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Buts de légende (7e) – Le passement de jambes de Ronaldo

Par Éric Maggiori
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Buts de légende (7e) – Le passement de jambes de Ronaldo

En mai 1998, l'Inter dispute la finale de la Coupe UEFA face à la Lazio. Un match disputé à Paris, qui va être littéralement illuminé par la classe de Ronaldo. Le Brésilien réalise un match dingue, et inscrit l'un des buts les plus marquants de sa carrière. Ou du moins, l'un des buts qui symbolisent le mieux ce qu'il était à l'époque : le meilleur joueur du monde.

Saison 1997/98. Un extraterrestre est arrivé en Serie A. Il s’appelle Ronaldo. Pourtant, à l’époque, le championnat d’Italie ne rigole pas. Del Piero, Inzaghi, Batistuta, Bierhoff, Weah, Crespo, Djorkaeff… Mais le Brésilien au visage d’enfant va rapidement se faire une place de choix dans le gratin des stars du Calcio. Tout au long de la saison, il transcende l’Inter, marque but sur but et réalise des gestes que l’on n’avait encore jamais vus jusqu’ici. Les journalistes italiens lui attribuent même le surnom de « Fenomeno » après un triplé contre Piacenza. Le 6 mai 1998, Ronaldo est à Paris. Non, on est encore loin du stade de France et de la maudite finale de Coupe du monde face à Barthez. Ce soir-là, Ronaldo dispute la finale de la Coupe UEFA face à un autre club italien, la Lazio. L’attaquant brésilien a, du haut de ses vingt et un ans, l’occasion de remporter, déjà, une deuxième Coupe d’Europe consécutive, avec deux clubs différents. Autant dire qu’il ne va pas se faire prier.

Marchegiani sur les fesses

En face de lui, Ronaldo trouve une Lazio qui a collé une rouste à son équipe en championnat quelques semaines auparavant (3-0), qui a remporté sept jours plus tôt la Coupe d’Italie et qui vante la meilleure défense de Serie A, avec sa charnière centrale Negro-Nesta. Mais pas de meilleure défense qui tienne. L’Inter score dès la cinquième minute par Zamorano et domine la rencontre. Ronaldo, lui, ne joue pas bien. Non, il danse. Il plane, même, au-dessus de cette confrontation, par sa classe, sa technique, sa vitesse. Quand il n’est pas à droite en train de battre Nesta au sprint, il est de l’autre côté pour mettre une exceptionnelle virgule au pauvre Gottardi. En première période, il claque même une magnifique frappe de l’extérieur du pied qui vient s’écraser sur la barre. Rien ne l’arrête. Tout le monde dans le stade est d’ailleurs bien conscient que, ce soir-là, Ronaldo est trop au-dessus pour ne pas marquer la finale de son empreinte.

71e minute. Moriero avance au milieu du terrain et sert en profondeur son attaquant, qui échappe au marquage de son chien de garde, Nesta. Le Brésilien a le terrain ouvert devant lui, et le gardien de la Lazio, Luca Marchegiani, l’attend, déjà au courant de ce qui va lui arriver. À cet instant précis, le temps s’arrête de s’écouler. Les jambes de Ronaldo sont déconnectées du reste de son corps, déconnectées de son cerveau. Tout va trop vite. Une feinte de corps d’un côté, une autre, un crochet, Marchegiani sur les fesses, Ronaldo qui dépose le ballon dans les buts vides. Il y a tout Ronaldo dans ce but. Du moins tout ce qu’il a été pendant les premières années de sa carrière, et qui en a fait l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du football. Et finalement, tant pis si le ralenti nous apprend quelques secondes plus tard qu’il était en position de hors-jeu. Un but comme celui-ci ne peut pas être refusé.

Le genou qui flanche

Avec près de quinze ans de recul, Alessandro Nesta, aujourd’hui en pré-retraite à Montreal, se souvient de ce duel avec le Fenomeno. « Pour moi, Ronaldo a été l’attaquant le plus fort de tous. Lors de cette finale de Coupe UEFA à Paris, en 1998, je n’ai jamais vu un joueur jouer aussi bien une rencontre de football. Jamais. Selon moi, c’était vraiment le plus fort » , assure-t-il. Son coach de l’époque, Gigi Simoni, semble sur la même longueur d’onde. « Je ne peux pas résumer Ronnie en une image. Mais disons que ce but est certainement le plus représentatif de ce qu’il était » , avance-t-il. L’entraîneur de la Lazio, Sven-Göran Eriksson, avait quant à lui déclaré juste après la rencontre que l’Inter avait « mérité sa victoire » , mais que « de toute façon, avec un Ronaldo à ce niveau-là, la Lazio n’aurait jamais pu gagner » .

De fait, Ronaldo touche ce soir-là les étoiles. Certainement le plus grand match de sa carrière en matière de niveau et d’intensité. Un monstre, tout simplement, qui ne dispute, à cette époque-là, pas le même sport que les autres. Et surtout, ce but est tout un symbole. Deux ans plus tard, Ronaldo, toujours avec le maillot de l’Inter, retrouve la Lazio pour une autre finale. Celle de la Coupe d’Italie. Blessé depuis plusieurs semaines, le Brésilien fait son grand retour à la 58e minute. Quelques secondes s’écoulent, le joueur est lancé en profondeur et s’en va défier la défense laziale. Ses jambes tentent de reproduire les passements de jambe de cette folle soirée parisienne de mai 1998. Mais le corps ne suit plus. En tentant de réaliser son geste, Ronaldo se brise le genou et s’écroule en hurlant. Des étoiles à l’enfer. Il est emmené sur une civière, en larmes, sous les applaudissements des supporters de la Lazio. Parce que le talent de ce joueur-là allait au-delà des rivalités. Et même au-delà d’un but en finale de Coupe d’Europe.

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