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Bundesliga : 50 ans, 50 histoires (28 à 36)
Le 24 août 2013, la Bundesliga a « officiellement » soufflé ses 50 bougies. Pour l'occasion, voici 50 histoires, petites et grandes, qui ont fait la légende de ce championnat situé outre-Rhin. À déguster avec une bonne bière bien fraîche, bien sûr.
Le FC Sankt-Pauli, champion du monde
27 novembre 2001 : grâce à un but de Samuel Kuffour en prolongation, le Bayern Munich bat Boca Juniors en Coupe intercontinentale et monte sur le toit du monde. 6 février 2002 : le « Rekordmeister » se rend au Millerntor pour y défier Sankt-Pauli. Une rencontre a priori facile pour les Bavarois, bien qu’ils soient en galère en championnat (5e, à 9 points du leader Borussia Dortmund), face à un club qui lutte pour ne pas descendre. Sauf que les mecs du « Kiez » sont imprévisibles. En trois minutes, Thomas Meggle et Nico Patchinski donnent un avantage conséquent au club de Hambourg. Willy Sagnol aura beau réduire la marque en fin de rencontre, cela ne changera rien : Sankt-Pauli bat le Bayern Munich 2-1. Mais plus que la victoire, on retiendra ces T-shirts sortis pour l’occasion, avec l’équipe alignée ce jour-là au verso, mais surtout le logo du FC Sankt-Pauli et la mention « Weltpokalsiegerbesieger » (ce qui signifie : « vainqueur du vainqueur de la Coupe intercontinentale » ). 120 000 exemplaires du fameux T-shirt seront écoulés. En 2012, dix ans après le match, les dirigeants de Pauli ont convié les spectateurs à revenir habillés comme le jour du match. Sankt-Pauli, ce club pas comme les autres.
Un arbitre pas très net
On parle souvent des joueurs de football, des entraîneurs, des présidents, mais très rarement des arbitres. Pourtant, il y a eu ça et là de très jolis spécimens. En Allemagne, le directeur de jeu le plus connu est probablement Wolf-Dieter Ahlenfelder. Un bon arbitre, mais un bon vivant avant tout. Le 8 novembre 1975, Ahlenfelder arbitre la rencontre entre le Werder Brême et Hanovre. Au bout de 32 minutes de jeu, il décide de siffler… la mi-temps. Ses assistants viennent le voir, sidérés. Ahlenfelder revient sur sa décision, et poursuit le match. Avant de re-siffler la mi-temps à 90 secondes de son terme. En vérité, Ahlenfelder était bourré, même s’il déclarera n’avoir pris qu’une bière et un schnaps au cours du déjeuner d’avant-match. Outre-Rhin, cette histoire est devenue tellement populaire qu’à Brême, lorsqu’on commande une « Ahlenfelder » dans un bar, on reçoit une bière et une eau-de-vie. Outre cette histoire, l’arbitre est aussi connu pour un échange verbal des plus cocasses avec Paul Breitner lors d’un match du Bayern Munich : « Eh, l’arbitre, tu arbitres comme une merde » – « Eh, Paul, tu joues comme une merde » . Priceless.
Des joueurs blagueurs
À l’époque, le football était plus cool. Preuve en est cette mésaventure arrivée à Hermann Lindemann, ancien entraîneur du Borussia Dortmund. Mars 1970 : le BVB se déplace à Hambourg pour y affronter le HSV. Klaus Zaczyk, milieu de l’équipe locale, décide de jouer les guides et emmène trois joueurs de l’équipe adverse (Ferdinand Heidkamp, Reinhold Wosab et Jürgen Rynio) avec lui à la découverte de la Reeperbahn et de ses plaisirs. Après avoir bu des bières à droite et à gauche, le petit groupe s’arrête dans un petit bar à Sankt-Pauli où il est possible de créer des unes de journaux et de les emmener avec soi. Les joueurs du BVB décident de faire une blague à leur coach, et marquent joliment en gros : « Lindemann arrêté dans une maison close » . Le lendemain, ils prennent bien soin de mettre le journal en évidence à la place où leur entraîneur s’assoit. Lindemann arrive, voit le titre et devient blême. Les premiers mots qui sortiront de sa bouche seront : « Garçon, il me faut un avocat » . Ce à quoi on lui répondra : « Vous savez, à l’ouest, les journaux se vendent comme des petits pains. On vous en a sûrement commandés » . Les joueurs explosent de rire. On ne sait pas quelle fut la réaction du coach. Ce que l’on sait en revanche, c’est que le HSV s’est imposé 4 buts à 3.
