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- Le joueur de la 7e journée
Bussmann, gaucher contrariant
À 23 ans, Gaëtan Bussmann est l'un des meilleurs latéraux de ce début de saison. Tout en débordement, en vitesse et en jolis centres, la patte gauche messine ennuie tous ses adversaires. Une belle revanche.
L’histoire de Gaëtan Bussmann, c’est celle du type qui veut devenir ce qu’il aurait dû être. Celle du footballeur à qui le destin a dit « oui » avant de se barrer lâchement. C’était en 2009-2010, une année où le natif d’Épinal pensait clairement avoir gagné à la loterie de la vie. Gaëtan a 18 ans et est la version cheap de Midas : tout ce qu’il touche se transforme en plaqué or. Cette année-là, Bussmann is on fire. Le gamin chope le baccalauréat, le permis de conduire, la Coupe Gambardella et le championnat d’Europe des U19, remporté face à l’Espagne. À l’époque, le Lorrain côtoie Antoine Griezmann, Alexandre Lacazette ou encore Clément Grenier, mais va plutôt opter pour un parcours à la Kakuta ou Gilles Sunu, buteur ce beau soir de juillet. Parce que 2009-2010 devait bien s’achever un jour, la bonne étoile de Gaëtan Bussmann s’est évaporée dans un épais brouillard messin. Enfant de la région et du club, le latéral s’est perdu avant de retrouver sa route : celle de son couloir gauche et de la Ligue 1.
La galère et tous les échelons
La Ligue 1, justement. Un déplacement au Roudourou, un corner de N’Gbakoto, une reprise de volée de Bussmann et c’est toute la jeunesse messine, sixième de Ligue 1, qui sourit. Encadrés par des anciens comme Marchal, Rocchi ou encore N’Daw et Malouda, les gamins messins jouent un rôle important dans le début de saison des Grenats. Comme Bussmann et N’Gbakoto, Métanire ou Bouna Sarr font partie d’une génération qui a appris dans la difficulté. Plus d’une décennie après le sexy Metz de Meyrieu, Pirès, Kastendeuch, Gaillot, Boffin ou Baticle, ces mômes ont connu le succès en Gambardella, mais également le National et la Ligue 2. C’est donc dans les antichambres de l’élite que Gaëtan, pro à 19 ans, fait ses gammes. Passé par Épinal entre 1996 et 2005, il débute en Ligue 2 en 2010 contre Vannes et alterne entre groupe pro et CFA. Auteurs de bons débuts, il confirme la saison suivante, mais se blesse gravement. Le début d’un calvaire. Sans repère, en galère et en perte de confiance, il retourne à la maison, à Épinal, sous forme d’un prêt on ne peut plus bénéfique. De retour à Metz en 2012-2013, il parvient rapidement à convaincre Albert Cartier, son nouveau coach, jusqu’à devenir l’homme de base des Grenats. Homme le plus utilisé par l’entraîneur originaire de Vesoul, Bussmann dit adieu à la galère et enchaîne les titularisations. En deux ans, il embrasse la dynamique de son club et profite des montées successives en Ligue 2 et en Ligue 1 pour être titularisé 71 fois et planter huit buts. Le début de l’ascension d’un joueur fait pour son époque.
Le meilleur depuis le début de saison
Le terme est barbare, mais Bussmann fait partie de ces « latéraux modernes » . C’est-à-dire de ces jeunes à qui il faut parfois taper sur les doigts pour qu’ils restent concentrés pendant 90 minutes sur leurs tâches défensives. C’est-à-dire ces machines d’endurance et de vitesse capables d’enchaîner les efforts et les aller-retour. Heureux propriétaire d’une délicieuse patte gauche, Gaëtan en fait profiter ses attaquants. Très porté vers l’attaque, il mange sa ligne, ses adversaires, mais jamais d’endives. S’il a horreur de la chicorée, le haut niveau lui pose moins de problème. Aligné à sept reprises par son coach depuis le début de la saison, Bussmann compte systématiquement parmi les meilleurs latéraux de la journée. Du genre à créer le danger en permanence, le natif d’Épinal commet de moins en moins d’erreurs défensives. Celle commise face à Guingamp, qui a profité à Beauvue, aurait pu coûter l’égalisation aux Messins. Il faut dire que le gamin est fan de Gareth Bale. Mais aussi amoureux de la bonne moquerie de vestiaire et de l’ambiance bon enfant. Celle-là même qui, ajoutée à son talent, pourrait permettre au FC Metz de passer une saison beaucoup moins compliquée que prévue.
Par Swann Borsellino