lignes de jeu, du coup, le terrain est plus facilement balayé par mes joueurs.

C’est un système qui vous permet d’avoir moins d’espace entre les lignes ? Non, c’est juste plus difficile à défendre pour l’adversaire. Vraiment plus difficile… Quand tu joues avec deux ‘trequartisti’, tu crées des gros soucis à l’équipe d’en face. Par exemple, si tu joues en 4-3-3, disons que tu donnes une meilleure lecture de jeu à tes adversaires. Tu leur fournis des repères dans l’espace dont ils peuvent ensuite profiter pour contre-attaquer. C’est un système trop prévisible si tu n’as pas des joueurs déséquilibrants pour le mettre en place.

A suivre…

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