Daum et Hoeness, le clash
Christoph Daum et Uli Hoeness ne passeront jamais leurs vacances ensemble, c’est bien connu. Les querelles entre les deux hommes remontent à la fin des années 80. À l’époque, Daum dirige le 1.FC Cologne, qu’il arrive à faire rivaliser avec le Bayern Munich. Forcément, ça crée des tensions. D’autant plus que l’entraîneur à moustache se veut un adepte de la guerre psychologique. Lors de la saison 88-89, juste avant le choc décisif entre les deux équipes de tête, il balance que Jupp Heynckes – alors coach du Bayern – « pourrait faire de la pub pour des somnifères » tellement son équipe et lui sont chiants. Lors de l’émission « das aktuelle Sportstudio » , Hoeness ne manque pas de le lui rappeler, tout en citant plein d’autres propos tenus par Daum, parmi lesquels cette phrase : « Le bulletin météo est plus intéressant qu’une discussion avec Jupp Heynckes » , le tout sous les yeux d’un Jupp médusé. Les mecs s’en jettent plein le visage, mais au final, c’est Daum qui perdra. Sportivement, déjà, quand son Cologne s’inclinera 3-1 face au Bayern en championnat. Puis une dizaine d’années plus tard, surtout : alors qu’il doit être nommé sélectionneur de la Nationalmannschaft le 1er juin 2001, Daum se voit soupçonné par Hoeness de consommer de la drogue. Sûr de lui, il fait un test capillaire. Manque de pot, le test s’avère positif. Daum a consommé de la coke, adieu le poste de Bundestraîner. Hoeness rit, mais à cette heure-ci, Christoph Daum doit lui aussi se taper des barres, depuis qu’il sait que ce bon vieux Uli a fraudé. Vivement le prochain épisode du clash.
Une intense lutte contre la relégation
Dans un pays où deux fois sur trois, c’est le Bayern Munich qui remporte le championnat, on a appris à se passionner pour les autres compétitions que propose la Bundesliga : la course à l’Europe, bien sûr, mais surtout la lutte contre la relégation. « Abstiegskampf » , comme on dit là-bas. Presque aussi excitant que la lutte pour le titre (quand il y en a une). Parce que les émotions sont décuplées, on met beaucoup de choses en jeu. Exemple avec la fin de saison 98/99. À l’époque, les trois derniers descendent directement. Dernière journée de championnat : Gladbach (21 points) est condamné, Bochum (29 points) aussi. Le dernier strapontin se « jouera » donc entre le 1. FC Nuremberg (12e, 37 points), Stuttgart, Fribourg (13e ex-aequo, 36 points), le Hansa Rostock (15e, 35 points) et l’Eintracht Francfort, 16e, 34 points). Grâce à Fredi Bobic, Stuttgart mène très tôt face au Werder et se sort de la mouise. De son côté, Francfort mène 1-0 face à Kaiserslautern mais se fait rejoindre au score. Il est 16h57, le bordel se met en place. Quelques minutes plus tard, l’Eintracht cède sa place à Rostock, qui, bien que menant 1-0, se retrouve à son tour mené, 2-1 par Bochum. Au même moment, Francfort prend de nouveau l’avantage face à Kaiserslautern. Il est 17h05. Seulement voilà, le Hansa en a, et retourne de nouveau le match : 3-2. Du coup, la dernière place se joue entre Nuremberg et Francfort. Et Nuremberg s’est mis dans la merde, car Fribourg mène 2-0 sur sa pelouse. Francfort mène désormais 4-1 face à Kaiserslautern, les Franconiens se doivent de réagir pour rester devant à la différence de buts. Et ça finit par arriver. 85e minute : Marek Nikl réduit la marque pour le « Club » . Voilà qui devrait suffire. Mais non ! Parce qu’à Francfort, Jan-Aage Fjörtoft met à la dernière minute le but qui permet aux Aigles de décoller de cette satanée 16e place. Au terme d’un finish de fou, Nuremberg finit par descendre. La Bundesliga, « where amazing happens » .
