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Busquets, catin catalane
Espagne-Allemagne : la bataille de ce soir se mènera au milieu du terrain. Pour la première fois, les espagnols vont rencontrer aussi fort qu'eux au centre. Celui qui mettra le feu aux poudres l'emportera. Et il y a de fortes chances que ce soit Sergio Busquets. Focus.
L’Espagne a changé. Ses héros ne sont plus Xavi ou Iniesta. Celui qui occupe les pages centrales des quotidiens et qui fascine les foules n’est pas un de ces magiciens court sur pattes comme on en abreuve les centres de formation. Sergio Busquets mesure 1,89 mètre et a un corps de « défenseur, attaquant et milieu de terrain » selon Hierro. Contre les allemands, le minot sera responsable de mener la bataille. Aux côtés de Xabi Alonso, il fait partie des indétrônables de Del Bosque. Il y a deux ans, il jouait en troisième division espagnole.
« Si j’étais joueur actuellement, j’aimerais bien ressembler à Busquets » . Quand le Général La Moustache est amoureux, ça se voit. Malgré Xavi, Villa, Iniesta, Alonso, Casillas, Puyol ou Piqué, le boss voudrait se réincarner en… Busquets. Le héros est né en 1988 et pourrait devenir l’un des meilleurs milieux relayeurs du monde. Étrange mélange de Van Bommel (pour le putisme), Guardiola (pour l’influence sur le jeu) et Redondo (pour la technique), le catalan n’est international que depuis mars 2009 mais est déjà le taulier de l’équipe d’Espagne. Manuel Preciado, coach du Sporting Gijón, s’enflamme : « C’est le prototype du footballeur moderne. Il défend bien, attaque encore mieux. Pour moi c’est l’un de 4 meilleurs joueurs espagnols depuis 10 ans » . Tout simplement.
Chouchou du prof
Il faut dire que le fils Busquets est un joueur à entraineurs. Del Bosque n’est pas le premier à être tombé sous le charme. Si c’est Rjkaard qui le fait débuter avec l’équipe première du Barça, c’est Guardiola qui a façonné la pépite. Avec Pep, il fait monter le Barça B en Segunda Division B. Le 13 septembre 2008, Sergio n’a toujours pas de contrat pro mais est déjà titulaire contre Santander en équipe première et joue les 90 minutes. Ce jour-là ses stats sont dantesques : 12 récupérations, 50 passes réussies (pour 52 réalisées). Pour sa première saison, il joue presque 50 matchs et remporte six coupes. Hierro en rajoute une couche : « Busquets c’est un des footballeurs les plus modernes d’Europe et du Monde (…). Le fait d’assumer qu’il n’est pas destiné à être une star, le convertit en une base extraordinaire pour n’importe quel entraineur, quelque soit sa conception du football » .
A mesure que l’Espagne avance dans ce mondial, Busquets prend de l’importance. Franchement limite contre la Suisse, il a été parfait contre le Portugal et carrément énorme contre le Paraguay. C’est que le minot a des manières de vétérans – une maîtrise remarquable du triptyque du milieu de terrain : coup de latte, simulation et contestation ; mais aussi des réflexions de grande personne : « jouer bien pour finalement perdre, ça ne m’intéresse pas. Moi je préfère gagner » . Son père en rajoute, affirmant que « ce que Sergio hait le plus au monde, c’est la défaite » . En deux ans, il est passé de la Troisième Division à une place de titulaire en demi-finale de Coupe du Monde. Sergio porte des patillas sous les oreilles et a la peau grasse. Mais Sergio, c’est celui qui, à 22 ans et sans hurler, a pris la place de deux monstres : Senna en sélection et Yaya Touré en club.
Sale gosse à la récré
« Sergio sait donner des coups quand il le faut et exagérer quand il en reçoit » glisse Xabier Azkargota qui s’est lui aussi délecté de l’interprétation parfaite de Busquets contre Tiago Motta en demi-finale de C1 au Camp Nou. Motta prend un rouge pour rien. L’Inter se retrouve à 10 au bout de 30 minutes. Contre l’Allemagne il mettra quelques semelles à Ozil et Schweinsteiger. Ensuite, il se glissera dans les intervalles pour couvrir Xabi Alonso, fera la petite faute qui va bien pour laisser tout le monde se replacer et se roulera une nouvelle fois par terre après un petit coup d’épaule teuton. « Quand l’équipe attaque, il reste très connecté, attentif à ce qui pourrait arriver. C’est pour ça que parfois, il savate. Mais c’est noble » excuse d’ores et déjà Pep. En un mot, Busquets est une catin. C’est ce qui fait son charme.
Thibaud Leplat, à Madrid
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