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Busquets, l’illustration des ratés de la formation merengue
Aujourd’hui détenteur de la philosophie de la cantera blaugrana, Busquets a pourtant bien failli intégrer la Fabrica du Real Madrid. Un épisode, remontant à l’année 2005, qui rappelle que bon nombre des pépites de la Masia ont un temps flirté avec l'ennemi.
Depuis des années, une dense couche de pollution enveloppe Madrid. Ce nuage de particules, réel problème environnemental, n’est transpercé que par une rangée de bâtiments. Les Cuatro Torres Business Arena, situées au nord du Paseo de la Castellana, l’artère centrale et le poumon économique de la capitale espagnole, forment ainsi les seuls buildings locaux. Avec un point culminant à 250 mètres, la tour Foster se veut même le plus haut édifice du pays. Une fierté, pour le Real Madrid et son président actuel. Personnage omnipotent du football et du BTP espagnol, Florentino Pérez enfante ce projet immobilier titanesque dès son arrivée au pouvoir en 2000. Grâce à ses nombreux contacts politiques, il rend les terrains de l’ancienne Ciudad Deportiva constructibles. Un coup de maître puisque la vente de ces parcelles ramènent pas moins de 500 millions d’euros dans les caisses du club. De même, ce rondelet montant fait passer une pilule difficile à avaler pour le Madridismo : sa cantera, joyau de la couronne, s’est fait une spécialité de rater les futures stars du FC Barcelone. Le cas de la boussole blaugrana, aka Sergio Busquets, en est une énième preuve.
« Si le Barça ne voulait pas du joueur… »
Fils de Carles Busquets, ancien portier blaugrana, le natif de Sabadell transpire le football et la Catalogne. Une double particularité qui le pousse, indubitablement, vers le FC Barcelone, club qu’il intègre à partir de l’été 2005. Son arrivée s’opère pourtant dans des conditions loin d’être idylliques. « Il avait déjà beaucoup de caractère, précise Sergio Lobera, alors directeur sportif du Jabac Terrassa en partance pour le secrétariat technique du Mes que. Sa plus grande qualité était qu’il pratiquait déjà un football facile, comme aujourd’hui. Il donnait beaucoup d’équilibre au jeu. Il était le prototype du numéro 4 barcelonais d’une nouvelle génération, il était dans la lignée de Milla, Celades, Guardiola. » Autant de caractéristiques qui doivent presser le Barça à le recruter. Pourtant, les dirigeants catalans ne daignent pas bouger le petit doigt. Le lobbying de Rodri, influent des offices du Camp Nou, et de Lobera, malgré un suivi de trois ans étayé par un dossier complet, ne suffit pas. De fait, certains clubs de Liga commencent à suivre ce longiligne milieu de 17 ans. Après Villarreal, le Real Madrid est le second sur les rangs.
Un intérêt que confirme Carles Mota, président de Jabac, dans le livre de Fransisco Molina Busquets, le gardien du Barça : « J’ai informé Barcelone qu’un scout du Real Madrid en Catalogne était intéressé par Sergio. Il savait que le club avait peu de chance, puisque notre club avait un accord de collaboration avec le Barça. Mais si le Barça ne voulait pas du joueur, je ne pouvais pas empêcher le Real de le recruter. » Plus qu’un simple flirt, le Real offre même au jeune Busquets une période d’essai à la Fabrica. Carles, padre champion d’Europe avec les Azulgranas, se dit déçu de l’attitude de son ancien employeur et presse la Casa Blanca de solliciter son rejeton. Face à ce vif intérêt merengue, les dirigeants de la Masia décident de revoir immédiatement leur position. À peine un jour plus tard, le FC Barcelone débarque donc dans les locaux du club partenaire, active son option préférentielle et officialise l’arrivée de Sergio Busquets. S’ensuivent deux années d’apprentissage avec les Juveniles, puis la réserve blaugrana avant le grand saut avec l’équipe première en 2008. Pour le succès que tout un chacun connaît.
Iniesta et les voisines péripatéticiennes de la Fabrica
Cet épisode de la guéguerre de formation entre Real Madrid et FC Barcelone est loin d’être unique. Dans l’histoire d’amour et de haine, ils sont même légion et renvoient à des actuelles stars du ballon rond : Iniesta, Neymar ou encore Thiago Alcántara. Pour le premier cité – que les Clásicos « rendent toujours comme une moto » –, le choix de la Masia au profit de la Fabrica s’est décidé en 1996. Alors âgé de 12 ans et fort de son statut de MVP du tournoi renommé de Brunete, Andrés est sur le point de s’engager avec le fanion madridista. La signature de ses parents est pourtant retardée lorsqu’ils découvrent les logements des jeunes pensionnaires de la cantera : patatras, ils se trouvent dans une rue où les voisines sont des prostituées. Une localisation qui effraie la famille d’Andrés, bien décidée à emmener leur enfant en Catalogne. Thiago Alcántara, aujourd’hui au Bayern de Munich, et Neymar ont également en leur temps été courtisés par les Merengues. Que ce soit pour des motifs financiers ou éducatifs, ils ont tous deux filé sur les bords de la Méditerranée. Un moindre mal pour faire avaler la traîtrise de l’ancien capitaine Figo, plus belle prise de guerre de cette bataille entre Camp Nou et Bernabéu.
Par Robin Delorme, à Madrid