Toucher du bois n’éloigne pas toujours la malchance
Bien avant la tristesse et la solitude de Roberto Baggio, il y a eu celle de Michael Kutzop. 22 avril 1986, avant-dernière journée de Bundesliga : le Werder Brême, leader, reçoit le Bayern Munich, son dauphin. Il y a 0-0 entre les deux équipes quand soudain, paf! Le Werder obtient un pénalty. Michael Kutzop s’avance, le tire, et… poteau. S’il avait marqué, Brême aurait été sacré champion. C’est tout le contraire qui va se passer. Les deux équipes se séparent sur un nul. La journée d’après, le Bayern explose Mönchengladbach 6-0 tandis que le Werder est battu à Stuttgart 2-1. Les Bavarois sont sacrés pour la neuvième fois de leur histoire. Le pénalty manqué par Kutzop sera le seul des 40 qu’il aura tirés au cours de sa carrière. Pas de bol.
L’étrange Monsieur Lehmann
Gardien talentueux, Jens Lehmann est aussi illustre pour avoir eu son lot de boulettes. Et pour ses comportements très étranges. On se rappelle que, pris d’une envie pressante durant un match de Ligue des champions avec Stuttgart, il s’était soulagé derrière ses buts. On se rappelle également qu’à l’époque où il était gardien du VfB, il se rendait à l’entraînement en… hélicoptère, lui qui habite non loin de Munich. Mais l’histoire la plus étrange remonte probablement à 1993. Jens Lehmann, alors jeune gardien de Schalke, fait un match de merde face au Bayer Leverkusen de Ulf Kirsten. « 3-0 à la mi-temps, c’est trop pour ce petit » , pense alors le coach Jörg Berger, qui décide de le sortir. « Comme le coach m’a dit qu’on se voyait demain, j’ai compris qu’il fallait que je rentre chez moi » , ainsi Lehmann, complètement abattu. « J’ai attendu mon frère, mais il n’est pas venu. Alors j’ai demandé mon chemin à un type de la sécurité » . Et ainsi Jens Lehmann est-il rentré tout seul, sans attendre son équipe, et a pris le train. Sauf qu’il n’avait pas d’argent. « J’ai demandé à quelqu’un 5 marks pour pouvoir prendre un ticket jusqu’à Essen, là où j’habitais » . Et il se trouve que ce quelqu’un était un fan de Schalke qui, déçu, avait lui aussi quitté le stade. « Quand je suis arrivé chez moi, j’ai allumé la télé, et j’ai vu qu’on avait perdu 5-1 au final » . VDM.
Oliver Held, l’anti-héros
Si vous passez un jour à Cologne, n’évoquez jamais le nom d’Oliver Held : on risquerait de très mal le prendre. Car dans le fief du « FC » , Oliver Held est synonyme d’Antéchrist. 29 avril 1998 : un 1.FC Cologne très mal en point doit absolument gagner (voire ne pas perdre) pour ne pas descendre. Le score est de 0-0 quand, à la 81e minute, une frappe de René Treschok est déviée de la tête, ou plutôt de la main. Corner. Les joueurs de Cologne deviennent fous, mais l’arbitre Uwe Kemmling ne rompt pas. Terrible. Encore plus terrible sera le but de Radoslav Latal à la 90e minute. Une défaite 1-0 qui condamnera Cologne à la relégation en fin de saison. Oliver Held, définitivement un anti-héros.
Les larmes de Dedê
Mai 2011 : neuf ans après son dernier titre, le Borussia Dortmund remporte le 7e Meisterschale de son histoire. Si le peuple noir et jaune sait qu’il le doit à Jürgen Klopp et sa magie tactique, il sait surtout à qui il doit le dédier : à Leonardo de Deus Santos, plus connu sous le sobriquet de « Dedê » . Après 13 ans de bons et loyaux services dans la Ruhr, le latéral brésilien – probablement le seul joueur du Borussia respecté par les supporters de Schalke 04, c’est dire combien il pèse – tire sa révérence. 391 matchs pour le BVB entre 1998 et 2011, 12 buts, 56 passes décisives, 67 cartons jaunes et 4 rouges : le plus allemand des Brésiliens a bien vécu. Cela valait bien quelques larmes (de joie) lors de la fête du titre…
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Par Ali Farhat