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Bye bye, Obi

Par Florian Cadu
4 minutes
Bye bye, Obi

Après plus de dix ans passés sous le maillot de Chelsea, Obi Mikel quitte la Premier League et l’Europe pour la Chine. Malgré un statut de remplaçant quasi constant, il laisse l’image d’un fidèle soldat qui a toujours répondu présent quand les Blues ont fait appel à lui.

Si on leur avait dit, il y a quelques années, que la ligue chinoise allait bientôt se servir dans l’effectif de leur club, les fans de Chelsea n’auraient pu s’empêcher de se payer un fou rire. Lorsque le plus grand pays du continent asiatique est venu récupérer un des leurs le mois dernier, ces mêmes supporters ont souri, ravis de voir Oscar partir pour soixante-dix millions d’euros. Cette fois, la pilule est plus difficile à avaler. Beaucoup plus difficile. Car aujourd’hui, c’est John Obi Mikel, un membre de leur famille, qui fait ses valises pour terminer une carrière presque intégralement réalisée en bleu, dans un championnat où le niveau reste à créer pour qu’on puisse parler de football.

Volé à MU

Non pas que ce départ soit une catastrophe sur le plan sportif. Loin de là. Cette saison, John Obi n’a pas disputé une seule minute toutes compétitions confondues, se contentant de se dégourdir les jambes avec son Nigeria après l’avoir amené en quarts de finale des Jeux olympiques cet été. Mais dans les cœurs, l’Africain reste un pilier de l’équipe londonienne. Un pilier qui aura fait partie de l’histoire du club. Arrivé en 2006, le milieu de terrain avait dix-neuf ans quand il a signé en provenance du FC Lyn Oslo, anonyme entité norvégienne. À l’époque, le milieu de terrain attire les convoitises. D’abord repéré à douze ans par la Pepsi Football Academy, puis par l’Ajax Cape Town Football Club à quinze, Mikel sort des performances monstrueuses lors de la Coupe du monde des moins de vingt ans en 2005, dont il est élu deuxième meilleur joueur et qu’il perd en finale contre l’Argentine (1-2, doublé de Lionel Messi). Manchester United fait alors le forcing pour attirer la pépite en devenir, qui pose même de manière officielle avec le maillot des Red Devils. A-t-il véritablement signé ou non ? Toujours est-il que Chelsea se mêle à la course et convainc finalement le néo Mancunien, acheté vingt-trois millions d’euros (sans compter les quatre millions de livres d’amende pour Lyn et les douze pour United), de faire machine arrière pour rejoindre Londres.

Une décennie bleue et onze titres

Vont suivre dix années d’émotion, de bonheur et de peine, de haut et de bas, de trophées et de défaites, de ballons volés et de cirage de banc. S’il n’a jamais touché les sommets qu’il aurait dû atteindre, le jeune Obi a pu construire une véritable histoire d’amour avec Chelsea. Jamais considéré comme un titulaire indiscutable (sauf peut-être en 2008-2009), le milieu défensif a toujours répondu présent quand on faisait appel à lui, totalisant une trentaine de titularisations toutes compétitions confondues chaque saison, sans faire la gueule ou se plaindre dans les médias – « Je ne me cherche pas d’excuses, répondait-il par exemple le mois dernier quand le Daily Mail évoquait l’absence de considération à son égard de la part d’Antonio Conte. Je dois continuer à m’entraîner dur pour essayer de faire changer d’avis mon entraîneur. » Parce que Mikel a aimé Chelsea, comme Chelsea a aimé Mikel, n’étant jamais trop sévère avec lui malgré des prestations parfois catastrophiques. Cet amour mutuel accoucha de grandes récompenses : deux titres de champion (2010 et 2014), quatre Coupes d’Angleterre (2007, 2009, 2010 et 2012), deux Coupes de la Ligue (2007 et 2015), une Ligue des champions (2012) et une Ligue Europa (2013). Du lourd donc, puisqu’il aura gagné tout ce qui était possible de gagner avec son club.

Une lettre comme adieu

Pas sexy pour un sou avec son mètre 90, John utilisait ses grands compas pour faire le sale boulot, récupérer des ballons qui traînaient par-ci par-là, couper des offensives adverses (de façon dégueulasse si le besoin s’en faisait sentir) sans se faire épingler par le corps arbitral, qu’il contestait rarement (un seul carton rouge en 374 matchs). Alors, forcément, les habitués de Stamford Bridge auraient voulu voir leur serviteur de seulement vingt-neuf ans s’épanouir dans une équipe et un championnat qui le méritent. Ils auraient aimé le voir donner un coup de main à l’entrejeu ou à la défense centrale de Marseille, de Valence ou de l’Inter Milan. Ils auraient aimé qu’on le respecte ailleurs qu’à Chelsea pour son comportement irréprochable et son état d’esprit exemplaire. Ils auraient aimé lui dire au revoir lors d’un dernier match. Lui a préféré partir se reposer sur un lit de billets en Chine, où il touchera 164 000 euros hebdomadaires pendant trois ans. Ses fans ne lui en voudront pas. Et si jamais ils cherchent une lettre d’excuse, ils n’ont qu’à lire sa lettre d’adieu.

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